« Le pont est quand même très bien fait, mais le problème, c’est que le prix est un peu exagéré », déplore un chauffeur.
Depuis son inauguration le 27 avril 2025 par les autorités guinéennes, le pont à péage de Tanènè, situé sur la route nationale numéro 3 reliant Conakry à Boké, ne cesse de faire l’objet de critiques, notamment de la part des chauffeurs interurbains. Ces derniers dénoncent non seulement le coût jugé élevé du passage, mais aussi les multiples tracasseries routières imposées par les brigades mobiles postées le long de cet axe très fréquenté.
❝ On souffre sur la route, les barrages sont trop nombreux ❞

Interrogé à la gare routière de Bambéto, Ibrahima Sory Diallo, chauffeur de la ligne Sangarédi–Boké–Conakry, ne cache pas son amertume. « Actuellement, on rencontre assez de difficultés en cours de route. Il y a beaucoup de barrages. Et avec le pont de péage de Tanènè, les taxes qu’on y paie sont trop élevées, surtout pour les petits véhicules. Les 20 000 francs pour une petite voiture, c’est excessif. Nous demandons aux autorités de revoir ce tarif et de réduire aussi le nombre de barrages. Nous souffrons énormément, surtout au niveau de Grand Molin, là où la police routière contrôle les bagages. Certains chauffeurs y reçoivent des amendes de 500 000, voire 1 million de francs guinéens pour surcharge. »
❝ Le pont est bien construit, mais trop cher pour nous ❞

Même son de cloche du côté de Malick Touré, chauffeur sur la ligne Boké–Sangarédi, qui reconnaît la qualité de l’ouvrage tout en dénonçant son coût. « Le pont est bien construit, mais le prix qu’ils ont fixé est exagéré. Demander à un transporteur de payer 20 000 francs pour traverser, c’est vraiment difficile. Et entre Conakry et Boké, il y a plus de cinq brigades mobiles. À chaque barrage, on doit payer 10 000 ou 20 000 francs. Et si on a des bagages, c’est encore pire : ils nous imposent des forfaits de 300 000 à 500 000 francs. Ça devient invivable. »
Il propose une révision à la baisse du tarif du péage, suggérant un montant compris entre 5 000 et 10 000 francs guinéens. Pour lui, les dépenses cumulées sur la route pour se rendre à Sangarédi peuvent atteindre jusqu’à 100 000 francs, uniquement en frais de barrage.
« On ne peut pas s’en sortir dans ces conditions. C’est pour cela qu’il y a souvent des tensions entre passagers, chauffeurs et syndicats. À la gare routière, on est obligé de fixer les tarifs des bagages en fonction de ces coûts. Moins de barrages signifierait des prix plus accessibles pour les passagers. Mais là, c’est intenable. »
❝ Les plaintes sont nombreuses ❞

Confirmant les doléances des chauffeurs, Oumar Hadjirina Bah, l’un des responsables syndicaux de la gare routière de Bambéto, affirme que les plaintes sont fréquentes. « Oui, nous recevons des plaintes régulières de la part des chauffeurs. Les tracasseries commencent dès les grands carrefours de Conakry, surtout pour ceux qui partent la nuit. »
Entre la réalité du terrain et les promesses d’amélioration des conditions de transport, les chauffeurs attendent des actes concrets de la part des autorités, notamment en termes de réduction des coûts et des barrages sur cette route nationale stratégique.
Aliou Diaguissa Sow
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