Condamné à de lourdes peines par la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité, le procès en appel de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, et de son coaccusé Jin Sun Cheng, alias Kim, s’est poursuivi devant la chambre des appels de la CRIEF.
Dès l’ouverture de l’audience, le président de la chambre des appels, Daye Mara, a appelé Amadou Damaro Camara à la barre pour sa déposition.
Devant le juge et ses assesseurs, l’ancien président de la 9ᵉ législature guinéenne a d’abord remercié la cour d’avoir ordonné son hospitalisation, avant de déclarer :
« Ma condamnation découle, à mon sens, de deux raisons. Premièrement, je devrais être condamné parce que j’étais président de l’Assemblée, parce que je m’appelle Amadou Damaro Camara, ou encore à cause de menaces imaginaires qui sont, selon moi, les pires ennemis de la justice. On a assimilé le non-respect des règles de passation des marchés à de la corruption. Et même dans cette logique, cela pourrait, au mieux, être considéré comme une insuffisance administrative — mais une insuffisance qui n’a coûté aucun franc à l’État. Pourtant, la cour a préféré assimiler cela à de la corruption », a-t-il martelé.
Dans la même dynamique, Amadou Damaro Camara a plaidé
« Tout ça pour ça… Je demande à la cour, monsieur le président, de bien vouloir examiner ce dossier sous un prisme de bienveillance. Je n’ai jamais voulu voler de l’argent. Je n’ai jamais voulu violer les règles. Je suis loin d’être un juriste, mais je peux vous dire une chose : j’ai fait des choses ailleurs. J’ai fait partie des six experts en gestion de la dette recrutés par l’Union africaine à l’époque. Nous avons aidé des pays en dehors de l’Afrique, comme l’Argentine. Donc, il y a des choses que je ne peux pas me permettre », a-t-il soutenu, avant de poursuivre.
« J’ai appris et exercé la gestion de la dette depuis 50 ans. Et pour finir, j’ai quitté la Banque centrale, le seul service où j’ai travaillé pendant quarante ans. Je n’ai jamais géré un quelconque fonds public. J’ai travaillé en dehors de la Guinée pendant une vingtaine d’années pour ces achats. Ni moi, ni aucun de mes 13 enfants n’a jamais été gratifié d’un emploi dans la fonction publique, ni n’y a travaillé. Le fonds public, ça n’a jamais été mon affaire », a-t-il réitéré.
L’affaire a été renvoyée à huitaine pour la suite des débats, à la demande de l’avocat de l’agent judiciaire de l’État guinéen.
Aliou Diaguissa Sow
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