Riposte contre la Covid-19: Impact du projet PrepLine sur les Services chargés de l’Application de la Loi (SAL) dans le cadre de leurs activités

Le 12 mars 2020, la Guinée a enregistré son premier cas de covid-19. Cela a mis en branle le système de santé. Pour prendre les mesures de santé idoines afin de limiter le mieux possible les contaminations multiples qui pouvaient aboutir à un taux de mortalité et de morbidité élevé, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire qui est l’institution nationale de coordination chargée de répondre aux urgences de santé publique a mobilisé tout le dispositif national de riposte à travers la composition et la mise en place des commissions techniques ainsi que la disposition de toutes les forces régaliennes de l’État pour mener à bien la riposte contre cette nouvelle pandémie à la covid-19.

Les Services chargés de l’application de la loi (SAL) dans leur rôle clé par le passé et plus précisément dans le cadre de la riposte contre la maladie à virus Ebola de 2014 à 2016 avait déjà appuyé les isolements, le cerclage, la sécurisation du transport des échantillons et la sécurité du personnel d’intervention.

Dans le cadre de cette riposte contre la covid-19, les services chargés de l’application de la loi, forts du soutien du renforcement de leurs capacités par le projet PrepLine mis en œuvre par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) à travers le financement de  L’International Narcotics and Law Enforcement division (INL) du département d’État Américain sont  intervenus dans plusieurs domaines de la riposte à travers les agents des Unités de Sécurité d’Appui à la Gestion des Epidémies (USAGE) déployés dans les points de contrôle sanitaire, les points d’entrée, et les centres de traitement des épidémies. (CT-Epi).

Les (SAL) au niveau des points de contrôle sanitaire :

Au plus fort de la crise quand la Guinée tournait autour de l’indice de positivité de 20 à 30%, il a été institué par le gouvernement une mesure de restriction des voyages vers l’intérieur du pays afin de limiter la propagation du virus. Pour toutes les sorties, il fallait les justifier par la présentation d’un certificat de négativité. Pour ce contrôle, les services chargés de l’application de la loi étaient en première ligne pour faire respecter cette mesure avec la plus grande diligence et une fermeté à toute épreuve dans le respect de l’homme à travers une communication respectueuse articulée autour de l’explication du pourquoi de la restriction, de l’importance de son application, de l’effet bénéfique que cela pourrait apporter à chacun.

Cette forme de communication qui intégrait la dimension empathique était systématiquement orientée vers toutes les personnes se retrouvant objet de l’application de la mesure. Cette notion de communication empathique appliquée par les forces chargées de l’application de la loi est le fruit de leur compétence renforcée en communication grâce au projet PrepLine et d’autres initiatives mises en œuvre dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité. Cette forme de considération de l’autre en tenant compte de ses inquiétudes venait rompre avec les pratiques de violences qui étaient autrefois le rapport entre les SAL et les personnes qui faisaient face aux dispositifs préventifs antérieurs.

Mohamed Sylla : « Ce travail de contrôle sanitaire demande une très grande discipline et un contrôle de soi pour faire comprendre à chaque personne la nécessité de faire respecter la mesure édictée par l’autorité de notre part mais aussi l’effet bénéfique de s’y plier de la part des voyageurs. Les modules de formation suivis en communication, nous ont permis de prendre en compte la dimension empathique pour comprendre les inquiétudes des gens et établir une communication respectueuse pour les aider à comprendre la portée de nos actions ».

Les (SAL) au niveau des points d’entrée :

Avec la mesure de fermeture des frontières qui n’autorisait que les camions transportant les marchandises à franchir les frontières de la Guinée à l’entrée comme à la sortie, Il a été décidé un protocole au niveau des frontières terrestres pour les transporteurs incluant la présentation d’un certificat de négativité, le port systématique du masque, le lavage des mains à chaque point d’entrée. Les agents de la protection civile, membres de l’USAGE étaient les responsables principaux de l’application de cette mesure. Ainsi, au niveau de chaque point d’entrée, ils ont été déployés pour veiller à l’application stricte de cette mesure. Au niveau de chaque frontière de grande mobilité à travers le projet PrepLine, des activités de sensibilisation étaient menées pour aider les transporteurs et les populations riveraines à comprendre les mesures de prévention, de contamination ainsi que les symptômes liés à la covid-19.

