Un survivant du camp Boiro témoigne: « Je suis né dans les liens de la captivité de ma mère… »

Cinquante ans après l’exécution de plusieurs détenus au Camp Boiro dont une dizaine par pendaison, l’association des victimes du camp Boiro (AVCB) a commémoré cette journée ce 18 octobre 2021. L’événement s’est déroulé dans l’enceinte cette caserne rebaptisée camp Camayenne. C’était en présence des familles et proches des victimes ainsi que des rescapés et certains cadres comme le Professeur Alfred Ki-Zerbo ancien représentant de l’OMS en Guinée.

 
Daniel Philippe, un rescapé de ce camp de la mort raconte les moments difficiles que lui, sa mère Djariou Kanté communément appelée Nènè Kanté et beaucoup d’autres ont vécu dans cette prison surpeuplée.
 
« Je suis né dans les liens de la captivité de ma mère qui a été arrêtée en 1971 alors qu’elle était enceinte de moi. Après m’avoir mis au monde à Donka on nous a ramené ici où je suis resté jusqu’à l’âge de six (6) ans. Je suis considéré comme le plus jeune prisonnier d’alors mais je dois dire une chose. Je me suis toujours considéré comme une victime collatérale et celle qui a plus souffert, c’est ma mère. Je sais qu’il y en a beaucoup qui ont plus souffert que moi aussi. Parce d’autres ont perdu leurs papa, leurs femmes, leurs maris, leurs frères, leurs enfants. Nous au moins on a eu la chance de s’en sortir vivant. Aujourd’hui c’est un grand jour.  C’est le commencement de la réhabilitation parce que c’est tout ce qu’on demande en fait », a narré Daniel Philippe avant de souhaiter « plus jamais ça » en Guinée.
À noter que Daniel Philippe est né le 3 février 1972 soit un an après l’exécution de plusieurs détenus accusés de complicité dans l’agression de mercenaires portugais contre la Guinée en 1970 . Il a passé ses six premières années dans la prison du camp Boiro aux côtés de sa mère encore vivante.
 
 
Mamadou Macka Diallo
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