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Justice et Violences faites aux femmes: des organisations dénoncent des dysfonctionnements (Déclaration)

Déclaration  de presse

 DYSFONCTIONNEMENTS DE L’APPAREIL JUDICIAIRE DANS LE TRAITEMENT DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

 En novembre dernier le pays entier était dans l’émoi face à la disparition tragique de Feue M’Mah Sylla. Cette jeune femme de 28 ans Avait été violé à plusieurs reprises dans une clinique médicale , elle y contractera une grossesse.

Feue M’Mah Sylla demandera de l’aide à ses bourreaux pour procéder à l’interruption de la grossesse issue du premier  viol . Elle subira d’autres viols au cours de ce processus .

Plusieurs interventions chirurgicales  dans deux cliniques médicales sous-équipées avaient pour  but d’étouffer les viols ,  l’avortement , ainsi que l’ incompétence des médecins mis en cause.

Le 14 octobre 2021 le procureur de la république du tribunal de première instance de Mafanco avait visé les infractions de viol, avortement, administrations de substances nuisibles, et saisi un juge d’instruction dans son réquisitoire introductif.

En l’espace de 8 mois d’investigations, le magistrat instructeur a été changé  quatre fois . L’État guinéen s’était pourtant engagé à faire juger rapidement cette affaire.

L’attente de l’ouverture de ce procès, pour enfin situer les responsabilités des présumés auteurs du décès de Feue M’Mah Sylla, se prolonge donc.

Il y’a quelques jours environs un nouveau juge a été saisi du dossier et celui-ci s’apprête en moins d’une semaine à communiquer la procédure au ministère public pour son réquisitoire définitif

A ce stade nous affirmons   qu’il est important  que cette accélération ne  soit en réalité du  travail bâclé.

Nous,  Mon enfant Ma vie , F2DHG, Club des jeunes filles leaders , AMALI, GRIF ,OGDH sommes d’autant plus impatients que le nombre de dossiers de viols et d’infractions connexes ne cessent  de croître.

Nous dénonçons l‘impunité et les nombreux dysfonctionnements structurels qui minent la chaîne pénale.

Au delà de la lutte contre le viol, nous sommes en droit  d’exiger une administration judiciaire plus protectrice des droits des  femmes contre toutes les formes de fautes médicales et de violences obstétricales.

Dans une décision assez contestable du  27 avril dernier, le tribunal correctionnel de Dubréka  dans la tragique affaire de viol et d’actes de barbarie subis par  feue Madame Barry Aissatou Sow, a   décidé d’ écarter les charges qui pèsent sur deux médecins qui ont reçu  la victime dans une structure  denomée L’association Guinéenne pour le développement et l’assistance sanitaire   .

Feue Aissatou Sow, victime de viols et d’actes de barbarie, est décédée le ..16 mars 2022. après  une laparotomie (ouverture de l’abdomen) dans cette clinique sous-équipée, sans service de réanimation, environ 6 heures après son agression violente. Il est important de rappeler que le ministère public avait requis la relaxe dans cette affaire .

La lutte contre l’impunité semble encore être une utopie dans une notre pays où il est difficile d’avoir une lisibilité de la politique pénale contre le viol, les violences obstétricales et infractions connexes.

D’autres affaires de viols sont encore réglées à l’amiable en parfaite violation de nos textes nationaux ainsi que des conventions internationales ratifiées par la république de Guinée .

Nos organisations continuent d’exiger l’application de nos textes de lois  ainsi que des instruments internationaux de protection de la femme contre toutes formes de violences .

Au Sénégal voisin, un tribunal vient de juger 4 sages-femmes pour non-assistance à personne en danger. Elles ont été condamnées à 6 mois d’emprisonnement assortis de sursis.

La justice n’est certes pas un mimétisme à tout point de vue, mais elle implique de s’emparer des bonnes pratiques  .

Nos organisations dénoncent la léthargie de notre appareil judiciaire ainsi que la banalisation du viol , des violences obstétricales ainsi que des infractions connexes.

Nos organisations rappellent le rôle primordial de l’État dans le respect du droit à la vie , à la santé à l’égale protection de la loi, le droit à la réparation pour les victimes et leurs familles ainsi que de l’accès à la justice  ainsi que de sa responsabilité dans la mise en place d’une bonne administration de la justice.

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