Procès en appel d’Aliou Bah : l’affaire renvoyée au 9 avril prochain, ses avocats crient à la violation des normes procédurales

Le procès en appel du président du Mouvement Démocratique Libéral (MODEL), Aliou Bah, condamné en première instance à deux ans d’emprisonnement pour « offense et diffamation » contre le chef de l’État, a été renvoyé au 9 avril 2025 pour la suite des débats, après la déposition du prévenu devant la cour d’appel de Conakry dans l’après-midi de ce mercredi 26 mars 2025. 

Suite au renvoi de l’affaire, après une demande de médiatisation du procès formulée auprès du tribunal, les avocats d’Aliou Bah, par la voix de Maître Pépé Antoine Lama, ont présenté une analyse juridique détaillée, soulignant l’absence de preuves concrètes de diffamation ou d’outrage. Ils dénoncent également les tentatives de manipulation du ministère public visant à impliquer le chef de l’État dans cette procédure. Malgré le renvoi de l’audience au 9 avril prochain, qu’ils jugent contraire aux normes procédurales, les avocats restent confiants dans l’issue favorable de cette affaire pour leur client. 

« Vous avez dû constater que le ministère public, à travers ses questions, n’a pas été pertinent, puisqu’il a été dans l’incapacité absolue de rapporter non seulement la preuve que les propos imputés à Mamadou Aliou Bah sont diffamatoires ou outrageants, mais aussi que la cour a fini par relever que le chef de l’État n’est pas constitué dans cette affaire et ne s’est jamais constitué partie civile. C’est le ministère public, dans sa manipulation habituelle, qui a tenté d’introduire le chef de l’État dans cette procédure. Or, en première instance comme en appel, le chef de l’État ne s’est jamais constitué partie civile », a soutenu Maître Pépé Antoine Lama. 

Il poursuit : « Sur le fond de cette affaire, nous avons démontré, avec des arguments juridiques valables, que les propos imputés à Mamadou Aliou Bah ne peuvent constituer une infraction. Il s’agit d’un leader politique qui a tenu un discours politique au siège d’un parti politique, dans le cadre d’un débat public. Si l’on doit retirer à monsieur Mamadou Aliou Bah, président du MODEL, sa liberté d’expression et son droit de se prononcer sur l’actualité politique et sociale, alors il vaudrait mieux interdire purement et simplement l’exercice des activités politiques dans ce pays », a-t-il ajouté. 

Les avocats de la défense ont exprimé leur satisfaction quant au déroulement du débat, qui a mis en évidence les lacunes du jugement ayant condamné leur client. Cependant, ils regrettent le renvoi de l’audience au 9 avril 2025, en violation de l’article 593 du Code de procédure pénale, qui impose à la cour de statuer dans un délai de trois mois suivant le recours. Maître Almamy Samory Traoré, au nom du collectif d’avocats de la défense, a rappelé que l’appel dans ce dossier a été interjeté le 7 janvier 2025. 

Plus loin, Maître Pépé Antoine Lama insiste sur le fait que ses confrères et lui sont satisfaits des débats, qui ont permis de démontrer l’iniquité du jugement prononcé contre leur client. Toutefois, ils déplorent le renvoi de l’audience jusqu’au 9 avril prochain. 

« Dans des conditions normales, la cour aurait dû se prononcer au plus tard le 7 avril 2025. Or, elle renvoie l’affaire au 9 avril, non pas pour les réquisitions et plaidoiries, mais pour la suite des débats. Nous estimons que la cour a violé le droit de M. Mamadou Aliou Bah d’être jugé dans un délai raisonnable. Dans tous les cas, nous restons déterminés et ne baisserons pas les bras », a-t-il affirmé avant de promettre leur présence à la prochaine audience afin d’entendre la décision de la cour concernant leur demande de couverture médiatique du procès. 

Aliou Diaguissa Sow 

Tel : 627 51 44 41 

Articles similaires