[Repost] Conakry, 27 août 2021-Décédé en début de semaine, le Général Mamadouba Toto Camara a bénéficié d’hommages à l’occasion de sa levée du corps ce vendredi 27 août 2021 à la morgue de l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne. Parmi les nombreuses personnalités ayant pris part à cette cérémonie de levée du corps de l’ancien numéro 2 du CNDD, figure une autre ancienne tête de la transition de 2008-2010.
Le colonel Tiegboro Camara, y était avec tout le commandement des forces de défense et de sécurité. Interrogé par notre reporter, n’a pas que rendu hommage à l’illustre disparu. Il a aussi regretté que le numéro 2 du CNDD soit parti sans qu’il ne puisse se défendre dans un procès équitable concernant les douloureux évènements du 28 septembre 2009. Acceptant difficilement d’évoquer cette question, le colonel Tiegboro dit être pressé de voir la lumière jaillir sur cette affaire qui fait couler beaucoup de salive et suscite des étonnements au sein de l’opinion nationale guinéenne.
« C’est vraiment dommage, ajoute-t-il, que Dieu ait rappelé à lui le Général Toto sans que ce dernier n’ait eu la possibilité de se défendre dans ce dossier épineux du 28 septembre 2009. C’est pourquoi le bâclage de ce dossier à l’instruction me touche mortellement à chaque fois que je jette un coup d’œil sur cette prétendue ordonnance de renvoi. Voilà que la vie est un temps très court et incertain. Mais seul Dieu payera celui ou celle qui qui a fait et continue de faire trainer ce dossier pendant tout ce temps sans faire une instruction juste et conforme au droit afin de le passer rapidement au jugement final.
Je tends ma main à Dieu et à ma mère en priant d’exposer à la honte toute personne qui garde sa sale main cachée sur ce dossier, évitant que ce procès ait lieu à temps dans le seul dessein que la vérité ne soit pas connue en faveur des innocents. Le feu Général est accusé ou inculpé comme nous autres et vous savez que le taux d’analphabétisme en Guinée pèse dans ce dossier par la méconnaissance des règles élémentaires de droit. Voilà ce qui fait que certains croient que ce qui est dit reste une vérité.
Alors qu’être inculpé ou accusé ne signifie guère la culpabilité de la personne mise en cause. Et mieux, en matière pénale, la présomption d’innocence est la règle qui constitue un principe universel du droit mais, par la méchanceté du guinéen ou par l’ignorance des principes du droit, on confond tout dans ce pays. Sinon être inculpé par un juge d’instruction ne veut pas dire être coupable des faits portés à la charge de l’intéressé. Par principe, il revient à celui qui accuse d’apporter les preuves car, il n’y a pas de peine sans preuve.
De toutes les façons, le Général Toto n’est plus poursuivable dans ce dossier car, il ne sera pas parmi nous au moment indiqué et surtout, la mort étant par principe de droit, une cause d’extinction de toute poursuite.
C’est dommage pour son image et pour son passé glorieux dans notre vaillante armée. Encore c’est dommage pour sa progéniture, laquelle j’encourage d’ailleurs à redoubler d’efforts en prenant le train en marche pour défendre la mémoire de leur illustre père si cela est possible en droit pour la manifestation de la vérité. Dieu est grand et jugera tout ce que l’homme fait sur cette terre ici-bas à raison ou à tort. Une récompense divine est prévue pour chaque acte que nous posons quotidiennement sur cette terre.
Loin d’être un regret des services rendus, mais un remord pensif très profond et permanant : le Guinéen n’encourage pas. Sinon on a un peu mouillé la tenue pour ce pays dans le cadre de la sécurisation des personnes et de leurs biens par la lutte contre la drogue, les faux médicaments, la farine périmée, le riz et les poulets pourris, les cliniques clandestines, les faux médecins, les pharmacies par terre, les organisations mafieuses comme QNET, Maitec Compagnie, Codik et ses arnaqueurs, Alovera, les réseaux de trafic de migrants clandestins, sans oublier la résolution répétée des différentes crises intercommunautaires en forêt en 2011 (Galapaye avec 19 morts) et 2013 (crise de Koulé avec 265 morts, 85 portés disparus ) et celle de 2020 avec ses morts également. Tout ceci, sans aucune contrepartie.
La preuve, je reste pauvre mais fier car mon compte bancaire et ma maison sont en Guinée. Personne ne prouvera un jour que j’ai une aiguille en Afrique ou ailleurs dans le monde, contrairement à beaucoup d’autres cadres que nous connaissons. Cela, par principe de patriotisme bien que je sois toujours incompris. Après tout ça, je ne m’attendais pas à ce qu’un guinéen puisse imaginer par méchanceté inhumaine que cet homme soit qualifié d’ange preneur d’âme ou d’être derrière une tuerie au stade du 28 septembre 2009. De surcroit, se retrouver dans une ordonnance de renvoi.
