Le procès de Bafodé Camara et Daniel Dopavogui, poursuivis pour des faits présumés d’association de malfaiteurs et de complicité de vol à main armée, s’est ouvert ce mardi 15 avril 2025 devant le tribunal criminel de Mafanco. Ces infractions sont prévues et punies par les articles 784, 373 et 381 du Code pénal guinéen.
Les deux accusés, agents de sécurité privée, sont soupçonnés d’avoir orchestré l’attaque de l’usine Tassana, appartenant à Monsieur Léon Sacko, située au quartier Dabonpa, dans la commune de Tombolia. Ils étaient en service dans la nuit du 5 au 6 février 2024, au moment où l’attaque s’est produite. Une somme de quatre-vingt millions huit cent dix-huit mille (80 818 000) francs guinéens, deux ordinateurs et d’autres biens ont été dérobés par les assaillants.
À la barre, Daniel Dopavogui a nié les faits qui lui sont reprochés.
« À 2 heures, le patron m’a appelé pour connaître ma position. Je lui ai menti en lui disant que j’étais dans la cour de l’usine alors que j’étais sorti chercher à manger chez moi, vers 22 heures. Il m’a demandé si j’avais entendu du bruit, j’ai répondu non. À mon retour, j’ai constaté qu’il y avait eu une attaque à l’usine », a expliqué l’accusé avant d’ajouter : « Après avoir mangé, j’ai regardé un peu la télé, puis je me suis endormi. »
Daniel Dopavogui affirme avoir assuré la garde, tout en reconnaissant certaines erreurs. Il précise que lorsqu’il est sorti, il a laissé son coaccusé, Bafodé Camara, sur les lieux.
« J’ai demandé à Bafodé ce qui s’était passé. Il m’a dit qu’il avait été ligoté par les assaillants », a-t-il déclaré.
Bafodé Camara, pour sa part, a raconté les faits depuis le début de l’intrusion :
« Entre 2 h et 3 h du matin, des individus sont entrés dans la cour de l’usine. Pensant que c’était Daniel, je suis allé voir. Je suis tombé sur un inconnu armé d’un fusil. Il m’a terrassé. Les autres sont venus et m’ont demandé avec qui j’étais. J’ai répondu que mon coéquipier était sorti chercher à manger. Ils m’ont demandé de leur montrer les bureaux. Par peur d’être tué, je les ai conduits. Une fois sur place, j’ai essayé de les dévisager, mais c’était impossible, ils étaient tous encagoulés. Ils m’ont ligoté, bâillonné, puis m’ont placé face à la caméra de surveillance. À ce moment, j’ai compris que l’un d’eux connaissait bien les lieux. Après avoir pris ce qu’ils voulaient, ils ont tiré en l’air avant de fuir. »
À son retour, Daniel, accompagné d’un certain Monsieur Camara — qui se trouvait dans un restaurant à proximité — et d’autres personnes, l’a détaché.
« Daniel m’a demandé ce qui s’était passé. Je lui ai tout expliqué », a-t-il précisé.
Bafodé affirme avoir vu au moins six (6) assaillants, tous armés de fusils, vêtus de gilets et encagoulés.
« Une fois détachés, nous sommes allés informer le patron, qui habite non loin du site. Il a alerté la gendarmerie, et un pick-up est venu nous chercher pour les besoins de l’enquête », a-t-il ajouté.
Il a également contesté la version de Daniel, selon laquelle il (Bafodé) dormait au moment de l’attaque et que c’est Daniel qui l’aurait réveillé.
« Ce n’est pas vrai », a-t-il martelé.
À une question posée par l’avocate de la défense, Bafodé a répondu :
« Quand le patron a visionné les images d’une des caméras de surveillance, il nous a dit que c’était Daniel qui apparaissait à l’écran. Ce dernier a nié. »
Lors de la confrontation, Bafodé Camara a souligné :
« Le lacoste que portait la personne filmée dans la vidéo que le patron nous a montrée était identique à celui que Daniel avait sur lui. »
Daniel, quant à lui, a nié que leur patron l’ait appelé pour regarder la vidéo. Il a également donné une autre version sur la tenue que portait Bafodé lorsqu’il est sorti chercher à manger. Bafodé affirme qu’il portait un lacoste, alors que selon Daniel, il était en maillot du Syli national.
Le président de l’audience a renvoyé l’affaire au 22 avril 2025 pour la comparution de la partie civile.
Mamadou Macka DIALLO
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