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Hausse des prix, 50 hectares des ministres…: le regard de l’économiste Mohamed Cissé (PEDN)

Lors du dernier conseil des ministres, le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, a demandé au membres du gouvernement de pratiquer l’agriculture. Au cours d’une rencontre qui a suivi avec les opérateurs économiques et les commerçants, le président de la transition a dénoncé la hausse des prix de plus en plus insupportable. Contacté par la rédaction de Guinee114.Com, Mohamed Cissé, économiste et porte-parole du PEDN de Lansana Kouyaté, nous livre son analyse des deux sujets d’actualité qui sont sur toutes les lèvres à Conakry.

De la rencontre avec les opérateurs économiques

Pour la rencontre entre le CNRD et les opérateurs économiques, je crains que dans les semaines à venir, les prix ne grimpent davantage. Cette hausse sera autant forte que les anticipations rationnelles mais pessimistes des agents économiques. Avec l’engagement affiché du gouvernement pour un franc fort et la baisse des prix, le franc guinéen pourrait être davantage fort par les offres de devises pour ceux qui ne veulent pas perdre davantage. Et les prix continueront à augmenter par la baisse des offres des opérateurs qui sont hostiles à une telle pratique et exposés à la hausse vertigineuse des charges d’importation entre autres.

Le gouvernement devrait se passer d’une telle rencontre dont le contenu pousserait à la rétention dans les affaires. Il faut travailler sur la structure des prix sur toute la chaîne logistique tout en tenant compte des aspects fiscaux. Cela combiné à la politique monétaire tenant compte du niveau d’anticipation des agents, l’on pourrait s’attendre à l’effet escompté.

De la demande aux ministres de valoriser chacun 50 hectares 

Cet appel montre que le Président de la transition a un intérêt particulier pour la production agricole mais cela n’est pas nécessaire pour relancer un secteur aussi stratégique.

Cependant, le symbole doit appuyer une politique concrète en la matière. Si c’est pour une incitation à la production agricole, la meilleure méthode aurait été d’impulser à la base et à travers des acteurs qui sont sur le terrain avec d’énormes difficultés. Des actes forts envers eux auraient été plus consistants.

Une vingtaine de ministres qui s’engagent ainsi feraient au moins 1400 hectares de riz avec 50 hectares par ministres. Non seulement aucune garantie n’est là en termes de rendement mais aussi le coup d’opportunité me paraît élevé. Comment vont-ils financer ? Par les fonds propres, les banques privées ou publiques ou bien par un fonds fourni par le gouvernement ? Il faudra donc veiller sur l’éventuel conflit d’intérêts en termes de financement, d’accès aux intrants subventionnés par le gouvernement et sur le suivi des promoteurs privés.

Sans mesure spécifique, les vrais acteurs risquent d’être lésés au profit des projets des ministres. L’accès aux intrants et le suivi par les agents d’ANPROCA sont à observer. 1 à 5 hectares auraient suffit pour symbole. Ce genre d’annonce non concrétisée, ce qui est fort probable, fera beaucoup plus mal au gouvernement.

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