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Floraison de «petits» médias en Guinée: beaucoup de journalistes sont «de petits patrons très endettés»

La subvention accordée par l’Etat aux médias pour l’exercice 2021, fait beaucoup parler d’elle au sein de la corporation. Lors d’une rencontre d’information jeudi, à la Haute autorité de la communication (HAC), le président de l’organe de régulation a particulièrement dénoncé l’explosion de «petits sites et de petits journaux» créés par des employés d’autres médias, souvent dans le but premier de bénéficier de la subvention.

 «Il y a beaucoup de journalistes qui sont devenus des patrons alors qu’ils sont encore des journalistes», s’indigne le président de la HAC qui «pense que les associations doivent pouvoir régler cette question-là».

Pour Boubacar Yacine Diallo, «on ne peut pas être employé et employeur. Et la Guinée fait l’exception… Ils sont patrons, parce qu’il y a la subvention. Si on leur enlève la subvention demain, ils cessent d’être patrons. Nous n’avons pas intérêt à ce que chaque journaliste soit un patron. Et la Guinée fait vraiment figure de singularité. C’est triste ! Moi comme journaliste, ça me chagrine. Je pense qu’on doit être en mesure soit d’être patron et, dans ces conditions, créer une entreprise de presse. Ou ne pas l’être, et rester journaliste. Mais comme la subvention arrive à tous les patrons, donc tout le monde veut être patron».

Cette situation serait d’ailleurs à l’origine du blocage du projet  de convention collective pour le secteur de la presse privée. «La convention collective est bloquée parce que simplement les patrons ont demandé au syndicat de faire en sorte que les journalistes ne soient pas à la fois journalistes et patrons. C’est là où ça bloqué. Il s’est trouvé qu’il y a beaucoup de journalistes qui sont aujourd’hui de petits patrons très endettés mais quand la subvention arrive, ils règlent leurs problèmes», révèle le président de la HAC.

Pour Yacine Diallo, «il faut que ce genre de pratique cesse». Sinon, conclut-il, «il n’y aura plus de presse parce que les grands médias qui auraient dû avoir plus d’argent, n’en n’auront pas. Et compte tenu la situation de précarité dans laquelle tout le monde vit, alors ces journaux et sites disparaitront, même ces radios et télévisions disparaitront parce que de petits malins tournent toujours autour de petit sites et de petits journaux et prennent assez d’argent alors que cela est indu».

A noter que le montant de ladite subvention est de trois milliards 329 millions 884 mille pour la Maison de la presse et les centaines de journaux, de sites d’information, de radios et de télévisions qui composent le paysage médiatique.

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Thierno Amadou M’Bonet Camara

622 10 43 78

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