Politique générale du Gouvernement : l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique oubliés (Tribune)

Le Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana annonce dans son discours sur la politique Générale du gouvernement présentée à l’assemblée nationale à la date du 07 Mars 2021, que l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ne serait pas la priorité de son Gouvernement dans ces prochaines années.

Que devons-nous faire en tant qu’acteurs du système d’enseignement et, responsables de la couche scolaire et estudiantine ?

En tout cas, nous au sein de l’Union Nationale des Élèves et Étudiants Patriotes de Guinée, répondons avec regret et opposition à cette sortie que nous qualifions éhontée et mal réfléchie de la part du premier responsable de notre Gouvernement.

Quelle place donne-t-il à l’enseignement supérieur pour la qualification du capital humain par rapport à l’enseignement pré-universitaire quand leur priorité porte sur cette éducation qualifiée de base en méprisant celui de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans la poubelle, qui était déjà dans l’oubliette depuis des décennies ?

Nous ne sommes pas contre qu’un accent particulier soit mis sur cette éducation de base qui doit l’être sans démagogie. Mais pourquoi mettre en marge l’enseignement supérieur qui traverse aujourd’hui les conditions les plus difficiles dans son existence et qui ne sont pas cachées de vue.

Parlant du budget alloué à l’éducation, nous saluons vivement ce pourcentage qui est passé à 20% du budget national. Nous espérons que ce budget bien qu’il n’est pas suffisant pour couvrir tous les besoins de notre système éducatif, s’il est bien géré, nous pourrions assister à l’amélioration et la qualification de notre système d’enseignement dans sa globalité. Mais malheureusement, cela est très loin d’être le cas. Car, il n’y a jamais de suivi dans l’exécution de ce budget qui reste sans résultats remarquables et satisfaisants dans le domaine éducatif. Ce budget, à cause de la corruption qui est devenue une monnaie courante dans l’éducation en particulier, se volatilise dans la nature sans laisser de trace.

Ne sait-il pas que nous assistons aujourd’hui par manque d’infrastructures, à la pléthore d’élèves et d’étudiants dans presque toutes les concessions scolaires et universitaires publiques à travers le pays ?

Et bien, cela est une réalité amère que l’on ne peut ni nier, ni camoufler.

Et cela laisse comme conséquences : La dégringolade du niveau de l’apprenant Guinéen car, aucune condition favorable pour le bon apprentissage n’est créée au préalable par les autorités compétentes ;

Le taux d’analphabète reste encore malheureusement, très élevé dans notre pays.

Qu’est-ce qui montre enfin que l’éducation de base soit une priorité pour le gouvernement si nous observons aujourd’hui avec l’œil impuissant ou complice tous ces dysfonctionnements au sommet de l’État de notre système éducatif à tous les niveaux sans qu’on ne prenne des mesures constructives générales ?

Dans un pays comme le nôtre, nous en tant que SYNDICAT des élèves et étudiants Guinéens faisons comprendre à Monsieur le Premier Ministre qui est d’ailleurs un Docteur d’Etat diplômé dans les grandes universités occidentales de grandes renommées, qu’au monde actuel sur l’avancée et le développement de la science,la priorité pour le système éducatif ne doit pas être scindée tout en faisant une discrimination négative dans ce domaine. C’est vraiment regrettable! et nous affirmons haut et fort que le premier ministre Dr ibrahima kassory Fofana s’est trompé de vision dans ce discours de politique Générale du gouvernement qui devrait prendre en compte et de façon générale, tous les secteurs de développement qui doit tout d’abord avoir comme base, l’éducation dans sa globalité.  Et cela mérite d’une correction dans le souci d’éviter le pire que nous assistons depuis la nuit des temps dans notre pays.

Le monde change avec le développement de la science qui est sans doute la considération sans faille apportée sur l’éducation dans un pays comme le nôtre qui aspire à un développement durable basant sur sa progéniture bien préparée dans la circonstance pour pallier à tous les défis pour un futur radieux.

On se pose bien la question de savoir : la priorité pour le système éducatif d’un gouvernement, doit-elle être accordée au niveau de l’enseignement pré-universitaire au détriment de celui de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique si, nous croyons vraiment à ce que l’éducation soit à la base de tout développement d’un pays et que cette éducation est complexe et elle ne doit pas être scindée ? Car, l’éducation comme il l’appelle ” de base ” est aussi interdépendante à celui de l’enseignement supérieur et qu’ils sont complémentaires pour la formation des ressources humaines capables de relever le défi du développement qu’on appelle ” capital humain “ ?