Benjamin Lamah : « Nous avons une moyenne de 40 camions qui passent par jour. Selon la mesure édictée, il faut pour chaque camion le chauffeur et les apprentis. Nous contrôlons qu’ils ont fait leur test à travers la présentation du certificat de négativité, qu’ils se lavent les mains et que nous prenions leur température. Cependant, il faut dire qu’il y a d’autres personnes qui passent par les voies détournées pour entrer dans les préfectures frontalières. Il faut veiller sur toutes les personnes et s’assurer que les gens ont la bonne information pour pouvoir se protéger ».

Aussi, depuis la réouverture officielle de l’aéroport international de Conakry, un dispositif géré par les SAL est tenu au niveau de l’entrée du parking pour faire respecter les gestes barrières. Avec l’appui de l’OIM, l’aéroport de Guinée a été reconnu par l’Autorité de régulation de l’aviation civile au niveau international comme étant l’un des meilleurs au niveau de l’Afrique Subsaharienne dans la mise en place des dispositifs de sécurité et de santé pour la sécurité des passagers et du personnel.

Les (SAL) dans la régulation du flux des entrées au niveau des structures de prise en charge des malades et des instances de coordination :

Nous sommes à l’entrée principale de l’hôpital de Donka. De loin l’on peut apercevoir des agents de la protection civile au poste fait avec une corde à coté de laquelle est posé un dispositif de lavage des mains et dans les mains de chaque agent un appareil de prise de la température. Un masque surplombe le visage de chaque agent pour donner l’exemple à chacun. Tout visiteur est systématiquement soumis au contrôle par des agents de la protection civile afin de mieux s’assurer que les gestes barrières sont scrupuleusement respectés.

Mohamed Soumah : « Nous sommes déployés ici par la direction générale de la protection civile grâce au soutien technique de l’OIM qui a renforcé nos capacités d’intervention à travers la mise à disposition de toute la logistique nécessaire grâce au financement du Département d’État Américain.  Notre travail est de prévenir les infections par le fait de faire respecter les gestes barrières par les visiteurs. On s’assure que ceux qui viennent sans masque puissent en porter et on leur explique pourquoi le port du masque est efficace dans le cadre de leur propre santé et celle des autres. Globalement tout se passe bien. Par moment, nous avons des cas de réticences mais nous parvenons à travers une approche douce à gérer les personnes et les amener à respecter de façon volontaire les actions édictées ».

A la direction communale de la santé de Dixinn, nous sommes entrés dans la cour sans passer par le dispositif de lavage des mains bien que nous portions nos masques. Nous sommes civilement interpellés par un agent de la protection civile qui s’adressa à nous et nous invite à se laver les mains. Nous nous exécutons et nous nous engageons dans une discussion avec lui.

Mohamed Cissé : « C’est mon travail de m’assurer que toutes les personnes qui entrent dans cette cour observent les gestes barrières afin que nous soyons tous en bonne santé. Les gens sont souvent préoccupés par leur objectif et il est bon que nous soyons là pour les rappeler. Il y a ici, plus de 200 personnes qui entrent et sortent par jour vu qu’il y a un centre de santé à côté. Plus on est strict sur le respect du dispositif mieux sait. Nous sommes 04 agents qui se relaient ici afin de jouer notre partition dans le processus de la riposte contre la pandémie de la covid-19. Je fais ce travail avec beaucoup d’enthousiasme et de volonté. Chaque soir en rentrant chez moi, je ressens la fierté d’avoir contribué à maintenir les gens en sécurité. »

Les (SAL) au cœur du dispositif de coordination pour la riposte contre la covid-19 en Guinée :

Pour maintenir un niveau d’information élevé au même titre que les autres secteurs, les autorités des SAL sont représentées dans toutes les instances de coordination. Ce travail de coordination a été rendu possible entre autres grâce aux documents de procédures élaborés dans le cadre du projet PrepLine bien avant la covid-19. A cela s’ajoute toute la panoplie de formations réalisées dans les premiers mois du projet.

Au regard du rôle d’appui joué par les Services  d’Application de la Loi dans le cadre de la riposte contre la COVID-19, il est évident que le maintien de l’appui du projet pour permettre une plus grande appropriation du dispositif et des modalités d’appui des SAL au ministère de la sécurité et de la protection civile à travers des exercices de simulation  en période hors crise va favoriser la construction d’un système de riposte plus intégré et mieux huilé dans lequel les SAL vont se sentir plus opérationnels et cela va contribuer à favoriser davantage la perception des populations sur eux.

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