Au cours d’une conférence de presse tenue ce vendredi 18 mars 2022 à Kipé dans la commune de Ratoma, la coalition des ONG de défense des droits humains, des associations de victimes et des citoyens patriotes a exprimé sa position par rapport aux assises nationales annoncées pour bientôt par les autorités de la transition. Abdoulaye Conté de l’association des victimes du Camp Boiro, un des membres de la coalition, a indiqué ce qu’il faut prendre en compte, selon lui, pour une véritable réconciliation nationale en Guinée.
« Dans notre entendement, il ne saurait y avoir de réconciliation si des éléments précis ne sont pas pris en compte.
Premièrement c’est la vérité: la vérité de qui? La vérité selon les victimes. Quand vous parlez de réconciliation, c’est-à-dire qu’il y a eu des conflits, qu’il y a eu des violences. Quels sont les acteurs qui ont participé à ces violences? Et donc la vérité c’est la vérité des victimes et la vérité des bourreaux, des personnes qui ont été responsable de ces violences. Vous ne pouvez pas parler de réconciliation si toutes les victimes ne se sont pas amplement exprimées sur leurs vérités. Après cela on va confronter les vérités des acteurs avec les faits historiques suivant les différentes périodes intervenues dans notre pays. Ces éléments permettront de savoir exactement qu’est-ce qui s’est passé ? Lorsqu’on parle des faits, dans notre pays c’est qu’à un moment donné on a ignoré notre constitution pour commettre des violences. C’est qu’à un moment donné on a ignoré nos lois. C’est qu’à un moment donné, il y a eu des arrestations, il y a eu des tortures, des exécutions sommaires, il y a eu des fosses communes, il y a eu des aveux extorqués en dehors de toute justice. Ces vérités-là il faut qu’elles soient dites pour que nous allions réellement à une réconciliation.
Deuxième élément important c’est la justice: la justice concerne les différentes violences intervenues en Guinée. Ce sont des périodes qui vont de 1958 à 1984. C’est la période de 1985 qui constitue en elle-même une période parce des événements douloureux sont passés aussi en 1985. De 1985 à 2009, 2009 constitue en elle-même une période et de 2010 à 2021 sous le régime du président Alpha Condé. Donc ces périodes il faut absolument qu’il y ait de la clarté sur ces périodes dans la justice que nous recherchons », a expliqué Abdoulaye Conté, secrétaire exécutif de l’association des victimes du Camp Boiro.
Pour ce membre de la coalition, « on ne peut pas faire de justice sans parler des fausses communes ». « Impossible dans un pays comme la Guinée de savoir que nous avons une multitude ou une trentaine de fausses communes à travers le pays. Et parler de justice sans soulever cette question, c’est ne pas parler de réconciliation. La réconciliation, c’est aussi non seulement la réhabilitation mais c’est aussi parler de la question douloureuse des fausses communes et c’est ça aussi la justice », a-t-il indiqué.
À rappeler que les assises nationales débuteront le 22 mars 2022, selon le décret du Président de la transition.
Mamadou Macka Diallo
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