Damaro à la barre de la chambre des appels de la CRIEF : « Si j’ai fait appel, c’est pour sauver mon honneur »

Condamné à de lourdes peines par la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour plusieurs chefs d’accusation au même titre que son co-accusé Jin Sun Cheng alias Kim, notamment pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité, sur un montant de 15 milliards de francs guinéens, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, a comparu ce jeudi 17 avril 2025 devant la chambre des appels de ladite cour. 

À la barre, il a expliqué les raisons qui l’ont poussé à interjeter appel. « J’ai fait appel pour laver ma réputation, d’abord devant mes enfants, devant mes épouses et devant l’opinion publique. Les plus intelligents que nous disent : quand vous perdez de l’argent, vous n’avez rien perdu ; quand vous perdez votre santé, vous avez perdu quelque chose ; mais quand vous perdez votre réputation, vous avez tout perdu. L’instance a voulu souiller ma réputation. Je n’ai jamais voulu travailler dans la fonction publique, justement pour ne pas entacher cette réputation. Si ce n’est pas dévoiler un secret, dans le gouvernement de 1996 dirigé par Sidya Touré, c’est moi qui ai rédigé la liste des membres du gouvernement. Je pouvais prendre n’importe quel poste, j’ai refusé parce que je ne voulais pas me retrouver dans certaines situations. » 

Sous le régime d’Alpha Condé, rappelle-t-il, il a été deux fois député, président du groupe parlementaire, et pourtant : « J’ai été proposé à deux postes ministériels qu’on peut qualifier de juteux, j’ai refusé. Depuis 40 ans, j’ai quitté la Banque centrale la seule branche de l’administration dans laquelle j’ai travaillé en Guinée. Aucun de mes enfants ne travaille dans la fonction publique. Je ne l’ai jamais souhaité, malgré tout ce que j’ai été. Je leur ai dit : débrouillez-vous autrement. » 

Et de conclure. « C’est pour sauver cet honneur-là. Et si j’ai fait appel, c’est pour ça. Je vis cette situation très difficilement. Au-delà de la douleur physique, c’est une blessure profonde à mon honneur. Et cet aspect est très important pour moi. » 

Au moment où nous mettons cet article en ligne, l’audience a été suspendue pour une durée de 15 minutes. Cette suspension est intervenue après une demande de renvoi formulée par l’avocat de l’État guinéen, qui souhaite disposer d’un délai supplémentaire d’une semaine pour présenter sa plaidoirie. 

Aliou Diaguissa Sow 

Tél : 627 51 44 41 

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