Faisons donc un récapitulatif sur notre système éducatif et d’enseignement :

L’éducation Guinéenne dans sa globalité est confrontée à des dysfonctionnements notoires malgré la volonté affirmée du chef de l’État et les différents ministres de tutelles à apporter un changement de qualité à notre système d’enseignement.

– D’abord, les formateurs (enseignants) mal formés et insuffisants pour donner l’instruction et l’éducation à tous les enfants du pays ;

– Les apprenants mal encadrés, mal équipés et sans soutien suffisant dans leur état de pauvreté car, il faut rappeler bien qu’il y que les enfants des pauvres paysans, ouvriers, de ces mêmes pauvres enseignants qui étudient dans ce pays. Sinon ces ministres et ces hauts cadres ont tous leurs enfants à l’étranger ou dans les grandes écoles ou universités privées du pays.

– Nos écoles et institutions d’enseignement supérieur de la capitale Conakry à l’intérieur du pays,  n’ont pas à grande majorité d’enseignants; ils n’ont pas non plus d’infrastructures suffisantes et modernes favorisant les conditions d’apprentissage;  ils n’ont pas de bibliothèques dignes de nom répondants aux besoins des apprenants; ils n’ont ni centre de d’informatique à l’heure actuelle du numérique et le développement de NTIC ni le réseau WIFI dans les écoles et universités pour faciliter les différents travaux de recherches; sans des laboratoires avec des matériels modernes pour les travaux pratiques.

– Les pécules accordées aux boursiers d’État, restent non valorisées et ne permettent pas aux étudiants de subvenir à leurs besoins.  Etc…

Pour remédier à ces multiples problèmes et de façon durable et constante, la solution doit être générale et globale avec tous les paramètres du changement à l’appui. Dans ce cas, nous demandons au premier ministre chef du gouvernement de bien vouloir chercher à repenser sa politique sur l’éducation tout court sans chercher à mépriser d’un camp et prioriser d’autre camp. L’éducation est une chaîne complexe et interdépendante et pour la relever, il faut une vision globale là-dessus avec des lunettes coercitives à l’appui.

L’éducation nationale est l’ensemble de :

– L’enseignement élémentaire ;

– L’enseignement secondaire ;

– L’enseignement professionnel ;

– L’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Mais malheureusement, nous assistons dans le budget initial de l’année 2021, à une amputation de plus de 40 milliards dans l’investissement dans le domaine éducatif.

C’est dommage !

Nous lançons un appel impérieux et solennel à tous les acteurs de notre système éducatif à une prise de conscience sur l’avenir de l’école Guinéenne.

Les pays développés sous la base de leur éducation, ne viendront jamais nous apporter le changement qu’il faut pour une éducation de qualité et compétitive sur le plan international. C’est à nous d’élaborer nos propres politiques tout en s’inspirant à ces nations scientifiquement développées pour faire changer la donne chez nous.

Nous lançons ce deuxième appel au Président de la République chef de l’État, Son Excellence Professeur ALPHA CONDÉ qui est avant tout un acteur de l’éducation à base et qui fut un grand leader estudiantin en Europe à travers le monde, pour une éducation de qualité à tous ses semblables. Nous lui demandons de ne pas se laisser baigner par les discours et politiques impopulaires de la part de ses collaborateurs qui ne lui permettent pas non plus d’aller au bout de ses réformes ambitionnées.

Ce troisième et dernier appel, nous lançons non seulement à l’endroit de l’ensemble des élèves et étudiants Guinéens, mais aussi aux enseignants et parents d’élèves et d’étudiants. Nous leur demandons à une union sacrée pour dire non de façon responsable et pacifique à ce discours de mépris de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de la part du premier ministre. Qu’est-ce qui va donc être le sort de ces milliers étudiants de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique des années en cours ?

Nous, l’Union Nationale des Élèves et Étudiants Patriotes de Guinée ( UNEEP ), restons à l’avant-garde de la lutte pour la sauvegarde et la réforme de notre système éducatif dans sa globalité.

Vive l’enseignement supérieur !

Vive l’éducation nationale !

Vive l’élève et l’étudiant Guinéens !

Vive l’Union Nationale des Élèves et Étudiants Patriotes de Guinée (UNEEP) !

                                                                                                                                Conakry, 09 Mars 2021

                                                                                                                                     Président

                                                                                                                    KONATÉ Lanciné, enseignant

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