Dans un communiqué diffusé en début de semaine, le Secrétariat Général des Affaires Religieuses, après avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a interdit les prières collectivités nocturnes des dix derniers jours du Ramadan dans les mosquées sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision est violemment contestée dans certaines villes de l’intérieur du pays, notamment Siguiri, Kankan, N’Zérékoré et Kérouané où il y a eu mort d’homme.
Joint par notre rédaction ce jeudi 6 Mai 2021, le Chroniqueur islamique en N’Ko, l’imam Nanfo Diaby s’est prononcé sur ce sujet brûlant de l’actualité nationale. Pour lui, il y a une main noire de certains imams dernière ces troubles. Mais il précise que tout cela est favorisé par la méconnaissance de l’islam par la population en raison du fait que celle-ci n’est pas enseignée dans les langues nationales.
Pour d’amples informations, nous mettons à votre disposition ce qu’il nous a confié.
«Le fait que vous me demandez à propos de ce sujet m’a plu beaucoup. Je remercie d’abord Allah et son prophète Mohammed (PSL). Je vais dire à la population guinéenne que la religion musulmane, c’est le chemin de la vérité, de la politesse, du respect et des bonnes habitudes à adopter. La religion musulmane ce n’est pas de la violence et l’agressivité. L’islam ne veut pas dire manquer de respect aux autorités ni violer les lois. Au contraire, c’est le respect des autorités. Chez nous en Afrique, le fait qu’on n’enseigne pas notre religion dans nos langues c’est ce qui amène toutes ces violences. Si on enseignait notre religion dans nos langues, beaucoup d’erreurs que nous commettons n’allaient pas avoir lieux. Sinon la prière nocturne collective dont il est question, dans tous les livres du Saint Coran et Hadisse du prophète Mohammed (PSL), il n’est écrit nulle part que le Prophète (PSL) priait les dix dernières nuits du Ramadan dans les mosquées. Il ne l’a fait même un jour à la mosquée. Il a tout fait chez lui. C’est une affaire de la maison. Ce n’est pas une affaire de la mosquée.
Mais les religieux de chez nous n’aident pas la religion, ils s’aident eux-mêmes. Ils sauvegardent leurs propres intérêts. C’est pourquoi ils amènent les gens à dégouter notre religion. Cette prière se fait à la maison. Ce sont les imams, eux-mêmes qui devraient dire ça aux gens avant même les autorités. Et si les imams n’ont pas dit la vérité, ils se sont tus sur ça jusqu’à ce que les autorités, elles ont dit la vérité, ils devraient accepter cette vérité. Mais s’ils regardent leurs propres avantages parce que les gens viennent leur donner de sacrifices, des sacs de riz et de sucre à la mosquée. C’est pour ne pas empêcher ça. Et ils considèrent la sauvegarde de leurs propres intérêts comme progrès de la religion. Cela n’est pas le progrès de l’islam. Les imams doivent dire la vérité aux gens. La prière, c’est entre Dieu et l’être humain. Ce n’est pas entre les humains. Dès qu’on célèbre la prière, montrer à tout le monde que toi tu pries, ça devient orgueil et ça n’a pas de récompenses (barahi).
Toutes les lois du pays sont violées c’est parce qu’il n’y a pas de sanction. On ne sanctionne pas les gens. Si on sanctionnait, personne n’oserait sortir faire ces genres de chose. Les autorités judiciaires regardent la foule, elles ne regardent pas la loi…Ils ont laissé les gens détruire nos maisons et nos mosquées ici parce que nous nous prions dans notre langue. Ils n’ont pas sanctionné les gens-là. Donc si la population leur fait ces genres de chose, ça ne nous surprend pas. Si la Guinée ne prend pas des mesures à temps, certains imams sont en train d’encourager l’instauration de l’Arabisme dans notre pays qui n’a rien avoir avec la religion. Et finalement ils vont faire venir le terrorisme dans notre pays. Que Dieu nous en garde. Donc aidons notre pays, aidons notre religion. Il ne faut pas qu’on détruise notre religion. Que les imams disent la vérité aux gens. Il ne faut pas qu’ils les poussent à faire la violence », a expliqué celui qui a été interdit par le gouvernement de diriger la prière musulmane sur toute l’étendue du territoire national pour avoir fait prier des fidèles dans sa langue, Maninkakan.
Propos transcrits par Mamadou KOUYATÉ, 628-38-09-89