«L’immersion gouvernementale» dans les capitales régionales de la Guinée est une occasion opportune pour chaque département ministériel de faire l’état des lieux de ses services et proposer des solutions. A Labé, le gouvernement guinéen et ses partenaires techniques mettent ce moment à profit pour s’intéresser aux questions des droits de l’Homme. Avec le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), l’engagement communautaire est mis en exergue pour se pencher sur l’épineuse question des violences basées sur le genre (recueillir les préoccupations afin de trouver des solutions idoines au phénomène). Ce jeudi, 09 juin 2022, sur financement du HCDH, les audiences criminelles se sont ouvertes devant des défenseurs des droits de l’Homme, des religieux, mais aussi des membres du gouvernement.
Ces audiences criminelles sont ainsi ouvertes avec à la clé, dix affaires au rôle. Il s’agir entre autres des affaires de : prise d’otage suivie de meurtre, incendie volontaire, destruction d’édifice privés, complicité de vol aggravé, tentative de viol ou encore viol sur mineur. Justement, parlant des violences basées sur le genre, les chiffres fournis par l’OPROGEM au titre de l’année écoulée font froid dans le dos. « Les statistiques sont alarmantes à cet égard d’après le rapport de l’OPROGEM en 2021 : 306 cas de viol dont 186 cas de viol sur mineurs ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire national ». Sur ce tableau sombre de la situation dépeinte par le ministre de la justice et des Droits de l’Homme, la région de Labé figure en bonne partie avec « 45 cas enregistrés, ceci est inacceptable », souligne Moriba Alain Koné.
Abordant dans le même sens, le représentant du Haut-Commissaire des Nations-Unies aux Droits de l’Homme en Guinée, a laissé entendre que la question des VBG « est un phénomène mondial qui exige des solutions idoines mais aussi locales ». Patrice Vahard demande donc « la conjugaison des efforts » pour changer la donne. Il poursuit en précisant que « le niveau de violence à l’égard des femmes et des filles sont restées largement inchangées au cours des dix dernières années. En 2021, près d’une femme sur trois âgée de 15 ans et plus a subi des violences physiques ou sexuelle de la part d’un partenaire intime, de la part d’un parent ou de l’un des deux une fois au moins dans sa vie ».
Revenant au cas guinéen, M. Vahard note des progrès enregistrés par le gouvernement guinéen grâce à l’appui technique et financier de ses partenaires, en attestent quelques actions comme : « la signature de la déclaration gouvernementale par le Premier Ministre contre les viols et les violences basées sur le genre en décembre 2021, le discours et les gestes très salutaire du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya le 08 mars dernier (…), et plus récemment, le lancement à partir de la localité de Beyla, les audiences criminelles… ».
Le gouvernement guinéen n’entend baisser les bras. Au contraire, il promet de tout mettre en œuvre pour « sévir contre l’impunité, les cas de viol », a déclaré le ministre Moriba Alain Koné. Et de poursuivre en soulignant que les audiences criminelles interviennent dans ce cadre. « Avec l’appui su système des Nations-Unies en Guinée (le Gouvernement) a organisé une série d’audiences dans les préfectures de Beyla, Yomou, N’Nzérékoré et Siguiri. C’est dans cette même logique que s’ouvre aujourd’hui, criminelles dans la région de Labé. Et, notre devoir et objectif, est de faire en sorte que toutes les personnes qui se seraient rendues coupables de viol soient jugées et condamnées conformément à la loi. Mais en plus de cette action judiciaire, l’appui de nos partenaires techniques et financiers seraient également souhaitable pour améliorer la prise en charge psycho médicale des victimes ».
Il invite ensuite, les autorités administratives de la région (civiles et militaires) notamment les OPJ à « redoubler d’efforts pour que toutes les fois qu’elles seront informées ou saisies des cas de viol, qu’elles puissent ouvrir ou faire ouvrir des enquêtes devant aboutir à l’interpellation des suspects et de leurs complices pour les mettre à la disposition des autorités judiciaires en vue de l’examen de leurs dossiers », a lancé en substance le ministre de justice et des Droits de l’Homme.
En s’impliquant techniquement et financièrement dans l’organisation des audiences criminelles, le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme en Guinée « vise à permettre au TPI de Labé de juger tous les dossiers de viol pour mettre ainsi fin à l’impunité des auteurs et rétablir les victimes dans leurs droits ».
Alpha Oumar DIALLO