Guinée: La pandémie des pandémies (Tribune)

On est tenté de dire que des épidémies et des pandémies se sont données rendez-vous en Guinée depuis ces trente dernières années. Tout a commencé sous le régime du président général Lansana Conté par une épidémie de choléra qui avait fait des centaines de morts à Conakry et l’intérieur du pays. 

C’est l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola qui a pris la relève en 2014 et qui a duré jusqu’ en 2016, occasionnant plus de 2 000 morts. Cette épidémie avait sévi dans la sous-région ouest-africaine notamment en Siérra-Leone et au Libéria après avoir secoué auparavant certains pays de l’Afrique centrale (RDC, Ouganda, etc.)

Maintenant, depuis mars 2020, la Guinée subit la pandémie du covid-19 qui n’épargne certes aucun pays du monde. Mais pour le cas spécifique de la Guinée voilà qu’Ebola refait surface sans oublier que les fièvres hémorragiques Lhassa Marburg viennent assombrir le tableau sanitaire déjà préoccupant du pays. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) les chiffres de contamination, d’hospitalisation et de décès   repartent à la hausse avec l’arrivée de variants plus virulents, on approche les 300 morts en milieu hospitalier ; ces chiffres pourraient être doublés sinon triplés si l’on y ajoutait les morts communautaires qui sont difficiles à comptabiliser.

Pour expliquer l’ampleur de ces catastrophes sanitaires, on évoque couramment la faiblesse des structures hospitalières et le manque d’une politique sanitaire adéquate. C’est vrai que nos hôpitaux nationaux, régionaux et préfectoraux sont vétustes et dépourvus de moyens logistiques et financiers, et nos autorités à tous les niveaux naviguent à vue, la prévention est beaucoup plus théorique que pratique. 

Mais un autre facteur d’aggravation des épidémies, facteur insuffisamment évoqué, est l’apathie des populations à majorité analphabètes. Une bonne proportion de gens ne croient à la réalité des faits que lorsque un des leurs en meurt. Des pseudo-intellectuels s’activent à banaliser les épidémies, à répandre des arguments farfelus comme les vaccins anti-covid rendent malade ou tuent ; on voit des sectes religieuses qui enjoignent à leurs adeptes à se réfugier dans le jeûne et la prière comme seuls moyens, disent-ils, de conjurer le mouvais sort incarné par les pandémies et autres catastrophes naturelles. 

Décidément, la pandémie des pandémies, c’est bien l’ignorance. L’incapacité à comprendre et à adopter les mesures préventives édictées par les hommes de science. Pauvre Guinée ! 

Walaoulou BILIVOGUI

Articles similaires