Tribune-La chaîne du livre comporte quatre corps de métiers : l’écrivain, l’éditeur, l’imprimeur, le libraire. L’éditeur reste tout de même le pivot de la chaîne autour duquel gravitent les autres qui collaborent avec lui sur contrat.
L’édition garde depuis ses origines une double caractéristique : elle participe par le livre à l’expansion de l’éducation et de la culture, et elle est assujettie aux mêmes obligations incombant aux autres industries ou commerces. Il faut souligner que l’aspect intellectuel du livre l’emporte sur son aspect matériel, ce qui explique que le livre n’est pas une marchandise comme les autres. On reconnait en effet que « le livre est le meilleur garant de l’héritage spirituel d’un pays et l’ambassadeur permanent de ses valeurs à l’étranger ».
Lorsqu’autrefois un éditeur acceptait un manuscrit, il faisait signer à l’auteur un contrat qui assurait par an à ce dernier des retombées financières ne dépassant pas les 5% du prix de vente du livre. Ce contrat était valable toute la vie de l’auteur ainsi que durant un certain nombre d’années après sa mort au profit de ses ayant-droits. Ce n’est pas étonnant alors si beaucoup d’écrivains pouvaient vivre aisément de leur plume.
Les choses ont changé de nos jours au détriment de l’écrivain. Il ne peut plus vivre de sa plume parce que le livre se vend mal. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) impactent grandement l’enseignement, et l’édition en subit un coup. En fait, la pratique de la culture par le livre recule face à la télévision, le cinéma, l’internet, les réseaux sociaux et autres gadgets modernes de transmission du savoir.
Face à cette nouvelle donne, beaucoup d’éditeurs réajustent leur politique éditoriale. Ils exigent des auteurs de payer en partie les frais d’édition, par exemple acheter par avance les 50 premiers volumes. Certains accordent aux auteurs 1 à 5 exemplaires gratuits et leur font payer à moitié prix tous les autres volumes. Quant aux retombées financières annuelles, quelques éditeurs accordent des miettes et d’autres n’accordent absolument rien. « La vente n’est pas bonne », se plaignent-ils.
Aujourd’hui les écrivains sont de plus en plus contraints d’exercer un autre métier pour vivre. Car l’argent des éditeurs se répartit uniquement avec les imprimeurs et les libraires. Les écrivains qui produisent le manuscrit, la matière première, sont laissés pour compte. Ils sont réduits à acheter et revendre leurs propres livres ou bien à se contenter du gain moral. Est-ce la fin de la culture par le livre ?
[irp posts= »11130″ name= »Aéroport international de Conakry : levée du corps de Djibril Tamsir Niane en présence de plusieurs personnalités »]
Walaoulou BILIVOGUI