Gestion des déchets liquides à Conakry : vers la construction d’une Station de traitement des Boues de Vidange…

CONAKRY- Déterminé à relever les défis majeurs de l’assainissement dans la capitale, le Gouvernement guinéen, appuyé par ses partenaires au développement, a entrepris la réhabilitation et l’extension de la Station de Traitement des Boues de Vidange (STBV) de Sonfonia. Ce projet stratégique, situé dans la commune du même nom, vise à renforcer durablement les capacités de traitement des déchets liquides à Conakry.

Ce projet structurant, piloté par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation à travers l’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité Publique (ANASP), s’inscrit dans le cadre plus large du Programme d’Assainissement financé par la Banque Islamique de Développement (BID) avec l’appui de plusieurs partenaires majeurs, notamment la Fondation Bill & Melinda Gates, l’ISFD, le King Salman Fund et le Qatar Fund for Development.

Une réponse à une urgence sanitaire persistante

Longtemps confrontée à des défaillances dans la gestion des boues de vidange, la ville de Conakry disposait d’une ancienne station à Sonfonia, conçue pour une capacité limitée de 50 m³/jour. Fermée depuis 2012 en raison de son obsolescence, cette station ne pouvait plus répondre aux besoins croissants d’une population urbaine en pleine expansion, exposant les habitants à des risques sanitaires accrus.

Face à cette situation critique, le Gouvernement a engagé une modernisation complète des infrastructures existantes, portant la capacité de traitement à 250 m³/jour. Les travaux, confiés au groupement ENCODI/DELVIC, prévoient la construction d’une station de traitement des boues de vidange de Sonfonia qui s’étendra sur une superficie de 2,35 hectares qui inclura également l’aménagement des voies d’accès, en vue d’améliorer les conditions d’exploitation et de logistique autour de la station.

Le procédé de traitement retenu est le lagunage naturel qui repose sur les principes suivants :

  • Optimisation de l’espace : réutilisation maximale des ouvrages existants afin de limiter l’empreinte supplémentaire et les coûts d’investissement ;
  • Fiabilité des installations : adoption d’une conception simple, avec un minimum d’équipements électromécaniques, ce qui réduit les risques de pannes, de dysfonctionnements et d’interruptions d’exploitation, souvent causés par un manque d’entretien ;
  • Flexibilité opérationnelle : mise en œuvre d’ouvrages fonctionnant en parallèle, permettant l’arrêt de certaines unités pour entretien sans interrompre le traitement global, grâce à une possibilité de dérivation des effluents vers les unités non arrêtées.

Parmi les principales infrastructures en cours de réalisation figurent :

  • La construction d’un ouvrage de réception et de dégrillage des boues de vidange, destiné à assurer la première étape de prétraitement par élimination des déchets grossiers.
  • L’abandon des bassins de décantation existants, jugés obsolètes, au profit de la construction de deux nouveaux bassins de décantation (dimensions : 9,2 m × 3 m × 1,5 m) et de deux bassins anaérobies (dimensions : 12 m × 6 m × 3 m), conçus pour assurer un traitement primaire et anaérobie efficace.
  • La construction d’une station de pompage pour transférer les boues décantées vers les lits de séchage.
  • Le réaménagement des deux lagunes existantes : chacune sera configurée en un bassin facultatif (59,5 m × 28 m × 1,5 m) et un bassin de maturation (32,5 m × 28 m × 1,5 m), conformément au procédé de lagunage naturel.
  • L’installation de 8 lits de séchage des boues, chacun de dimensions 12 m × 8 m, pour la déshydratation des boues pompées.
  • La création d’une aire de stockage des boues séchées d’une superficie de 420 m², prévue pour assurer leur entreposage temporaire avant évacuation ou valorisation.
  • L’aménagement de la voirie interne de la station ainsi que la mise en place des réseaux divers (eau, électricité, assainissement) nécessaires au bon fonctionnement des installations.
  • L’aménagement des voies d’accès pour faciliter l’arrivée des camions de vidange et la circulation autour de la station.

Un modèle appelé à se dupliquer

En parallèle, le Gouvernement prévoit aussi l’implantation d’une deuxième station de traitement à Yimbaya, dans la commune de Matoto, dans le cadre du projet PAC 2GUI 1002. Cette future STBV, identique à celle de Sonfonia en termes de capacité et de conception, devrait voir ses travaux débuter en août 2025.

Avec ces projets d’envergure, la Guinée fait un pas décisif vers une gestion moderne et durable de ses déchets liquides, en ligne avec les objectifs de santé publique, de salubrité et de préservation de l’environnement.

Oumar Bady Diallo

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