La forme interrogative de ce titre tient compte de la méconnaissance des éléments ou des moyens sur lesquels s’appuie le Colonnel Mamadi Doumbouya pour afficher une certaine assurance ou se croire totalement à l’abri en laissant faire ou en prenant certains actes qui préoccupent les Guinéens et tous ceux qui aiment l’actuel Homme Fort Guinéen.
Le changement opéré, le 5 septembre 2021, par le Patron des Forces Spéciales, le Colonel Mamadi Doumbouya depuis Président du CNRD, Président de la République de Guinée, avec le renversement du système en place, a été fortement salué par l’opinion. Ce changement continue de faire espérer les Guinéennes et Guinéens de se construire un meilleur devenir.
Cependant, et plus d’un mois après, ils commencent à se faire quelques soucis par rapport à la SÉCURITÉ DU PÈRE DE CETTE NAISSANTE ESPERANCE, EN L’OCCURRENCE LE COLONEL MAMADI DOUMBOUYA. En effet, si la mise à la retraite et à l’écart des Généraux de l’Armée Guinéenne a été jugée comme une mesure justifiée dans la trajectoire du changement prôné et réclamé par les populations, l’annonce des mesures accompagnant le courageux acte a irrité plus d’un Guinéens.
L’irritation des Guinéens s’explique par la crainte qu’ils ont pour le Colonel Doumbouya de ne pas s’exposer à une coalition de tous ces anciens officiers supérieurs écartés et privés brutalement des faramineux budgets qu’ils géraient sans aucun contrôle et des grands honneurs dont ils avaient pris goût durant les 11 dernières années du Président déchu. Avec tous ces avantages et privilèges décrétés pour arroser une retraite subie, rien n’est moins sûr. D’autant que certains murmureraient que la seule légitimité en pareille situation demeure l’épreuve de force.
À cet égard, le Colonel Mamadi Doumbouya, sans aucun préjugé, a tout intérêt à rester davantage vigilant, en s’organisant encore mieux face à la nouvelle situation créée par la forte rupture qu’il vient de créer au niveau de la haute hiérarchie de la Grande muette.
L’autre grande préoccupation des Guinéens pour celui qu’ils considèrent comme LE SAUVEUR DU PAYS réside dans le traitement administré aux anciens dignitaires du régime défunt par le nouveau Pouvoir. À ce niveau, beaucoup ne cachent pas leur crainte par rapport aux possibles effets et conséquences imprévisibles d’un changement de régime qui ne procède ni à l’arrestation d’aucun Ministre, d’aucun haut fonctionnaire, d’aucun dirigeant de la police et de la gendarmerie, d’aucun agent de renseignement, d’aucun dirigeant du parti au pouvoir. Le Pouvoir, disait le Président François Mitterrand, ne se partage pas. Le Pouvoir, affirmait un autre Grand contemporain, doit garder son aspect mythique et faire peur.
Ainsi, pour les Guinéens, très inquiets face au risque d’un retournement de situation, le Colonnel Doumbouya aurait dû faire arrêter les dignitaires du régime Alpha Condé, ne serait-ce que pour quelques jours, semaines ou mois et les soumettre aux premiers interrogatoires nécessaires en la matière pour prendre connaissance des dossiers de l’état.
Le Président Doumbouya aurait dû faire sentir aux anciens dignitaires, que leur régime est terminé et définitivement inhumé. En engageant également des audits au niveau de tous les départements ministériels et des directions des établissements publics et régies financières. Mais le Président Doumbouya, en n’arrêtant personne, donne de réels soucis aux populations qui l’aiment et qui fondent de gros espoirs sur la réussite de sa salvatrice Mission.
Nul ne sait les armes dont dispose le Colonel Mamadi Doumbouya, mais tous les experts et observateurs font état des risques et dangers possibles pour le nouveau Président Guinéen face à l’unité recréée de tous ces anciens ministres déchus de leurs portefeuilles donc forcément mécontents mais totalement libres et qui continuent de contrôler directement ou indirectement les rênes de l’administration par l’intermédiaire des secrétaires généraux, chefs de cabinets, des DAAF et d’autres hauts fonctionnaires tous nommés par l’ancien président dont ils sont proches.
Le fait que le Président Alpha Condé soit en état des détention, et que ses collaborateurs soient libres est forcément un danger qui préoccupe les Guinéens. Toujours en postes mais conscients de perdre leurs fonctions prochainement, toutes ces personnalités accrochées aux intérêts personnels acquis n’hésiteront pas un instant, si la possibilité se présentait, de faire renaître un régime qui a construit leur bonheur pour préserver les énormes privilèges quelque soit le prix suprême à payer.
Ni les généraux à la retraite ni les anciens ministres ne lésineront sur les moyens pour une action permettant de reconquérir ou de reprendre les juteuses positions perdues. Si l’on sait que beaucoup d’entre eux, durant toute la décennie, ont pu se faire des fortunes de guerre et continuent à se faire encore de milliers de dollars à travers l’exploitation des Mines Guinéennes dont la reprise des activités a été l’une des premières mesures ordonnées par le CNRD après sa prise du pouvoir.
Sur chaque tonne exportée, nombreux sont les anciens dignitaires qui reçoivent des dividendes sur leurs Comptes bancaires ouverts dans les paradis fiscaux. Et puis plus d’un mois, tous ou presque avec un clic ont réussi à effacer toutes traces menant à eux dans les établissements bancaires. Ils ont le temps et même le loisir de transférer sur d’autres Comptes les importants montants accumulés durant toutes ces années.
Aujourd’hui, les premières conséquences de se laisser aller ou de cette gestion très clémente sinon complaisante du coup d’état se manifestent déjà avec la tenue, vendredi 15 octobre 2021, d’une réunion du RPG avec la participation de toutes les figures de l’ancien régime. Si tous les partis sont libres et égaux, le CNRD a formellement interdit aux anciens ministres de quitter le pays et de se livrer à toutes activités jusqu’à nouvel ordre. L’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana avait pris l’engagement de respecter scrupuleusement ces consignes. Par leur participation à cette réunion et par la création par eux de structures exigeant la libération du Président déchu Alpha Condé, les anciens dignitaires font un test et défient ouvertement le CNRD et son Président, le Colonel Mamadi Doumbouya.
Ces faits, comme indiquer, préoccupent à plus d’un titre les populations Guinéennes qui ont de l’affection pour le Colonel Mamadi Doumbouya et qui tiennent à la réussite absolue de cette Transition. Il appartient au Président Colonel Mamadi Doumbouya de les rassurer en prenant, ici et maintenant des décisions rigoureuses susceptibles de calmer les ardeurs et velléités chez tous ces mécontents qui ne seront des amis encore moins partisans du nouvel Homme fort Guinéen.
C A Diarra, analyste politique
