Alors que le verdict dans le procès en appel d’Aliou Bah, leader du MoDeL incarcéré depuis le 26 décembre 2025, est repoussé au 28 mai prochain, ses avocats dénoncent une justice instrumentalisée et une gestion politique du dossier. Pour Me Halimatou Camara et sa consœur Me Houleymane Bah, ce nouveau report illustre une dérive judiciaire préoccupante. Me Galissa Hady Diallo, pour sa part, garde l’espoir d’une décision conforme au droit, tout en mettant en garde contre les conséquences d’un éventuel jugement reposant sur des considérations non légales.
Dans son intervention, Me Halimatou Camara s’insurge contre la décision de la cour. « Rien que le fait de mettre cette affaire en délibéré jusqu’au 28 mai est, en soi, une preuve suffisante de la persécution judiciaire que subit notre client. Cela démontre que l’appareil judiciaire auquel nous faisons face est manipulé. Les magistrats qui siègent ne sont manifestement pas au service du droit, ni de la légalité. Or, toute personne poursuivie selon les règles prévues par la loi a le droit de connaître son sort dans un délai raisonnable. En repoussant ce délibéré au 28 mai, on se demande ce qui se prépare. Attend-on un futur décret de remaniement des magistrats ? Si tel est le cas, cela signifierait qu’Aliou Bah devra comparaître encore une fois devant une autre cour. C’est révélateur d’un système judiciaire manipulé, et c’est une honte. Dans de telles conditions, nous n’avons aucun espoir de voir notre client recouvrer sa liberté », a-t-elle déploré.
Me Houleymane Bah, de son côté, critique également le délai du renvoi. « Cette décision de la cour de placer l’affaire en délibéré pour un mois de plus est inadmissible. La cour avait déjà un délai de trois mois pour statuer. Aujourd’hui, nous sommes projetés dans une attente qui s’étend à quatre, voire cinq mois. Ce n’est plus de la justice, mais un appareil totalement manipulé, dont il ne peut rien sortir de bon. Le ministère public, lui, n’a rien produit de consistant. En relevant appel, ses réquisitions se sont révélées vides de sens, sans aucune base légale », a-t-elle affirmé.
Pour Me Galissa Hady Diallo, malgré tout, l’espoir demeure. « Une décision de justice aurait dû être rendue depuis le 7 avril. La cour avait là l’occasion de corriger l’illégalité manifeste de la situation. La juge a pris, en toute souveraineté, la décision de renvoyer au 28 mai. Nous espérons qu’elle fera preuve de la même indépendance, de la même autorité, pour relaxer purement et simplement M. Aliou Bah, qui n’a commis aucun acte répréhensible au regard des lois de notre pays. Si toutefois la juge choisit de le condamner sur d’autres fondements que ceux prévus par la loi, elle devra en assumer les conséquences, tout comme l’ensemble de la société », a-t-il martelé.
Aliou Diaguissa Sow
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