Arrestation de Foniké, Bilo et Djanii: Maître Mohamed Traoré déplore la manière et interpelle Charles Wright

Depuis hier, le procureur général près la cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright a donné des instructions aux procureurs de la République qui relèvent de son autorité, de procéder à l’interpellation de plusieurs activistes de la société civile et leader politique. Ce qui a été fait ce mardi, 5 juillet 2022.

 
Oumar Sylla alias Foniké Mengué, Billo Bah et Djani Alfa respectivement coordinateur national, responsable de mobilisation, antennes et actions et membre du FNDC ont été mis aux arrêts par la BRB. 
 
La coordination nationale était en conférence de presse lorsque les agents ont fait irruption dans les locaux du front anti troisième mandat. Foniké Mengué a été trainé par terre avant d’être embarqué dans le véhicule de la police. Maître Mohamed Traoré, avocat à la cour se dit indigné par ce comportement des agents.
 
“Je dois d’abord dire que je suis très choqué par cette image qui défile en boucle sur la toile. Je ne m’attendais vraiment pas à voir ces genres d’images en Guinée après le 5 septembre. Je dois d’ailleurs dire qu’avant le 5 septembre on a rarement vu ces genres d’images. Je pense qu’on peut quand même reconnaître cela, il y a eu des arrestations en dehors de toute procédure mais qu’une personne soit trainée de la sorte, violentée devant des caméras, devant disons toute la presse, je pense que c’est une première quand même”, a déploré l’ancien bâtonnier. 
 
Parlant de la procédure, maître Mohamed Traoré par ailleurs membre du CNT a contredit le procureur général près la cour d’appel de Conakry qui a justifié ce matin son instruction d’arrêter Djani et ses camarades sans en avoir reçu préalablement une plainte de la part du CNT ou des membres de l’organe. 
 
“Moi je me pose un peu la question sur la régularité même de cette procédure. Je vous ai entendu dire que Foniké fait l’objet de poursuites également pour outrage à magistrat. Je ne sais pas ce qu’il en est exactement. Ce que je savais jusqu’à ce matin, c’est qu’il est poursuivi pour avoir repris sur sa page Facebook une publication jugée injurieuse à l’endroit du CNT. Je reconnais que l’injure c’est une infraction,  la reproduction d’une injure c’est une infraction mais la question que je me pose c’est de savoir est-ce que dans cette affaire-là des poursuites pouvaient être engagées sans la plainte préalable du CNT? J’ai entendu le procureur dire que dans certaines matières, il est possible que des poursuites soit engagées pour injure sans aucune plainte préalable. Je dis que c’est une contre vérité absolue. En la matière, il n’y a que l’hypothèse ou l’injure est dirigée contre le chef de l’État que le ministère public peut agir d’office sans plainte préalable. Et là aussi quand le président de la République le demande les poursuites peuvent être arrêtées. Pour toutes les autres infractions, notamment lorsqu’on dit par exemple injure ou diffamation envers un membre ou de plusieurs membres de l’assemblée nationale, la plainte ne peut-être engagée que sur la base de la plainte de là où des victimes. La loi est très claire la dessus. Je le mets au défis d’indiquer un seul texte qui donne la possibilité dans cette hypothèse-là d’agir sans une plainte préalable”, a expliqué maître Mohamed Traoré, avocat à la cour chez nos confrères de Djoma FM. 
 
 
Et l’ancien Bâtonnier d’ajouter: “Monsieur le procureur, il doit savoir que ce n’est pas tout ce qu’il dit qui est forcément vrai. Les gens s’abstiennent souvent de réagir mais en réalité, il y a beaucoup d’approximations dans ses interventions. Donc, sur cette question précise, il ne pouvait pas, le parquet même ne peut pas agir sans une plainte préalable du CNT ou de plusieurs membres du CNT se considérant comme victimes d’une injure. Je ne suis pas en train de dire qu’il n’y a pas eu injure.  C’est au juge de dire cela après lorsqu’il sera saisi mais je parle de la procédure. Je pense qu’il faut faire beaucoup attention. Nous sommes en train de tomber dans une sorte de populisme judiciaire qui risque d’avoir des conséquences assez néfastes sur les libertés individuelles”.  
 
En fin l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats s’est dit choqué mais pas surpris par  l’acte des agents. 
 
Mamadou Macka Diallo 
666 660 366

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