Anciens ministres et hauts cadres: la carte du discernement pour une transition inclusive

Depuis la chute du président Alpha Condé, renversé par les militaires, la question du sort de ceux qu’on appelle désormais les anciens dignitaires de son régime, est sur toutes les lèvres. Ceux-ci ont été convoqués 48 heures après le coup d’Etat par la junte au pouvoir qui leur a demandé de déposer leurs véhicules de service et leurs documents de voyage.

Preuve que la passion a tendance à l’emporté à propos de ces anciens ministres et hauts cadres, la rumeur selon laquelle leurs véhicules leur ont été retirés sur place, après leur rencontre avec les militaires, n’a pas eu du mal à se rependre comme une trainée de poudre. C’était en réalité un gros mensonge. Pas étonnant pour ceux qui ont lu Adrien Verschaere, qui nous enseigne que «notre capacité de discernement se réduit au fur et à mesure que nous laissons nos passions nous envahir».

Maintenant que le débat évolue et se porte désormais sur l’essentiel, notamment la mise en place des organes de transition dont le gouvernement et l’organe législatif, une certaine opinion nourrie par l’esprit d’exclusion et de stigmatisation veut imposer l’idée de jeter à la poubelle tout cadre qui a servi au temps d’Alpha Condé sans jamais démissionner. On peut comprendre la colère de ceux qui pensent ainsi, lorsqu’on regarde dans le rétroviseur et qu’on voit les désastres humain, social et économique causés lors des dix dernières années sous Alpha Condé. Mais pour ne pas faire du tort à des innocents, la bonne démarche commande qu’on fasse avec discernement.

Qui a fait quoi ? Même avant les audits que nous recommandons fortement afin que cela entre dans nos habitudes, l’opinion a déjà une idée sur ce que les uns et les autres ont posé comme actes. Puisque nous étions tous là. Nous savons tous qu’Alpha avait des ministres qui faisaient la pluie et le beau temps, qui faisaient ce qu’ils voulaient et qui exagéraient non seulement avec les deniers publics mais aussi dans la répression. Laisser ceux-ci revenir au devant de la scène à des niveaux décisifs, serait d’exposer la transition au risque de l’échec.

Nous savons également qu’il y avait des ministres qui avaient même du mal à accéder à leur carburant à plus forte raison le reste de leur budget de fonctionnement. Ils ont été rendus petits devant de simples directeurs relevant de leurs départements ministériels, il ne pouvaient pratiquement passer aucun marché. Avec quel salaire pour vivre ? La fonction de ministre était devenue pour beaucoup une coquille vide avec une Présidence de la République qui n’était pas que l’administration de la présidence, mais aussi le siège d’un deuxième gouvernement et le lieu des passation des marchés publics.

Cette frange de ministres d’Alpha Condé vivaient déjà le calvaire avec lui.  Si la transition décide de les stigmatiser aussi en les privant le droit d’apporter leur contribution parce qu’ils n’avaient pas démissionné, ce serait se priver de leur expertise et commettre une injustice à leur égard. Heureusement que ceux qui estiment que les bons parmi ces anciens sont encore utiles, se reconnaissent dans le discours de prise du pouvoir prononcé par le colonel Doumbouya à la télévision nationale qui annonçait une inclusivité pour amorcer une nouvelle page de la Guinée « avec tout le monde ».

Que ceux qui ont dilapidé les fonds publics et ont simplement servi une tyrannie au lieu de servir le pays, paient pour leurs actes. Mais qu’on ne jette pas le bébé avec l’eau de bain. Parmi les anciens ministres des différents gouvernements du président Alpha Condé, il y en a qui sont encore crédibles et qui peuvent valablement apporter leur contribution à la réussite de la transition.

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Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

622 10 43 78

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