Course à la primature: « sondage d’opinion», le grand n’importe quoi ou la grande manipulation !

Une certaine presse a fortement relayé ce lundi, 21 décembre 2020, un article dit d’un sondage d’opinion, réalisé par une certaine Association Guinéenne de Sciences Politiques, au titre des préférences supposées des Guinéens sur les premiers ministrables du prochain attelage gouvernemental.

A la suite de précédents articles parus récemment dans des médias en ligne, dans ce même sillage, qui ont fait état de campagne publiquement ouverte destinée à la conquête du palais de la colombe, il n’y a vraiment rien de nouveau sous le soleil, sinon qu’un autre développement d’un exercice destiné à manipuler l’opinion publique.

En plus de sa légèreté objective et intellectuelle, exposée de bout en bout, ce sondage se révèle être sérieusement, une grande bévue à la science et à la raison, tant ses fondements relèvent totalement de l’abstrait, de l’illogique.

Il faut être en Guinée pour assister à une telle plaisanterie de mauvais goût qui en plus, paraît dans l’opinion et brandit comme un trophée de guerre. Malheureusement cet exercice met à nue les insuffisances de notre société dans des domaines comme celui-ci, le sondage d’opinion. Dans des sociétés plus avancées et plus organisées, ce type d’exercice qui requiert une grande rigueur scientifique exige une certaine qualification et aptitude. En France, l’IFOP (Institut d’étude opinion et marketing) caracole comme une référence en la matière.

L’auteure de notre fameux ‘’sondage’’, « Association Guinéenne de Sciences Politiques » n’a rien prouvé en tant que tel chez nous, ou du moins à notre connaissance pour revendiquer des aptitudes ou des compétences liées à ce genre d’opération. A moins qu’une telle dénomination soit une sorte de « lampe d’Aladin » octroyant en tout, des aptitudes à réaliser n’importe quel ouvrage même dans des domaines des plus réservés.

Pour s’en convaincre, si besoin en était encore, que la démarche de ce ‘’sondage’’ n’a aucun fondement scientifique, il faut s’amuser à examiner certains de ces éléments constitutifs, notamment la taille et la composition de l’échantillon et le questionnaire. Sondage stratifié ou sondage suivant la méthode des quotas, pour une population aussi composite que la nôtre, il est clair que l’échantillon de 934 personnes sondées pour 52,9℅ de femmes, pourtant moins intéressées à ce type de sujet ne peuvent en rien, être représentatifs de l’état de l’opinion. A cela s’ajoute l’obédience politique des personnes interrogées qui donne 55,9℅ à l’opposition pour un sujet qui intéresse en premier lieu, d’abord et légitimement, la mouvance présidentielle.

Ensuite, il y a la formulation du questionnaire, comme par exemple la principale question : « De ces personnalités…, dites-moi laquelle vous inspire-t-elle le plus de confiance pour briguer le poste de Premier Ministre ? ». La liste ainsi déclinée des huit personnalités, triées sur le volet, parmi les commanditaires de l’opération et les ‘’amis’’ des organisateurs en dit long sur ce tour de passe-passe.

Il n’y a pas l’ombre d’un seul doute, cet exercice est un grand n’importe quoi qui n’a rien de sérieux, d’indépendant encore moins d’objectif. C’est une simple opération de manipulation de l’opinion pour faire pencher ses faveurs, envers une personnalité ou une autre, dont on voudrait voir sur un piédestal dans la perspective de l’occupation du palais de la colombe. Sauf que les commanditaires et les auteurs de cet exercice ont tout faux, l’opinion publique n’est pas dupe et ne se laissera pas avoir.

Après tout et heureusement d’ailleurs, le Constituant Guinéen du 06 avril a été proactif en éclairant totalement la religion de l’opinion sur le régime et les modalités de désignation du Premier Ministre. La nomination, la durée du séjour et la fin de l’exercice du Chef du Gouvernement relèvent totalement du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat. En cela, c’est le « Majester dixit » !

A ceux qui font dans l’agitation et dans la manipulation de l’opinion dans l’espoir d’attirer l’attention du palais Sekhoutoureya, le Président de la République a déjà averti qu’il n’est pas impressionné par ces exercices à deux balles.

Le moment venu, suivant des éléments d’appréciation à sa seule guise, dans le secret du palais et dans l’intimité de sa conviction, le Chef de l’Etat désignera celui qu’il voudra voir conduire les destinées de l’attelage gouvernemental.

Sondage d’opinion ou encore autres nombreux prix, distribués à tour de bras, pour les copains et les coquins, opérations très à la mode ces derniers temps, il y a véritablement matière à règlementation dans notre pays, pour ainsi mettre l’opinion à l’abri de corruption et de manipulation de toute nature.

Bangaly KEITA

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