La société guinéenne des palmiers à huiles et hévéas (Soguipah) traverse présentement une période difficile. Depuis un certain temps, le fonctionnement de cet établissement public industriel (EPI) est caractérisé par « la mauvaise gestion », entrainant une incapacité de rémunérer les employés à temps. Invité de nos confrères de Fim FM ce mardi 29 mars 2022, le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage a tout d’abord rappelé la situation que traverse la société en termes d’employabilité qu’il trouve trop. Selon Mamoudou Nagnalèn Barry, cette société basée au sud de la Guinée, a environ 4700 employés alors qu’elle a besoin au meilleur des cas de 3000 personnes.
« Quand j’ai vu sur papier que la Soguipah a environ quatre mille sept cents (4700) employés, j’ai pris ma tête. 4700 employés c’est incroyable. Donc rapidement nous avons envoyé une mission d’inspection sur le terrain qui a effectivement confirmé qu’il y a 4700 employés mais l’entreprise n’a pas besoin de tous ces employés. Mille sept cents (1700) auraient été employés seulement en 2021 pendant que la société était en pleine crise. Je parle de mille sept cents personnes. Aujourd’hui, l’effectif de la Soguipah est plus grande que l’effectif du ministère de l’agriculture et de l’élevage qui est représenté dans toutes les préfectures peut-être dans toutes les sous-préfectures de la Guinée. Donc qu’est-ce qu’on fait ? On compare l’effectif de la Soguipah à l’effectif d’autres entreprises dans le même secteur de la même taille. Les autres entreprises dans le même secteur de la même taille ont environ deux milles personnes comme employés. Quand je suis allé à la Soguipah, j’ai discuté avec les gestionnaires. À l’usine, on a besoin de cent (100) personnes pour faire tourner. Si on fait tourner deux fois par jour, on a besoin de deux cents (200) personnes. Et si on doit avoir des réservistes, on a peut-être besoin de deux-cent-cinquante (250) à trois cents (300) personnes. Dans les plantations, on a besoin de mille cinq cents (1500), deux mille (2000) personnes. Donc en tout, quand on veut être très généreux, on a besoin de deux mille-cinq-cents (2500) personnes. Au meilleur des cas, trois mille (3000) personnes. Et aujourd’hui nous sommes en train de payer souvent treize milliards (13 000 000 000) certains mois, rien qu’en salaires. Et chaque mois on doit payer ces treize milliards-là. Les planteurs qui font vivre cette usine parce qu’il n’y pas de Soguipah sans planteurs, ces planteurs peuvent attendre six (6) mois, ils n’ont pas le paiement de leurs produits, de leurs hévéas. À Kankan, j’avais exactement le même problème. Les coton-culteurs à Kankan ont attendu deux ans. Ils ont produit le coton, c’est stocké, on arrive pas à acheter leur coton. Ils ont même peur que ces cotons ne prennent feux et que ça brûle leurs cases. Mais pendant ce temps, on est en train de payer des salariés assis dans les bureaux climatisés à Kankan, Diécké et à Conakry », a largement expliqué Mamoudou Nagnalèn Barry, ministre de l’agriculture et de l’élevage.
Tout en affirmant qu’ils n’ont rien contre personne, le ministre il promet néanmoins d’appliquer la loi et de faire de la Soguipah une entreprise « normale », capable de payer ses employés avant la fin de cette année.
« Il faut que les gens sachent que le CNRD veut la justice. La justice commence par protéger les vrais gens, les vrais travailleurs et c’est pas pour protéger les intérêts des gens qui cherchent à se faire embaucher par des entreprises qui n’ont pas besoin forcément de leur main d’œuvre. C’est ce qu’on est en train de voir à la Soguipah par endroit. Et je vais vous le dire nous n’avons rien contre personne. Nous allons respecter la loi, nous allons faire avec méthode mais la Soguipah doit devenir une entreprise normale et elle le sera cette année », a-t-il promis.
À noter que plusieurs employés ont été arrêtés la semaine dernière après une manifestation demandant le départ de quelques dirigeants de la société dont le directeur général. Le ministre a souligné que son département n’agira pas en fonction des humeurs des gens pour remercier qui que ce soit. Il prévient également de ne plus renouveler des contrats au sein de l’entreprise.
Mamadou Macka Diallo
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