Comparution des Inspecteurs dans l’affaire de l’ex ministre l’Économie à la CRIEF: « Nous n’avions pas le mandat du juge d’instruction pour écouter monsieur Mamadi Camara»

Renvoyé ce mercredi 12 février 2025 à cet effet, les inspecteurs généraux d’État ont comparu devant la chambre pour donner des explications sur un rapport qu’ils ont établi. C’est un rapport qui a fait l’objet du renvoi de l’ancien ministre de l’économie et des finances devant ladite cour pour plusieurs chefs d’accusation notamment détournement de deniers publics, blanchiment d’argent, corruption et enrichissement illicite.

Alors avant leur comparution, le président a fait lecture d’une correspondance du vérificateur général de l’État qui sollicite une comparution à huit clos pour les inspecteurs. Chose à laquelle les avocats du prévenu ont manifesté une opposition radicale en laissant entendre que ce n’est pas possible car l’audience est publique.  

Quant aux représentants du ministère public, ils disent être d’avis avec les inspecteurs s’ils ces derniers le sollicitent. À la barre pour justifier le rapport qu’ils ont établi, Abdoulaye Oumar Diallo, inspecteur général d’État et vérificateur général adjoint de l’État au nom de ses collaborateurs a fait remarquer à la cour que le rapport qui fait l’objet de débat n’est pas le rapport des inspecteurs mais plutôt le rapport de l’inspection générale d’État et il sollicite au tribunal de veiller à ce qu’on ne rattache pas un rapport à l’inspecteur qui l’a établi.

« Ce n’est pas parce que nous avons peur, ce n’est pas parce que nous ne voulons pas assumer, mais nous sommes appelés à gérer beaucoup de dossiers aussi sensibles que celui de l’ex-ministre de l’Économie et des Finances. Nous n’avons pas la chance d’avoir tout le temps nos garde-corps à nous. Nous ne voudrions pas qu’à la sortie de cette audience, on commence à dire voilà le responsable de ceci ou cela », dit-il

Continuant son allocution, l’inspecteur affirme qu’ils n’ont pas entendu le prévenu Mamadou Camara. « Monsieur le Président, nous n’avions pas le mandat du juge d’instruction pour écouter monsieur Mamadi Camara. Nous n’avons pas eu le mandat et nous n’avons pas eu l’autorisation d’échanger avec lui, naturellement. Donc, le rapport que nous allons lui présenter portera la mention rapport provisoire. Par la suite, il nous a rassuré que lui-même se chargerait d’entendre l’inculpée », laisse-t-il entendre en soulignant que « le contradictoire ne pouvait pas être fait par eux ».

Sur les modalités de l’établissement du rapport, Abdoulaye Oumar Diallo enchaîne : « Si vous prenez notre rapport, naturellement, on a nos consignes, mais par toutes les diligences que nous n’avons pas pu effectuer, on les a mentionnées, nous n’avons pas pu vérifier l’effectivité de la dépense. On s’est contenté des informations qui sont sorties de la chaîne des dépenses de l’État. Montant engagé, montant renoncé, montant payé », affirme-t-il

Après la déposition de l’inspecteur général de l’État, les représentants du ministère public ont sollicité que le prévenu Mamadi Camara ait une copie du rapport et qu’il fasse ses observations. Un souhait du ministère public qui irrite les avocats du prévenu qui sollicitent à ce qu’un cabinet d’audit privé soit saisi et si c’est le cas, ils sollicitent de la cour le renvoi de l’affaire à deux mois plus tard.

Le président de la chambre de jugement, Yagouba Conté après avoir entendu les parties renvoi l’affaire au 26 mars 2025 pour permettre au prévenu Mamadi Camara et l’agent judiciaire de l’État de faire leurs observations sur le rapport provisoire de la gestion, la vérification et l’exécution budgétaire du ministère de l’économie et des finances pour les exercices allant de 2018 à 2021 ainsi que pour la comparution de la partie civile.

Compte rendu, Aliou Diaguissa Sow

Tel: 627 51 44 41

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