Je me demande au nom de quelles preuves je me retrouve dans cette procédure si on veut parler de droit malgré les différents témoignage, déclarations et félicitations qui persistent d’ailleurs dont j’ai bénéficié de la part de certains leaders de taille après cet évènement malheureux.
Ces leaders qui ont fait ces témoignages, les ont faits sans aucune contrainte physique ni morale mais par honnêteté morale et loyauté citoyenne à leur nation et à leur peuple devant l’histoire. Toutes ces déclarations et témoignages sont disponibles sur les réseaux sociaux notamment sur Youtub. Le pool de juges d’instruction n’en n’a pas tenu compte pour des raisons qu’ils diront certes un jour. Vraiment, c’est honteux de vivre dans un pays comme ici. De toutes les façons, j’ai le moral d’officier et je crois à l’avenir»
Guinee114.Com : Vous évoquez l’ordonnance de renvoi, rendue par le pool de juges d’instruction, que pensez-vous vraiment de son contenu ?
Non, je ne dirai pas un seul mot sur le fond de ce dossier du 28 septembre car nous n’en sommes pas à ce niveau d’abord. Je sais que le moment viendra pour éclater les non-dits dans ce dossier pour la justice populaire et situer les vraies responsabilités de ce qui s’est passé exactement. Dieu est le seul qui sait la face cachée de cette procédure mais la vérité finira par triompher en plein jour pour l’opinion nationale et internationale.
Seulement, de grâce, qu’on tienne compte de certains principes universels du droit au lieu de s’acharner sur les gens par méchanceté ou méconnaissance du droit sans preuves juste à cause leur origine. C’est tout ce qui pèse dans ce dossier, pas le droit.
Qu’Allah nous accorde seulement la longue vie et une santé d’or à tous pour voir ce procès se réaliser et qu’il accueille le Général Toto dans son paradis éternel. Que Dieu sauve ce pays et sa population. C’est dommage ! Que ça plaise à quelqu’un ou pas ; là où le Général est parti aujourd’hui, nous y irons tous un jour chacun dans son cercueil. C’est la loi de la nature.
Guinee114.Com : mon colonel, est-ce que vous savez comment le nombre des victimes est passé de trente-sept (37) selon les premières annonces, à 157 en 2010 ?
Non, il est difficile de trouver dans ce pays une personne fiable, désintéressée et qui regarde Dieu avant de formuler ses propos. A la recherche du quotidien, le Guinéen est capable de mentir fortuitement sur le dos des innocents, oubliant que Dieu nous regarde tous. On n’a pas peur de mentir juste pour nuire à la vie d’autrui. Donc au moment venu, les spécialistes de modification des faits historiques diront à la face du monde comment le chiffre est passé 37 morts que monsieur Koutoubou Sanoh a décomptés publiquement à la mosquée Fayçal à 157 morts qu’on entend depuis juste le début de la transition de 2010.
Moi, tout m’est égal car une vie est égale à une vie. Donc, peu importe le nombre de morts puisque le droit à la vie est un principe universel reconnu et voté par les Nations unies, donc inviolable. Ce principe est même protégé par tous les droits coutumiers et religieux universellement.
Franchement, je n’aime pas en parler, ça me touche et ça m’écœure. Donc tournons la page pour attendre le jugement final. Ainsi, occupons-nous des funérailles du Général Toto qui reste l’actualité du jour. Que son âme repose en paix. Amine.
En plus de ces témoignages du colonel Tiegboro, il faut rappeler qu’en 2009, après un ballet de missions internationales sur demande du CNDD, des premières conclusions avaient été fournies. Ces conclusions, qui avaient une certaine unanimité à l’époque, sont passées sous silence même par des avocats. Au temps d’Alpha Condé, une ordonnance de renvoi de requalification est dressée. La différence jugée océanique entre ces deux documents sur la même affaire, ajoutée aux contradictions à propos du nombre de morts, sont des raisons qui pourraient justifier une reprise des enquêtes.
On pourrait se demander aussi pourquoi ce n’est pas tout le commandement militaire qui a été interrogé sur cette affaire. Au cas où cette procédure venait à être reprise, elle devrait être confiée à des magistrats compétents, indépendants et politiquement neutres.
En attendant, les victimes et certaines personnes mises en cause, ont hâte de voir le procès se tenir afin d’éclairer les lanternes.
Dossier à suivre !
Thierno Amadou M’Bonet Camara
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