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Télécommunications: preuve que notre Etat peut résister au chantage

«Nous prenons souvent l’obstination pour de la fermeté, et tranquillement nous y demeurons. La fermeté, écoute l’avis contraire, l’obstination n’écoute rien», nous enseignait la femme de lettres de nationalité française Anne Marie Louise Godillon, dite Anne Barratin dans l’ouvrage De toutes les paroisses, paru en 1913. Plus d’un siècle après, cette pensée résume la leçon à retenir des récentes menaces de grève dans le secteur des télécommunications en Guinée.

Audiences accordées, recadrage par voie de presse, implication de l’inspection générale du travail…Tout aura été fait pour l’éviter mais l’obstination a eu raison de la Fédération syndicale autonome des télécommunications (FESATEL) et l’a poussée à affronter un Etat qui est resté ferme. Du duel entre Fésatel et le ministère des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique, l’Etat guinéen a su, pour une des rare fois, se faire respecter.

Depuis quelques semaines, des leaders de la fédération de syndicats des travailleurs des sociétés de téléphonie et autres fournisseurs privés d’accès à internet ont multiplié les menaces d’une grève qui, comme ils l’envisageaient, allait paralyser le secteur des télécommunications d’une paralysie pouvant aller jusqu’à un isolement du pays. Prétendant que les sociétés de téléphonie sont surtaxées, ces syndicalistes des travailleurs se sont mus en syndicalistes de leurs patrons et bombé le torse face à l’Etat. Croyant avoir à faire au même Etat qui a souvent cédé sous la pression là où il ne fallait jamais céder, ils ont saisi toutes les occasions de faiblesse du gouvernement au sein de l’opinion pour jouer à leur chantage.

Dès que la colère a grandi au sein de la population contre l’éventualité d’une hausse du prix des produits pétroliers, la Fesatel a sorti et brandi sa menace d’aller en grève. L’adversaire est resté serein. Dès que la Fésabag a annoncé une grève dans le secteur bancaire et que l’UFDG a commencé à parler de reprise des manifestations politiques, notre FESATEL a sorti encore sa queue. Cette fois, le syndicat est allé jusqu’à déclencher sa grève. Mais une semaine après, le constat d’échec crève les yeux.

Le secteur des télécommunications en Guinée a de traditionnelles insuffisances qui se traduisent notamment par les plaintes quotidiennes des consommateurs, mais rien ne s’est dégradé davantage au cours de cette semaine du fait de cette prétendue grève.

A chaque fois que la FESATEL a déposé des préavis  et avis de grèves, le ministère en charge des Télécommunications, à travers le régulateur, a rappelé simplement aux sociétés de téléphonie et autres fournisseurs d’accès internet, le contenu de leurs cahiers de charges, l’obligation du maintien des services.

Au lendemain du déclenchement de cette grève, le ministre himself a porté ses chaussures pour sillonner des agences en plus du travail technique fait à d’autres niveaux pour mesurer la qualité du service et le constat que la population elle-même a fait. La conclusion est la même et elle est sans appel : Tout marche comme d’habitude ! Non seulement les services ont été maintenus, mais aussi l’arrêté du ministère de l’Economie numérique est resté valable pour le bonheur de la Guinée dans un contexte économique où les pays doivent d’abord compter sur leurs capacité à mobiliser et sécuriser leurs ressources internes.

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Si le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’économie numérique a pu faire face à ce syndicat et à ses possibles complices parmi les sociétés de téléphonie, c’est d’abord parce qu’il maitrise sa matière et a su se défendre. C’est sûrement aussi parce qu’il n’est pas un ministre combinard. Sinon il aurait été si fragile qu’il n’aurait jamais pu taper du poing sur la table.

Oumar Saïd Koulibaly a même réuni  les responsables des sociétés de téléphonie pour leur dire ses quatre vérités tout en leur proposant de s’organiser en leur sein afin de créer, s’ils le souhaitent, un syndicat des patrons pour ne plus se laisser défendre par un syndicat des travailleurs. Un cadre de dialogue permanant a été institué entre les acteurs. Ledit cadre s’élargira prochainement à l’administration fiscale. Un audit était déjà envisagé par le chef de l’Etat dans le secteur. L’Etat est prêt à écouter et accompagner ses partenaires, mais ne se laissera pas intimider.

Preuve suffisante que quand ce sont des patriotes qui représentent l’Etat, quand les ministres et autres directeurs refusent de se salir les mains avec les acteurs de leurs secteurs respectifs et qu’ils maitrisent leurs domaines, ils peuvent éviter à l’Etat certaines « foutaises ». Le ministère des Postes, télécommunications et de l’économie numérique doit être félicité, son exemple de courage et de fermeté dupliqué partout toutes les fois que quelqu’un voudra jouer au chantage contre l’Etat guinéen.

Oumar Said Koulibaly et son équipe doivent mettre cette victoire à profit pour aller un peu plus loin pour le bonheur des consommateurs. Un véritable audit technique sur la qualité et les coûts des services des sociétés de téléphonie et autres fournisseurs d’accès à internet est nécessaire.

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Thierno Amadou M’Bonet Camara

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