(Par Amadou Djouldé Diallo, Journaliste à City Fm) Les anciens dirigeants à tous les niveaux, la classe politique, la société civile, les magistrats, la Presse, bref toutes les entités du pays l’ont compris et veulent s’y adapter et c’est normal.
Le pays a connu des choses très horribles, des évènements douloureux, des souvenirs inoubliables, de l’injustice et d’autres formes de disfonctionnement au sommet de l’administration publique surtout pendant ces 11 bonnes années de gouvernance de l’ancien opposant historique dont l’arrivée au pouvoir avait suscité de l’espoir chez les Guinéens de l’intérieur tout comme ceux de la diaspora, mais hélas !
Perte en vies humaines, destruction de biens publics et privés, des injures publiques, des arrestations arbitraires suivies d’emprisonnements sans aucun jugement pour la plupart des cas et avec un tissu social fortement secoué.
C’est comme si on était dans un pays où tout était permis et que rien n’était interdit. Les choses ont changé et chacun doit le noter. Le juge, au lieu de faire recours aux textes de loi pour prononcer un verdict dans un dossier judiciaire, reçoit un appel et obligé d’agir en fonction des instructions reçues.
Le journaliste, au lieu de faire son travail correctement en faisant recours à l’éthique et à la déontologie de son métier, cherche plutôt à faire plaire et veut à tout prix rester dans l’esprit d’un homme ou un groupe d’individus. Dommage !
L’opposant politique ou l’activiste de la société civile était contraint à confier sa langue au chat à défaut d’aller en prison pour ses opinions. Le cas des membres du FNDC est suffisamment illustratif. Le prix du carburant avait augmenté et a eu une répercussion naturellement sur les prix des denrées dans les marchés et sur le coup de transport urbain et interurbain.
La Guinée coupée et isolée du reste de ses pays voisins pour ne pas dire du monde à travers la fermeture inexplicable et injustifiée des frontières terrestres.
Toutes les taxes étaient revues à la hausse et de manière exponentielle, alors que le peuple assistait impuissamment à la hausse fantaisiste des budgets de certains départements ministériels, des institutions et de la présidence de la République.
La corruption, l’enrichissement illicite et les détournements à ciel ouvert qui avaient été annoncés pourtant comme des chantiers prioritaires pendant le troisième mandat controversé de l’ancien chef de l’État Alpha Condé, étaient devenus une culture de gouvernance.
Ceux qui étaient au pouvoir n’avaient plus aucune considération ni aucun respect pour certains de leurs frères Guinéens qu’ils croyaient maudits ou être des étrangers certainement.
Bref, les Guinéens étaient dos au mur, chacun se demandait à quand la fin de ce calvaire indescriptible. Beaucoup espéraient un changement, mais se demandaient à quand, de par quel miracle et d’où viendra la solution ?
Aujourd’hui, les choses ont changé, le monde a évolué, la Guinée aussi et la roue a vraiment tourné. Ceux qui étaient privés de liberté hier, circulent aujourd’hui et ceux qui circulaient librement sont privés de liberté à cause de leurs comportements malsains.
Ceux qui parlaient hier même à des moments inopportuns se sont tus et ont laissé la parole à ceux qui n’avaient pas le droit d’ouvrir leurs bouches hier. Ce que les Guinéens ont vécu depuis le petit matin du 5 septembre est une véritable leçon de vie, mais peu sont ceux qui le comprendront j’en suis persuadé.
Désormais, l’espoir est né avec l’arrivée du CNRD au pouvoir, l’espoir est permis et Mohamed BEAVOGUI, le tout nouveau Premier ministre chargé de diriger le gouvernement de la transition l’a dit, son premier discours teinté de prudence et de vigilance, rassure.
Les Guinéens ont célébré le départ miraculeux d’Alpha Condé et ses anciens employés. Mais ça ne doit pas surprendre, car, ils avaient aussi montré leurs oppositions à leur maintien aux affaires.
Les scènes de liesse populaire observées dans les rues de Conakry et dans les villes des quatre coins de la Guinée qu’on appelait les bastions du RPG, ceux-là même qu’on présentait comme les artisans du troisième mandat, la joie lisible sur les visages des Guinéens, la ruée des Guinéens de la diaspora vers le bled, s’explique par le fait que le peuple de Guinée a recouvert sa liberté.
La date du 5 septembre ne peut pas être célébrée à l’image du 28 septembre 1958, 2009 et le 02 octobre certes, mais les Guinéens ne l’oublieront pas si facilement non plus.
Le devoir nous interpelle toutes et tous, c’est le moment d’agir et contribuer pour la réussite de la transition en cours pour le bien de tous. Le Premier ministre aussitôt nommé a déjà donné le ton et nous devons l’accompagner.
D’ailleurs, rien qu’à écouter les premières réactions livrées par la classe politique, la société civile, le syndicat et même les citoyens suite à sa nomination, l’on est tenté de croire que son arrivée à la tête de la Primature suscite de l’espoir.
La réussite de la junte au pouvoir sous la houlette du CNRD sera notre réussite, son échec sera celui de tout le peuple de Guinée.
Ce n’est pas la première transition que le pays a connu certes, mais celle-ci est exceptionnelle c’est connu de tous. Elle doit donc être la toute dernière qu’on va raconter à nos enfants.
Déjà avec une structure gouvernementale composée de 25 départements ministériels c’est raisonnable et ça nous emmène à dire et à croire que ces autorités sont conscientes de la situation économique difficile que le pays traverse en tout cas si on les compare aux anciens régimes.
(Alpha Condé avait une quarantaine de postes ministériels sans parler de ses nombreux conseillers avec rang de ministres).
Maintenant, pour réussir, il faut choisir des cadres (hommes et femmes) intègres pour conduire cette transition.
Les défis sont grands, le chantier est vaste, les 63 ans d’indépendance de la Guinée ont beaucoup changé, mais, il y a un long chemin à parcourir, ayons le courage et l’honnêteté intellectuelle de le reconnaître.
Les Guinéens, au premier plan les intellectuels, doivent faire des propositions concrètes, ils doivent apporter leurs expertises et les nouvelles autorités doivent être à l’écoute de tous comme ce fût le cas avec le choix du Premier ministre de la transition.
Mohamed Béavogui, ce fonctionnaire international avec une carrière qui force l’admiration faisait partie des cadres considérés par beaucoup de Guinéens comme parmi les premier ministrables.
Prenons le temps nécessaire pour mettre en place des institutions fortes, parce que c’est ce qui manque à notre pays. Ceci, permettra au président qui viendra après la prochaine élection présidentielle, de s’attaquer aux questions de développement.
La refondation de l’État et la réforme du système électoral annoncée par le Colonel Mamadi Doumbouya doivent être mises en application et la justice doit être la boussole qui guidera les actions de chacun de nous comme l’a dit le Colonel président.
La Guinée est en retard et ce retard mérite d’être rattraper. Avec le CNRD l’espoir est permis.
Par Amadou Djouldé Diallo,
Journaliste à City Fm