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Affaire 200 milliards: les “précisions” de Me Dinah Sampil, avocat de la ministre Zenab Dramé

Conakry-“Ce n’est pas contre la presse, je tiens à le préciser, c’est contre des journalistes nommément cités”. Ce sont là l’une des premières précisions apportées ce mardi, par Me Dinah Sampil, avocat de la ministre Zenab Nabaya Dramé, accusée de détourner plus de 200 milliards de francs guinéens.

L’avocat, qui parle de diffamation dans cette affaire pour expliquer la plainte contre trois journalistes, ne brandit aucune preuve de l’utilisation d’un quelconque fonds par sa cliente. Il déplore le manque de preuves dans les articles incriminant la ministre, parus chez nos confrères de Guineenews, Guinee7 et inquisiteurs dont les responsables sont convoqués au tribunal. “C’est à l’accusateur d’apporter les preuves de l’accusation, ce n’est pas à l’accusé, parce qu’il est présumé innocent. J’ose croire, jusqu’à preuve du contraire, que les journalistes qui ont fait ces révélations, ne sont pas partis de rien, du néant; qu’ils ne sont pas partis de leur propre intention de nuire, qu’ils ont de preuves qu’ils doivent fournir pour accabler la personne indiquée. Alors, s’il faut dire que c’est à madame Zenab Dramé d’apporter des preuves, mais on ne les trouvera pas”, dit-il.

Me Dinah Sampil n’a pas manqué de mentionner que la prétendue commission mise en place à la présidence de la République dont parle Guineenews dans un de ses articles, n’a jamais existé. Il a aussi surfé sur une affirmation prêtée à l’AFD. L’Agence française de développement aurait témoigné qu’aucun franc venant d’elle n’a été détourné, contrairement aux accusations de Guineenews.

Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum avait annoncé une enquête sur cette affaire. Pourquoi ne pas attendre l’issue de l’action annoncée par le procureur de la République avant de porter plainte ? «Le procureur est le représentant de la société alors que madame Zenab défend ses intérêts personnels, son image. L’action de monsieur le procureur de la République est une action contre X, donc contre une personne non encore identifiée. Vous accepterez donc que c’est une action à deux volets.  Non seulement elle va chercher à identifier s’il y a eu détournement, qui en est l’auteur, mais également, à l’envers, chercher à vérifier si les révélations de ces journalistes-là sont fondées ou pas par les preuves qu’ils sont tenus d’apporter. La conséquence c’est quoi ? Le procureur ne cherche qu’à faire appliquer ou à faire prononcer une peine de prison, ça s’arrête là. Maintenant, les réparations civiles, au cas où il n’y aurait pas de preuve, relèvent de ce qu’on appelle l’action civile, qui n’est réservée qu’à ceux qui se sentent victimes d’un fait quelconque par un autre citoyen. Donc les deux actions certes se complètent mais, n’ont pas les mêmes conséquences  parce que  Madame Zenab ne cherche à faire emprisonner qui que ce soit. Elle cherche à laver l’affront qui lui est fait. Donc les deux actions ne s’excluent pas. Les deux actions sont bien possibles. Et la preuve, si Madame Zenab réussissait dans son action, ça va donner un élément d’appréciation au procureur dans l’action que lui il a ouverte contre X, ça va aider à identifier X. Parce que si au bout du compte de l’action engagée par Zenab Dramé, les journalistes n’arrivent pas à prouver, c’est que leurs révélations sont diffamatoires.  Et ça permet de résoudre un aspect de l’action de monsieur le procureur. 

Et, de l’autre côté, si les journalistes arrivent effectivement à apporter la preuve, Madame Zenab Dramé serait alors l’auteur de ce qui a été révélé dans les articles. Voilà pourquoi, pour son intérêt, elle n’a pas attendue et elle n’avait pas à attendre l’action du procureur dans laquelle elle ne se trouve pas être partie civile», explique l’avocat.

Cette conférence de presse, selon Me Dinah Sampil, “ce n’est pas pour juger, mais pour que l’opinion sache que madame la ministre ne se reproche de rien et que son silence n’était que humain parce qu’elle pensait qu’avec l’exigence des preuves que réclame presque l’opinion dans son entièreté, aurait emmené les auteurs de ces articles à prendre conscience et faire amende honorable.  Mais puisqu’ils persistent dans leurs affirmations, il était donc normal qu’elle prenne à informer l’opinion nationale sur le contraire de ce qui s’affirme jusque-là et dire à l’opinion quelle ne restera pas les bras croisés, qu’elle va entreprendre une action en justice pour se faire laver de l’affront”, dit-il.

Parlant du choix du tribunal de Kaloum, l’avocat mentionne que c’est parce que c’est le lieu où les faits se seraient passés. La commune de Kaloum abrite également tous les sites à l’exception d’Inquisiteur de Moussa Moise Sylla. Le site inquisiteur n’est pas dans Kaloum “mais c’est un relayeur des informations données par Guineenews et Guinee7”, mentionne-t-il.

Pourquoi alors viser la loi sur la cyber-sécurité et non la loi sur la liberté de la presse, quand on sait que la première implique des peines de prison. L’avocat répond en disant que sa cliente ne cherche aucunement à faire emprisonner les journalistes, mais “la réparation civile du préjudice”. 

A noter que l’ouverture du procès est prévue le 15 décembre 2020 au Tribunal de première instance de Kaloum.

Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

622 10 43 78

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