À l’occasion d’un atelier régional tenu les 5 et 6 mai 2025 à Conakry dans le cadre du Projet de Développement de l’Agriculture Commerciale en Guinée (PDACG), marqué par des échanges entre les représentants de plusieurs pays africains notamment la Guinée, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et le Togo, la Guinée a réaffirmé son ambition de faire du fonio un produit stratégique à l’échelle internationale. Premier producteur mondial, le pays entend désormais structurer sa filière, créer un réseau ouest-africain, promouvoir des labels de qualité et intensifier les partenariats internationaux pour transformer cette céréale ancestrale en un levier puissant de croissance économique.
À la fin de l’atelier organisé par le groupe de la Banque mondiale, le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage ainsi que l’Agence Guinéenne de Promotion des Exportations (AGUIPEX), le réseau nouvellement créé a présenté plusieurs visions, notamment celle qu’« en 2040, le fonio sera apprécié, célébré, valorisé et dégusté par les consommateurs du monde entier ».

Dans sa communication, Oumar Barry, secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, a rappelé que la Guinée est le premier bassin de production de fonio, avant de préciser les raisons de la tenue de ce séminaire. « Ce séminaire fait suite à une première réunion qui s’est tenue en Guinée en novembre dernier, lors d’un forum international ayant réuni de nombreux invités européens, africains et asiatiques. Lors de ce forum, un certain nombre de recommandations ont été formulées, notamment la nécessité de réorganiser la filière fonio de Guinée. Plusieurs questions ont été posées aux Guinéens, ce qui a motivé notre rassemblement de trois jours à Mamou pour élaborer une stratégie pour les cinq prochaines années. Vous savez, le fonio est une denrée très spécifique », a-t-il expliqué.
Poursuivant son intervention, Oumar Barry a évoqué les enjeux et les objectifs de cet atelier. « Les enjeux liés au fonio sont très importants. À la sortie de ce séminaire de deux jours, notre objectif est de maintenir notre position de leader en Afrique. Nous sortons de ces travaux avec beaucoup d’espoir pour l’avenir du fonio en Guinée, un patrimoine quasiment ancestral », a-t-il affirmé, tout en insistant sur le fait que « nous sommes dans un environnement concurrentiel où la qualité est un défi quotidien ».
« Nous avons besoin des autres pays pour évoluer. Aujourd’hui, nous repartons avec une dizaine de recommandations qui permettront de redorer l’image du fonio guinéen dans le monde », a-t-il ajouté.
« Des entreprises européennes, notamment hollandaises, françaises, ainsi que des Américains, étaient présentes. Le fonio est déjà consommé sur leur territoire. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est développer des labels pour la Guinée et la sous-région afin de vendre des produits ‘Made in Africa’, au-delà de nos frontières. Nous ferons tout pour que le fonio soit non seulement un label guinéen, mais aussi un label africain », a-t-il souhaité.

Prenant la parole à son tour, Mme Jeanne Coulibaly, chargée du Projet de Développement de l’Agriculture Commerciale en Guinée pour la Banque mondiale, a souligné l’importance de ce séminaire pour la filière fonio. « C’est un instrument vraiment clé pour promouvoir le développement économique et inclusif dans la filière fonio. Sans partenariat et collaboration, il est difficile de se faire connaître à l’international. Il faut tisser des liens avec des partenaires aux États-Unis, au Japon et en Europe. Le réseau mis en place sera un instrument capital pour porter la filière fonio sur la scène internationale », a-t-elle déclaré.
Elle a également précisé. « Ces travaux ont abouti à la définition d’un plan d’action opérationnel. L’étape suivante est de mettre ce plan en œuvre afin de faire du fonio un produit stratégique pour la Guinée et les autres pays membres du réseau. La Banque mondiale reste engagée à accompagner tous les acteurs pour opérationnaliser ce plan », a-t-elle promis, avant de rappeler que la Banque mondiale soutient également d’autres filières, telles que celles de la volaille, de l’anacarde et du riz.

De son côté, Hamidou Diallo, coordinateur national du PDACG, est revenu sur l’objectif principal de l’atelier :
« L’objectif est de mettre en place un réseau pour faciliter les échanges entre les Guinéens et les partenaires internationaux. Vous conviendrez qu’une bonne production nécessite aussi une bonne commercialisation pour booster davantage la filière. Ce réseau va donc favoriser ce processus », a-t-il expliqué.
Il a également évoqué les actions entreprises. « Lors du forum international de novembre dernier, les producteurs guinéens avaient exprimé leur besoin d’accompagnement. Le PDACG a entendu leur appel et a lancé un appel à projets pour soutenir 110 promoteurs dans la filière fonio, aussi bien au niveau de la production que de la transformation », a-t-il indiqué.
Enfin, il a précisé. « La structure du réseau est désormais mise en place. Nous travaillons actuellement sur le plan d’action, et dans six mois, nous nous retrouverons pour définir de nouvelles stratégies pour avancer », a-t-il annoncé, avant de remercier leurs partenaires, notamment le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage et la Banque mondiale.
Il a conclu en exprimant son espoir. « Nous espérons vraiment que, grâce aux résultats du projet, nous pourrons aller vers une seconde phase pour accompagner davantage nos promoteurs et favoriser la commercialisation de nos produits, notamment à travers ce réseau nouvellement créé pour la filière fonio », a-t-il terminé.
Aliou Diaguissa Sow
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