Dans son engagement pour la promotion d’une exploitation minière responsable et promouvoir le développement local dans les zones minières, l’ONG Actions Mines Guinée a publié officiellement, le rapport d’étude d’évaluation citoyenne de la mise en œuvre du premier exercice du Fonds de développement économique et local (FODEL), après une étude approfondie.
A l’occasion d’une conférence de presse qu’elle a organisé à son siège national ce mardi 19 avril 2022, à Conakry, les responsables de cette ONG ont décliné l’objectif visé. Selon eux, cet exercice vise à évaluer les performances de la mise en œuvre, pour améliorer les prochaines échéances de la mise en œuvre du FODEL.
Après avoir contextualisé la mise en œuvre de l’étude, le directeur exécutif de l’AMINE, dans son intervention, a souligné le but de ce rapport, un document de plusieurs dizaines de pages.
« Il faut noter que la République de Guinée a engagé de vastes réformes dans le cadre du secteur minier. Ces réformes ont pour objectif d’attirer les investissements dans le secteur minier. Mais aussi faire de sorte que ces investissements soient profitables aux communautés locales.
L’objectif de l’étude est de mener un diagnostic de la mise en œuvre du premier exercice du FODEL. Il s’agit de ressortir les forces et les faiblesses du FODEL et formuler des recommandations en vue d’une amélioration de sa gestion au bénéfice des collectivités concernées.
Nous, nous avons voulu faire une étude d’évaluation de la mise en œuvre de cet important fonds qui a pour vocation de contribuer de façon significative à l’amélioration des conditions de vie des communautés impactées par les projets miniers. Ces milliards de francs guinéens versés à ces collectivités.
Nous avons voulu savoir est-ce que l’utilisation de ces fonds a respecté les prescriptions, règles de procédures édictées en la matière. Nous avons orienté l’étude dans quatre préfectures ( Boké, Boffa, Dinguiraye et Siguiri) », a expliqué Amadou Bah.
« Dans l’ensemble, nous avons constaté que les projets sociaux et économiques financés dans le cadre du FODEL étaient tous inscrits dans les plans de développement locaux (PDL) et plans annuel d’investissement de collectivités locales (PAI) conformément aux dispositions locales. Et là c’est une chose qu’on peut saluer. Dans certaines collectivités le rapport révèle l’ingérence du consultant chargé d’accompagner la mise en œuvre du FODEL dans le choix des projets. C’est le cas du projet d’aménagement agricole de la plaine de Pompo Kâdjimè dans la CR de Dabiss. L’aménagement de la plaine de Bambadala dans la CU Dinguiraye, de la plaine de Fatama dans la CU Siguiri, du four électrique à Siguiri, qui ont été un échec dans leurs mises en œuvre », a ajouté le directeur exécutif avant de déplorer quelques faiblesses que leur étude a révélé.
« On a constaté que certains élus locaux, des membres des comités d’appui à la gestion de FODEL (CAGF), des comités de suivi de la mise en œuvre du FODEL (CSPF), quelques citoyens ont une perception erronée du FODEL, due aux communications officielles contradictoires faites par les autorités politiques et certains hauts cadres à l’occasion du lancement du FODEL; la politisation et l’affinité par certains élus dans l’octroi des financement aux groupements de jeunes et femmes; la méconnaissance du manuel de procédure par les principaux acteurs chargés de sa mise en œuvre de (CAGF, structures déconcentrées, élus CSPF); le faible niveau de transparence et de redevabilité dans la gestion du FODEL au niveau des CAGF et collectivités locales », a-t-il déploré.
L’ONG Actions Mines, à travers Ibrahima Kassory Kourouma, a souligné des défis et fait des recommandations comme:
La maîtrise du code des collectivités et du manuel de procédure de la mise en œuvre du FODEL par les élus.
Le choix objectif de projets viables par les collectivités locales sans aucune ingérence ou injonction des organes de gestion du FODEL.
L’absence de mécanisme de gestion des plaintes pour permettre aux partis prenantes de dénoncer anonymement les abus dans le cadre du FODEL.
Pour les recommandations, elles concernent les ministères des mines, de la géologie et du MATD, ensuite les entreprises et la la société civile.
Aux ministères, il recommande de:
Réaliser l’audit financier de la mise en œuvre du premier exercice du FODEL;
Sensibiliser les communautés à la surveillance citoyenne des sessions budgétaires aboutissant au choix des projets par les conseillers;
Vulgariser les dispositions du code de collectivités relatives au fonctionnement des communes.
Adopter des sanctions contre les autorités administratives (préfets et gouverneurs) qui s’immiscent dans l’attribution et la gestion du FODEL.
Privilégier l’aspect de développement durable dans le choix des actions à financer par le FODEL pour contribuer à la préservation du capital dans les localités impactés.
Pour les entreprises, s’intéresser à la mise en œuvre du FODEL en jouant le rôle d’observateur au sein du CAGF comme le prévoit les textes en vigueur.
Privilégier le partenariat avec les groupements bénéficiaires du FODEL dans le cadre de leur politique de contenu local.
En fin, au niveau de la société civile, il demande de:
Renforcer la sensibilisation des communautés locales sur les enjeux de la mise en œuvre du FODEL;
Renforcer les capacités des élus et des membres des comités de suivi des projets FODEL (CSPF) sur les procédures de passation des marchés et les techniques de gestion du FODEL.
Dans sa conclusion, AMINES soutient que « au terme du premier exercice du FODEL et malgré un contexte politique difficile suite aux élections référendaires, législatives et marqué notamment par l’impact de la pandémie de Covid-19, les tensions présidentielles, des résultats encourageants ont été obtenus ».
Souleymane Bah pour Guinee114.com
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