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Damaro à un député: «Je vous interdis de me faire des reproches»

C’est un propos qui a fini par une boutade et des éclats de rires. Mais c’est surtout une scène révélatrice du vrai visage peu démocratique de la neuvième législature, dont le RPG, parti au pouvoir, occupe 79 sièges sur les 114. La plupart des 35 autres sont occupés par ses alliés.

Tout est parti ce samedi,  21 novembre 2020, d’une critique faite par le député Badiko Bah, l’un des rares à voter parfois contre et à critiquer les textes soumis par l’exécutif. Dans la phase des débats lors du vote de deux conventions ferroviaire et portuaire pour le transport et l’évacuation du minerai de fer des blocs   1 et 2 de Simandou, le député Baadiko n’a pas manqué de protester contre le comportement de « l’honorable président » Amadou Damaro Camara.

«Je regrette amèrement que vous ayez eu à couper la parole à mon collègue, l’honorable Abdoulaye Sanoh, qui a toujours été constructif dans ses interventions», a fustigé l’honorable Baadiko après avoir dit ses remarques sur ces conventions soumises tardivement aux députés dont certains se plaignent de ne pas être sûrs de bien comprendre le contenu.  La réaction de Damaro Camara ne tardera pas. «Je vous interdis de me faire des reproches. J’ai dit que pour une fois, vous alliez être sage, mais en fin de compte vous ne l’avez pas été» , dit-il avant de passer la parole au suivant.

Contrairement à son prédécesseur, Kory Kondiano, qui a dirigé la huitième législature avec une forte présence des principaux partis d’opposition, Amadou Damaro Camara à une forte personnalité qui rime parfois avec un autoritarisme exagéré, souvent hostile au débat. Il peut couper un député en train de s’exprimer, ridiculiser un autre en plénière et donner des leçons à tout le monde.

«La règle est que le président de la République a le droit de nous saisir sur n’importe quel document en procedure d’urgence. Et nous avons l’obligation de nous soumettre à cette procédure d’urgence en travaillant jour et nuit, c’est pourquoi il nous paie». Tels sont les propos peu pédagogiques du même président de l’Assemblée nationale à des députés qui se plaignent d’être saisis le matin de textes portant sur un investissement de plus de 15 milliards de dollars pour les examiner en inter-commission dans la journée et les voter le lendemain.

Quelques mois avant, c’est le député Abdoulaye Kourouma qui a viré du bureau de l’Assemblée nationale parce que devenu gênant pour le numéro 1 du pouvoir législatif.  L’absence des principaux partis d’opposition contribue à faire de Damaro un petit roi à l’Assemblée nationale.

Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

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