En Guinée, les compagnies minières ont reçu l’ordre de construire des raffineries pour transformer sur place la bauxite. Le colonel Doumbouya exige désormais des entreprises minières, une coopération gagnant-gagnant dans l’exploitation des ressources minières dont regorge la Guinée notamment la bauxite, l’or ou encore le fer avec le projet Simandou.
Mieux, le gouvernement assure le Colonel Mamadi Doumbouya, prendra toutes ses responsabilités afin de faciliter la mise en œuvre des usines de raffineries. L’État jouera son rôle afin de créer les conditions de développement de l’implantation des unités de raffineries. Ce qui peut avoir des répercussions positives à la fois sur la préservation de l’écosystème environnemental, la création de l’emploi, la maîtrise de la technologie mais aussi booster les revenus de l’Etat.
Cependant, il y a des paramètres à observer et que l’Etat doit tenir compte pour que cette volonté politique se matérialise sur le terrain. Pour développer une raffinerie d’alumine, il y a (7) paramètres à maîtriser et pour le moment, la Guinée maîtrise (3) de ces paramètres, il y a (4) qui l’échappent. Ce qui rend difficile, du moins pour le moment, la transformation des ressources minières sur place.
Les (3) paramètres que la Guinée maîtrise
La volonté politique affichée par les autorités de la transition ;
Le cadre juridique avec un code minier attractif qui sert de bréviaire pour les investisseurs étrangers ;
La ressource existe et est abondante (bauxite, or, fer etc.) ;
Les paramètres qui échappent à la Guinée (4)
Les capitaux
La Guinée n’en dispose pas suffisamment. Or pour développer une raffinerie d’alumine, cela suppose des investissements lourds et que les partenaires peuvent plus ou moins mobilisés. Par conséquent, il faut une véritable coopération entre les partenaires et l’Etat guinéen qui doit aussi intégrer de manière pérenne sa participation dans le capital des entreprises minières légalement constituées dans le pays
L’expertise
Développer une raffinerie demande une ressource humaine qualifiée que la Guinée ne dispose pas, donc il faut faire venir des experts qui coûtent cher aux entreprises minières pour un départ après on peut passer à un processus « d’africanisation » donc un transfert de compétences.
Les contraintes du marché international
La fixation d’un prix sur un marché résulte de la confrontation de l’offre et de la demande. Dans la fixation du prix, il y a la qualité de la bauxite, sa teneur en taux d’alumine. Dans le coût de revient d’une indusie d’alumine ou d’aluminium, il y a le transport du produit fini du lieu de production vers les marchés. La Guinée est très loin des grands marchés internationaux (la Chine, l’Europe, l’Amériques, le Moyen Orient etc.). Par conséquent, il faut tenir compte de ce circuit économique international qui intègre les coûts de transports dans la production.
La non maitrise des facteurs de productions
Malgré son potentiel minier riche et diversifié, la Guinée ne maîtrise pas les facteurs de production notamment les « intrants et les matériaux », qui rentrent directement dans la transformation du minerai de bauxite, le pays importe une grande partie des intrants et autres matériaux. Ce qui fait que quand vous comparez les coûts de productions d’une usine d’alumine en Guinée à une autre en Australie, vous vous rendez compte que les coûts de revients ne sont pas les mêmes. Par exemple, en Australie si la tonne d’alumine est vendue à 80 dollars la tonne, en Guinée la même tonne est vendue entre 150 à 160 dollars. Par conséquent, les investisseurs sont beaucoup plus enclins à aller investir en Australie qu’en Guinée en tenant compte bien évidemment des coûts de production. Cependant, cela n’empêche que la Guinée, soit une destination attractive des multinationales à cause de la qualité de ses reverse bauxitiques.
A ces paramètres, s’ajoute on ne peut l’occulter, le déficit énergétique car le fonctionnement des unités de raffineries suppose de l’électricité. D’où la nécessité pour la Guinée de finaliser à court terme, le processus de construction des barrages hydroélectriques notamment Souapiti d’une capacité de 450 mégawatts, en plus de de Kaleta d’une capacité de 240 mégawatts et d’autres sources d’énergies.
De tout ce qui précède, la Guinée a intérêt à transformer la bauxite en alumine pour augmenter la valeur ajoutée et développer son économie. Mais pour y arriver, la maîtrise des paramètres cités plus haut s’impose et peut se faire à travers une coopération gagnant-gagnant avec les investisseurs et autres partenaires prêtent à investir en Guinée.
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Mamadou Bhoye Diallo