Douzième anniversaire des massacres du 28 Septembre 2009
– Guinee-Conakry.
Mémorandum de Pottal-Fii-Bhantal à Mr. Karim A. A. Khan QC, procureur de la CPI New York, le 28 Septembre, 2021.
À l’attention de M. Karim A. A. Khan QC, Procureur de la CPI Boîte Postale 19519 2500 CM, La Haye Pays-Bas
Cher Mr. Khan, En ce jour du 28 Septembre, les guinéens commémorent le douzième anniversaire des crimes contre l’humanité perpétrés en 2009 en Guinée. Il en est ainsi de plusieurs militants d’organisation des droits de l’homme à travers le monde. Le rapport de la commission de l’ONU avait déterminé que les massacres furent des crimes prémédités contre l’humanité. Les promesses d’enquêtes approfondies et la perspective de la traduction en justice des présumés coupables avaient soulevé un espoir parmi les guinéens; celui de l’arrêt des cycles de répression qui ont marqué l’histoire du pays.
Mais, douze ans après, on note qu’aucun progrès n’a été fait sur le dossier. Conséquemment, la Guinée continue à être le théâtre de crimes d’état qui restent impunis. Notre organisation, Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon, se bat depuis douze ans pour que justice soit rendue aux victimes et pour un procès des accusés. Une recherche rapide dans les archives de vos services donnera un aperçu des actions que nous avons menées dans ce sens. Des démarches similaires ont été menées par de nombreuses organisations des droits de l’homme, des institutions multilatérales de l’ONU et des représentations diplomatiques accréditées à Conakry. Ces multiples injonctions et démarches n’ont toujours pas porté fruit.
Divers facteurs expliquent le déni de justices sur ce tragique dossier. Parmi eux, il faut noter les menés dilatoires de Mr. Alpha Condé ainsi qu’une négligence tragique de la classe politique guinéenne dont les militants furent les victimes des massacres. Il faut souligner en outre, la léthargie coupable de la CPI, en particulier de votre prédécesseur, Madame Fatou Bensouda.
En ce jour anniversaire, Pottal-Fii-Bhantal vient encore une fois interpeller la CPI sur le dossier. Ci-après, il y a un rappel succinct des démarches que nous avons menées. En pièces jointes il y a un échantillon des déclarations que nous avons faites sur le dossier durant les manifestations annuelles à l’ONU ou suite à des annonces sur les crimes.
Février 2012 : suite à l’inculpation d’officiers des forces de l’ordre qui, à ce jour, sont non seulement toujours en poste, mais ont été élevés en grade. ü Août 2014 : un communiqué suite à une déclaration publique de Mr. Alpha Condé demandant l’abandon du dossier des massacres ü Juillet 2015 : une demande adressée aux autorités du Burkina-Faso sur le traitement de faveur offert à Daddis Camara qui est inculpé de crimes contre l’humanité
Octobre 2015 : une lettre d’interpellation adressée à Fatou Bensouda suites à ses propos tendancieux sur les élections présidentielles.
Mars 2016 : une lettre suite à la nomination de Mathurin Bangoura, inculpé de crimes contre l’humanité, au poste de gouverneur de la capitale Conakry par Alpha Condé.
Décembre 2016 : une lettre aux autorités sénégalaises demandant l’organisation d’un procès au Sénégal, suite à l’arrestation de Toumba Diakité.
Novembre 2019 : une lettre d’interpellation à Fatou Bensouda questionnant sa passivité sur le dossier. Le laxisme de la CPI sur les crimes du 28 Septembre 2009 a permis d’incruster davantage la violence politique avec l’administration de Mr. Alpha Condé. Dans leur grande majorité, les guinéens déplorent ce laxisme de la CPI. Ils savent que toute amorce de sortie de crise doit s’appuyer sur un préalable incontournable, l’éradication de l’impunité. Le récent coup d’état militaire a révélé un profond désir des guinéens de rompre avec l’état hors-la-loi et l’impunité.
Pour éviter que le pays ne retombe dans un nouveau cycle de violence, il y a urgence que la CPI agisse sur le dossier du 28 Septembre 2009. À cet égard, nous avons adressé à la junte un mémorandum demandant de faire d’une priorité l’organisation des procès des crimes contre l’humanité de 2009. Une copie a été adressée à vos services et est jointe à ce mémorandum.
Les destinées d’une nation se jouent dans l’organisation de ces procès. Nous espérons de votre part une réponse à la mesure des enjeux. Nous sommes à votre disposition pour toute clarification sur nos démarches. Des membres de notre organisation ainsi que de nombreux guinéens restent disponibles pour aider à la réalisation de cet impératif. En même temps, nous voudrions réitérer notre détermination à mener jusqu’au bout ce combat essentiel contre l’impunité qui saborde les aspirations de nos concitoyens. Veuillez croire à nos salutations distinguées.
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La Commission Centrale de Coordination du Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon