Notre pays la Guinée veut encore manquer le rendez-vous du 21ème siècle et renouer avec le passé sombre de 2009. Mon colonel ne s’est pas servi de la transition de 2009, alors que dans son premier discours il nous avait promis justement de se servir des erreurs du passé pour rassembler les guinéens et organiser une élection transparente et acceptée de tous.
Mais quelques mois après ce discours, le constat quant aux directives que prend la transition est alarmant. Tous les signaux laissent présager que le légionnaire et ses hommes courent droit dans le mur. Ça, nous aurons l’occasion de le prouver dans les lignes qui suivent. Mais d’ici là, restons dans le cadre de la dernière sortie du président de la junte.
Bien sûr mon colonel le peuple de Guinée peut et va vous arrêter dès lors que vous emprunterez les chemins interdits en démocratie. Notre pays à besoin d’une vraie démocratie et d’un état de droit. Ce n’est pas un comité ou un groupuscule de personnes comme le CNRD qui peut empêcher cette dynamique. Le vaillant peuple ne reculera devant rien pour ce qui concerne l’instauration de la démocratie.
La menace, l’arrogance et le mépris sont des armes de prédilection des faibles. Mais en réalité, rien de tout ça ne nous fera battre la chamade. Si vous pensez que vous avez la classe politique avec ce groupuscule d’acteurs politiques que vous avez reçu au palais Mohamed V, vous vous trompez gravement mon colonel. Vos interlocuteurs de l’autre fois ne font même pas les 5% de l’électorat guinéen. Ils ne sont en rien représentatifs de la vraie classe politique du pays. Je vous conseille de faire une pose, le temps d’un bilan à mi parcours.
Je pense bien qu’avec ça vous vous rendrez compte à quel point le navire que vous dirigez est entrain de tanguer et qu’il faille vite rectifier le tire. Cet exercice, je pense bien, pourrait nous éviter le scénario ‘’Rober Guëi’’ de la Côte d’Ivoire. Il suffit pour vous de vous souvenir du scénario du ‘’balayeur balayé’’.
Mon colonel tout porte à croire que vous avez un agenda caché, car c’est la première fois qu’un comité du nom du CNRD fait un coup d’état et met après 7 mois sans lisibilité ni visibilité de la transition. Chaque jour qui passe en Guinée apporte son lot d’interrogations insatisfaites. Certains compatriotes se demandent même est-ce que c’est le même Mamadi Doumbouya qu’on a écouté le 5 septembre et les jours qui ont suivi ?
Entre l’acte et vos promesses le fossé est si grand qu’on se sent plus que déçu aujourd’hui. Vous refusez obstinément de donner la liste des membres de votre CNRD et votre intention d’éliminer certain leaders politiques de la course à la présidence de la république ne plus aucun doute dans la tête des guinéens. Or, le salut pour vous réside dans votre capacité à organiser un scrutin dans lequel les guinéens choisiront librement leur dirigeant. Vos premiers discours dans lesquels vous affirmiez pouvoir rassembler les fils de ce pays, promettiez qu’il n’y aurait pas de recyclages ou que vous alliez vous servir des erreurs du passé, sont encore fraichement gravés dans la mémoire du guinéen lambda.
Pour terminer, les 10 programmes présentés le jour de l’ouverture de votre folklore de concertation prouvent à suffisance que vous avez un agenda caché. De vous à moi, nous savons tous qu’il ne faut pas moins de 5ans pour mettre en œuvre tout ce chantier titanesque. Aujourd’hui la CEDEAO vous place sur la tempe toute une batterie de sanctions si un calendrier n’est pas fourni d’ici le 25 avril. Passé ce délai l’institution communautaire appuiera sans doute sur la détente et notre pays, par l’incurie de votre gouvernance, en payera le prix fort. Chose que vous auriez pu nous éviter si vous aviez un temps soit peu, écouter les vrais acteurs du pays.
Diabaty Doré, président du RPR
Vice-président de l’ANAD