Société civile et Etat de droit dans la stabilité politique, sociale et économique: le débat se pose en Guinée ! (Tribune)

(Par Abdoul Sacko) Nul doute, que la dernière décennie a connu une profonde mutation dans l’engagement des Guinéens qui sont désormais très à cheval dans l’espace public politique et social. Très malheureusement, cette mutation a échappé à la compréhension des pouvoirs publics. Ainsi, ses acquis n’ont pas fait l’objet de capitalisation par ces derniers et, quelques initiatives des partenaires et les OSC prises à cet effet ont manqué de succès.
Cet état de fait a donné libre cours à des appréhensions, des interprétations et des persuasions diverses, parfois erronées chez les citoyens et plus grave par un bon nombre “d’intellectuels” sur le rôle et la responsabilité de la société civile dans la consolidation d’un État de droit. Deux (2) tendances globales se dégagent nettement comme résumé de cet état de fait, à savoir :
La société civile : recours pour médiocres ou des agendas politiques.
Cette tendance, qui pense que la société civile (OSC/ONG) est un espace où l’occasion est donnée à des moins méritants de la société ou des embranchements politiciens pour se faire une place sous le soleil du débat public, en ignorant tout de l’esprit fondamental de cet engagement citoyen, donnant corps et âme à la volonté de s’unir pour apporter une contribution à la vie de la nation ou de la communauté. Cette appréhension est commune chez beaucoup de citoyens mais aussi chez certains acteurs même de la société civile. Et pour ces derniers, cela fait naitre l’appétit et l’exercice des pratiques subjectives sous le couvert du statut d’acteur de la société civile ; en foulant aux pieds les valeurs et les principes citoyens et ignorant ainsi la loi L013 sur les ONG/Associations, l’unique loi d’ailleurs en Guinée;
La société civile : recours, comme solution à tous les maux de la société.
Cette deuxième tendance, sans connaissance réelle des dispositions légales et réglementaires, favorisée, par la faiblesse des pouvoirs publics à répondre aux demandes des populations et sans compter la carence de ceux/celles qui animent l’espace politique à créer un citoyen modèle par le jeux démocratique, pense que les OSC/ONG disposent d’un pouvoir régalien leur permettant de relever tous les défis de la société sur le plan économique, social, politique et des droits de l’Homme. Cette tendance oublie, qu’en Guinée, peut-être même en Afrique, pour des raisons qu’on ignore, la subvention ou tout accompagnement aux ONGs/Associations à partir du budget national, reste le cadet des préoccupations du gouvernement.
En conséquence, à l’analyse de ces lecture erronées sur la société civile, doublée par le fait que l’État ignorant que cette situation n’est pas en sa faveur ou par démission face à ses obligations régaliennes, pense probablement y tirer profit, on note trois (3) victimes potentielles de ces a priori purement sophistes, il s’agit :
(i) Les acteurs de la société civile, qui restent fidèles à l’esprit et aux principes qui gouvernent la création et l’animation des organisations de la société civile;
(ii) Les pauvres populations prises entre les tenailles de l’ignorance, de la corruption, de l’impunité, des violations de droits et de la pauvreté perdues par manipulation dans leur compréhension ;
 (iii) Les partenaires au développement, pour ceux qui sont réellement préoccupés par l’amélioration de la gouvernance et l’État de droit pour un développement durable dans la paix, qui peinent à trouver des résultats tangibles de leurs investissements ou fondent leurs jugements parfois sur des informations erronées ou partisanes.
Alors, que faire ? Est-ce qu’il faut une réforme de la loi sur la société civile ? Ou faut ll créer dans ce cas un observatoire sur la société civile?  Ou bien la réforme et l’observatoire à la fois ?
Le débat se pose !
Abdoul sacko, Coordinateur Général du Réseau CoJeLPaiD (Convergence des Jeunes et Leaders pour la Paix et la Démocratie)
Président du Conseil Régional des Organisations de la Société Civile de Conakry (CROSC)
Consultant sur des questions de conflits et d’intégration des jeunes/femmes +224 622 94 34 32

Articles similaires