
À la veille du lancement des épreuves des examens de sortie en République de Guinée, un communiqué signé par la ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi a été publié dans la nuit du 10 juin 2025, annonçant un nouveau report au 17 juin. Pour rappel, il s’agit du troisième report, consécutif à plusieurs problèmes, notamment liés aux PV. De nombreux candidats n’ont toujours pas reçu les leurs.
Dans un entretien accordé ce mercredi 11 juin à un journaliste de guinée114.com, le recteur de l’Université Nelson Mandela, par ailleurs directeur de l’Institut Professionnel des Formations Initiales et Continues dans la commune de Matoto, a exprimé son désarroi. Selon lui, « la situation aurait pu être évitée ».
« Il y a des problèmes de plusieurs ordres. D’abord, certains PV ont été bloqués. On a dit que ces personnes ne composeront pas. C’est là le plus grand problème, car des jeunes ont suivi trois années de formation, payé les frais, obtenu leur numéro INAM via la même plateforme numérique. Et aujourd’hui, on leur dit qu’ils ne passeront pas l’examen… C’est incompréhensible.
C’est ce qui a provoqué des manifestations à travers tout le pays : les étudiants ont marché pour réclamer leurs droits. »
À ces problèmes s’ajoutent, selon lui, des changements inattendus dans la nature des diplômes à délivrer.
« Certains étudiants qui devaient passer le BTS se retrouvent inscrits pour le BEP. Cela aussi a suscité beaucoup de mécontentements.
Ensuite, il y a eu un autre souci avec les cartes biométriques destinées aux candidats : dans certaines écoles, la même photo apparaissait sur toutes les cartes. C’est une erreur humaine, certes, mais c’est une erreur grave.
Il y a aussi des cas de doublons de PV, c’est-à-dire qu’un même candidat se retrouve avec deux procès-verbaux. Tous ces problèmes démontrent qu’il y avait de sérieuses défaillances techniques. »
M. Dioubaté affirme toutefois que la ministre a instruit de prendre en charge tous les candidats, y compris ceux initialement omis.
« Les établissements ont travaillé avec le ministère pour trouver une solution, même si cela a été difficile. Finalement, face au fait accompli, il était impossible de procéder aux évaluations dans de telles conditions. On n’était pas prêts, alors même que tout était programmé depuis longtemps.
Aujourd’hui, les écoles s’activent pour intégrer les candidats omis. Madame la ministre a donné l’ordre de les prendre tous en charge. L’objectif est que chacun puisse participer aux évaluations prévues le mardi 17 juin. »
Malgré cette prise en charge, Mory Dioubaté regrette les conséquences psychologiques de cette situation sur les encadreurs et les étudiants.
« Le moral est bas, aussi bien chez les encadreurs que chez les étudiants. Un examen ne doit pas débuter dans une telle confusion. Il faut de la sérénité. Mais à force d’être balottés, on finit par en ressentir les effets psychologiquement.
Cela dit, je pense que le ministère, comme les autres acteurs, tirera les leçons de cette crise. »
Pour finir, il a lancé un appel en faveur d’une réforme en profondeur :
« Le message fort que je veux transmettre, c’est qu’il faut accepter de réformer le système. L’un des plus grands couacs, c’est d’avoir voulu empêcher ceux qui n’ont pas le bac de passer le BTS. C’est une question qui mérite réflexion.
À mon avis, notre pays souffre d’un déséquilibre : nous avons formé plus de cadres supérieurs que de cadres moyens. Autrefois, nos travaux techniques étaient assurés par des experts étrangers. Il est temps d’adapter notre système à nos besoins réels. »
Mamadou Macka DIALLO
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