Après son élection pour un troisième mandat à la tête de la Guinée, le président Alpha Condé a, dans plusieurs de ses déclarations, dénoncé les cas de corruption dont la lutte est l’un des principaux éléments de son slogan « gouverner autrement « .
Invité de Fim FM ce vendredi 30 juillet 2021, Docteur Dansa Kourouma, président du conseil national des organisations de la société civile (CNOSC) s’est exprimé sur cette autre promesse du Chef de l’Etat guinéen. Pour cet activiste de la société civile, la « seule volonté, les professions de foi ne suffisent pas » pour lutter contre ce fléau. Pour que la lutte contre la corruption soit une réalité, il invite l’Etat à mettre les moyens nécessaires à la disposition de l’agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC).
« …la lutte contre la corruption d’ailleurs dépasse la logique. Il faut avoir une vision, une stratégie, le moyen et la possibilité d’évaluer ce que vous faites. Donc, moi je pense que la volonté politique, elle est expressément affichée jusqu’à ce que le Président de la République dénonce sa propre gouvernance. Je pense que c’est une volonté quand même qu’il faut saluer. Mais la lutte contre la corruption, la seule volonté, les seules professions de foi ne suffisent pas pour lutter contre la corruption efficacement. Il y a des mécanismes qui existent dans la lutte contre la corruption dont le Président de la République doit œuvrer d’abord à ce que ces mécanismes fonctionnent de manière indépendante, de manière autonome que ça dispose des moyens même à amener le camp présidentiel, les proches du Président, les membres du gouvernement, tous les hauts commis de l’Etat et surtout les opérateurs économiques à rendre compte de leur gestion. Pour moi si ces institutions existent, le seul exemple que je vais prendre, c’est la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières). J’ai fait beaucoup de plaidoyers pour la CENTIF parce qu’une fois j’ai discuté avec les gens de la CENTIF qui m’ont confié qu’ils n’ont même pas un véhicule de service à plus forte raison avoir des ordinateurs ou des moyens techniques ou technologiques appropriés pour tracer les opérations financières illicites.
D’abord la loi anticorruption a tout prévu. Mais les clés de voûte de la loi anticorruption ne sont pas opérationnelles. Donc, ça veut dire quoi ? ça ne peut pas fonctionner. C’est comme un véhicule qui a une clé mais aussi un code d’accès. Vous donnez la clé à quelqu’un, il n’a pas le code d’accès, il ne peut pas démarrer la voiture. C’est quoi ? C’est la loi, le décret portant protection des lanceurs d’alerte des repentis et autres. Tant que ce décret n’est pas pris, rentré en vigueur, même vous qui dénoncez les cas de corruption-là, vous êtes exposés. C’est un des éléments importants.
Deuxième chose l’agence nationale telle qu’elle fonctionne actuellement n’est pas conforme à la loi anti-corruption. Donc il y a un problème. D’abord, il faut la recomposer et adapter son fonctionnement à ce qui est prévu dans la loi anti-corruption », a expliqué Dr Dansa Kourouma.
En outre, il a révélé que l’agence nationale de la lutte contre la corruption n’a pas décaissé son budget de fonctionnement de l’année 2020.
Mamadou Macka Diallo
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