120 jours du CNRD: un acteur de la société civile dresse un bilan “hautement positif”

Cela fait quatre mois jour pour jour depuis que le Comité National de Rassemblement pour le Développement (CNRD) est au pouvoir. À cette occasion, notre rédaction est allée à la rencontre de Ibrahima Aminata Diallo, président de la Coalition Nationale pour la Paix et le Développement (CONAPAID). Cet activiste de la société civile dresse un bilan “hautement positif” de la junte militaire.

 
“C’est un bilan hautement positif dans la mesure où le discours qui a été tenu dès la prise du pouvoir par le CNRD, jusque maintenant il y a adéquation entre le discours et les actes posés sur le terrain. Il y a des actes allant dans le sens de changer certaines tares que nous avons connu pendant le régime déchu. Dès son arrivée au pouvoir, nous avons assisté à la libération des détenus politiques qui étaient emprisonnés par le régime déchu. Il y a eu la visite du colonel Doumbouya au cimetière des martyrs de Bambeto, le démantèlement des PA, la diminution du prix du carburant de 11mille à 10 mille francs, la levée des barrages notamment à l’intérieur du pays et l’ouverture des frontières qui étaient unilatéralement fermées sans motif, le nettoyage à la Fonction Publique Guinéenne et surtout la composition du gouvernement. Tout ceci est à saluer. Ce sont des actes hautement positifs”a t-il expliqué
 
Cependant, Ibrahima Aminata Diallo se montre préoccupé par le retard qu’accusent les autorités dans la mise en place du CNT. “Notre préoccupation, un peu, c’est le fait que la durée de la transition n’est toujours pas fixée, le manque de dialogue entre le CNRD et les acteurs politiques mais aussi le retard dans la mise en place du CNT.  C’est le côté un peu sombre du CNRD pour l’instant. Il faut que les autorités revoient ces différents points, recommande l’activiste de la société civile.
 
Abordant le sujet qui fait débat dans la cité, à savoir, le limogeage de la ministre de la Justice et des Droits de l’homme, l’ancien président de la Plateforme des Jeunes leaders de l’axe pour la Démocratie et le Développement parle d’une “incompréhension” entre dame Yari Soumah et Colonel Amara Camara, secrétaire général de la Présidence de la République.  
 
“Je pense qu’il y a une incompréhension entre les deux. La Guinée est un pays qui a opté pour un régime présidentialiste. Donc le pouvoir exécutif est au dessus des autres pouvoirs. C’est ce qu’il faut rectifier. Moi je suis d’accord avec l’ancienne ministre sur le fond mais la forme et le ton qu’elle a utilisé, je pense qu’il faut revoir ça. Tant que nous sommes dans un régime présidentialiste, le président est au dessus des autres. S’il faut changer, il faudrait aller vers un régime parlementaire ou bien la séparation totale des pouvoirs pour que peut-être celui qui va occuper la tête de ministère de la Justice soit élu pour un mandat bien défini. Tant que c’est le président qui prend des décrets de nomination, je pense qu’il aura encore le pouvoir de destituer. Peut-être que dame Soumah a fait l’école d’administration mais les militaires eux, connaissent deux choses: commandement et obéissance. Dame Yari devrait attendre le conseil des ministres pour évoquer cela”, estime Ibrahima Aminata Diallo, président de la CONAPAID.
 
“Je pense que le moment n’était pas opportun. Il y a beaucoup d’autres endroits qui portent le nom de Sékou Touré. Les victimes du camp Boiro sont dans leur droit. Mais pour moi les victimes du camp Boiro ne devraient pas faire de cela une polémique. Elles devraient plutôt réclamer justice. Parce que ce qui doit être important pour eux c’est la justice, le reste n’est pas important. Il y a des choses beaucoup plus importantes que devrait faire le CNRD notamment la mise en place du CNT et la détermination de la durée de la transition. Mais quand vous venez au pouvoir, vous voulez avoir du monde avec vous, il faudra poser certains actes parce qu’il y a forcément des gens qui ont la nostalgie de Sékou Touré encore”, a t-il indiqué par ailleurs
 
Ibrahima Aminata n’a pas passé sous silence la mise en place du collectif des partis politiques. Pour cet activiste, c’est “une alliance de diable”.
 
“Voyant l’atmosphère qui a prévalu à cette rencontre, on peut deviner ce qui va venir. Probablement, nous allons peut-être revivre les anciennes pratiques. Sauf que quand on regarde les gens qui ont participé à cette rencontre, on se rend compte que ce sont des politiciens qui ont le désir latent au détriment du désir de la fonction manifeste. Il y a une question d’intérêt personnel dans l’affaire-là. Sinon ce n’est pas ces anciens députés que nous avons tous combattu ici à un moment donné qui vont se retrouver dans ce collectif comme pour dire qu’ils défendent des valeurs. Je trouve ça une alliance de diable avec certains acteurs que je déplore. Il y a certains parmi eux qui sont restés constants dans la défense des valeurs. Mais d’autres sont là ils se cherchent et à un moment donné il faut faire attention pour ne pas se retomber dans les erreurs du passé et pour ne pas aussi que ceux qui sont actuellement aptes à diriger le pays soient victimes parce qu’on peut utiliser votre capacité de mobilisation, votre bastion afin qu’on puisse vous nuire. Parce que qui vous dit que si on propose les mêmes personnes au CNRD, ils ne vont pas accepter ? Ces personnes n’ont pas où aller, ils changent de veste, ils se cherchent. C’est là où j’inviterai ces acteurs politiques de faire tout le possible  pour éviter qu’on ait un autre 28 septembre parce qu’on a vu ce qui s’est passé avec Dadis. En 14 ans on a eu 4 chefs d’État c’est pour dire que les Guinéens ont ouvert les yeux. Le Colonel Mamadi Doumbouya doit ouvrir un cadre de dialogue pour rassurer la classe politique qu’il n’est pas là pour s’éterniser au pouvoir”, a aussi conseillé Ibrahima Aminata Diallo.
 
Diop Ramatoulaye
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