Les fidèles musulmans de Guinée et d’ailleurs célébreront la fête de Ramadan au terme de 29 ou 30 jours du jeûne et de prières instances pour être plus proches d’Allah.
A quelques heures de cette fête, nous sommes allés à la rencontre de l’imam ratib de la mosquée de Nongo Taadi pour parler de l’aumône en générale et particulièrement celle liée aux jeûnes. Elhadj Alsény Fadiga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a bien voulu édifier les musulmans sur ce sujet qui constitue un des cinq piliers de l’islam. Le chroniqueur islamique à la Radiodiffusion et Télévision nationale de la République de Guinée a mentionné que s’acquitter de l’aumône appelé aussi ( le moudi), un acte obligatoire. C’était au cours d’une interview qu’il a accordé un journaliste de notre rédaction le lundi 10 Mai 2021.
Guinee114 : C’est quoi l’aumône de rupture ?
Imam Alsény Fadiga : l’aumône de rupture c’est la donne qu’on fait au terme des 29 ou 30 pour purifier nos jeûnes. C’est le moudi ou l’aumône obligatoire. Elle enlève des péchés, des petites erreurs qu’on a commises pendant le jeûne. Après une période de pénitence marquée par le jeûne et des prières. Le jour de la fête de Ramadan, le jour où on nous donne le diplôme. Il dit d’abord vos résultats. Donc le Moudi qu’on fait, on dit l’aumône obligatoire. C’est le Prophète (PSL) qui a rendu ça obligatoire.
Il y a combien de types d’aumône ?
Il y a deux sortes d’aumône en islam. L’aumône sur les fortunes et l’aumône par tête de personne. L’aumône sur la fortune ça c’est comme l’impôt. Ça vise un certain nombre de montant. C’est 85 grammes d’or depuis le temps du Prophète (PSL) et ça représente, aujourd’hui, au moins, environs quarante-cinq (45) millions de francs guinéens. Si tu as un capital de 45 millions, ton chiffre d’affaires s’élève à 45 millions, après une année que ç’a atteint cela, l’année qui suit directement, tu dois enlever de l’aumône et donner aux pauvres. Et dans cela, chaque un million est frappé par l’aumône à hauteur de vingt cinq mille francs guinéens. Quant à l’aumône sur la tête de personne, c’est-à-dire individuelle, ça c’est l’aumône de la rupture. Un des compagnons du Prophète (PSL) a rapporté que le Prophète (PSL) a fait imposer l’aumône de la rupture à tout le monde.
Alors, qui doit donner réellement de l’aumône ?
Tous ceux qui sont musulmans doivent donner de l’aumône en général. Mais comme nous parlons de l’aumône de la rupture, c’est le père de famille qui doit donner l’aumône pour lui-même et de tous ceux qui tournent autour de lui. Tous ceux qui sont chez lui à sa charge. Que ça soit sa ou ses femmes, son ou ses enfants biologiques ou adoptifs, des gens qui travaillent chez lui etc. Après cette pénitence du jeûne. S’il en a la capacité, bien-sûr. Donc s’il a les moyens. Ceux qui ne sont pas mariés et ils ont le moyen, peuvent donner les 15 mille francs guinéens comme leur aumône de la rupture.
À qui l’aumône doit être donné ?
L’aumône toute confondue est faite pour les démunies, au nombre de huit catégories. Que ça soit des proches ou des lointains. Et c’est fait aussi pour certaines personnes qui ne sont pas des démunies. Comme le salaire de ceux qui travaillent là-dessus, ceux la collectent et qui transportent. Ceux qui tournent autour doivent bénéficier aussi mais ce n’est pour eux seuls. Le voyageur qui a perdu tout son argent a besoin des compassions des musulmans, les travaux pour chantiers de Dieu comme les mosquées, faire des forages pour les gens, les pauvres, les orphelins ; les veuves, celui qui a des dettes mais qu’il ne l’a pas pris par fantaisie sont entre autres des catégories de personnes qui doivent bénéficier de l’aumône. Mais il ne faut pas surtout laisser des pauvres tout près, qui vivent avec toi dans le quartier pour aller donner ton aumône aux plus lointains.
Pourquoi donner l’aumône ?
On donne l’aumône de la rupture, comme je l’ai dit, c’est pour purifier ton jeûne. Des petites taches, des erreurs, des petites saletés que comporte ton jeûne c’est ce que l’aumône purifie. Et ça va être aussi un lien de solidarité avec les pauvres pour ne pas que le jour de la fête ces pauvres ne se soucient pas de quoi manger. Les imams disent bien-sûr de donner à la mosquée, Oui. Pourquoi cela ? Moi, je suis imam. Je sais combien de personnes viennent me dire pardon s’il y a l’aumône pensez à moi car ma situation n’est pas bonne. Mais ces personnes là ne peuvent sortir demander publiquement. Et si l’imam aussi en a, il donne aux pauvres qu’il a secrètement répertorié dans le quartier suite à des doléances qu’on vienne lui poser. C’est pourquoi nous disons aux gens de donner une partie de l’aumône en denrée et une autre en argent. Certains diront que non le Prophète paix et salue sur lui, (PSL) n’a pas de l’argent. Mais au temps du Prophète (PSL) c’était le troc. S’il y avait de l’argent, le Prophète (PSL) allait donner de l’argent. Mais les gens donnaient les dattes, sorgo, fonio etc. Quand tu donnes un sac de riz à un pauvre il n’a pas prix de sauce, tu lui as fait un don, oui, mais tu l’as mis dans des difficultés aussi surtout le jour de la fête. C’est pourquoi nous disons de donner une partie de l’aumône en nature et une autre en argent pour que le pauvre puisse s’acheter les condiments afin de bien fêter.
À quand doit-on s’acquitter de son aumône de la rupture ?
C’est indiqué que c’est le matin du jour de la fête qu’on donne l’aumône avant d’aller à la prière. Certains ont dit qu’on peut donner l’aumône même trois ou deux jours avant le jour de la fête pour ne pas que le pauvre se soucie trop de quoi manger avec sa famille le jour de la fête. Si on donne donc deux à trois jours avant la fête c’est mieux aussi parce que ça permet aux démunies d’avoir un esprit tranquille pour leurs dépenses.
Quelle est la quantité à donner par personne ?
Au temps du Prophète (PSL), chaque personne donnait un chaa. C’était l’unité de mesure à l’époque. Mais l’unité de mesure aujourd’hui c’est le kilo. Deux kilos et demie correspondent à un chaa. Donc deux kilos et demie du riz blanc vaut maintenant 15 mille francs guinéens par tête. Donc donnez une partie de l’aumône de la rupture en denrée et une autre partie en argent.
Entretien réalisé par Mamadou KOUYATÉ, 628 38 09 89