Conakry: les textes sur les droits des personnes handicapées au cœur d’un atelier de renforcement des capacités

À la suite de l’avènement du CNRD au pouvoir, dans le cadre de la refondation de l’Etat de droit, il est envisagé la rédaction d’une nouvelle constitution qui doit être conforme aux conventions ratifiées par la Guinée, entre autres la convention sur les droits des personnes handicapées. C’est dans ce cadre qu’un atelier de renforcement des capacités des conseillers nationaux et cadres de l’administration parlementaire a été lancé le mercredi 27 juillet à Conakry. 

 
Cet atelier qui se tient grâce à l’appui financier du National Democratic Institute (NDI) a pour thème: « Relecture des textes législatifs relatifs aux personnes handicapées dans le cadre d’une contribution pour les futures réformes constitutionnelles ». Les organisateurs entendent profiter de l’occasion qui leur est offerte par la transition, pour faire réviser et adopter les lois sur les personnes handicapées.
 
Pour y arriver, Elhadj Alpha Boubacar Diop, conseiller du président du CNT chargé de l’inclusion et des personnes handicapées ne rate aucune occasion pour sensibiliser, interpeller et faire des propositions et recommandations allant dans le sens de la protection et la promotion des droits des personnes handicapées. 
 
« L’occasion est, dès lors, opportune pour corriger les lacunes décelées dans la loi n°2018-AN/AN du 15 mai 2018 portant protection et promotion des personnes handicapées en Guinée, qui comporte certaines insuffisances. En effet, cette loi prévoit la mise en place, sous la tutelle de l’Etat, du Conseil National du Handicap, celui-ci en tant qu’organe consultatif de coordination des politiques et programmes en faveur des personnes handicapées, à l’exclusion de tout autre organe. 
 
Or, la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, dûment ratifiée par la Guinée le 08 févier 2000, prévoit en son article 33, la mise en place de deux organes: un organe de coordination des actions en faveur des personnes handicapées relevant de l’administration et un organe indépendant de veille et de suivi de l’application de la convention. 
 
Face à cette contradiction entre le droit interne et la convention internationale et au regard du principe selon lequel « dans la hiérarchie des normes juridiques, les conventions, accords et traités  internationaux ont une valeur juridique supérieure à celle des lois et décrets », il va s’en dire que l’Etat guinéen a l’obligation de créer l’organe indépendant, en plus de l’organe de coordination. C’est d’ailleurs-là une forte revendication aujourd’hui des organisations des personnes handicapées et des institutions qui les accompagnent » a déclaré le conseiller chargé de l’inclusion avant de décliner les objectifs de l’atelier. 
 
Et d’ajouter: « Le présent atelier vise quatre objectifs principaux: organiser un pool d’appropriation des futurs textes législatifs relatifs aux personnes handicapées, sensibiliser les participants et les mobiliser en vue de leur implication et responsabilisation dans l’application des futurs textes, adopter des textes consensuels impliquant tous les départements ministériels et autres acteurs concernés et mettre sur pied provisoirement une commission de suivi multisectorielle »
 
Cheryl A. Anderson, directrice pays de l’USAID et représentante de l’ambassadeur des États-Unis en Guinée à cet atelier, elle-même porteuse de handicap physique, s’est réjouie des efforts fournis par la Guinée dans la lutte pour la promotion des droits des personnes handicapées. Elle a ensuite encouragé les organisateurs à poursuivre le combat jusqu’à l’atteinte de objectif final.
 
« Le respect des droits de l’homme n’est pas quelque chose qui est écrit dans une constitution mais le fait que vous êtes là pour faire avancer les droits de l’homme, pour cette population qui est souvent marginalisée même dans les pays où les lois sont appliquées, ça me donne beaucoup d’espoirs pour la démocratie en Guinée. Parce que la démocratie, c’est la participation de tout le monde pour résoudre les problèmes alors si vous mettez ce langage dans la constitution c’est une bonne étape en Guinée où les gens sont vraiment actifs dans la vie politique et de société et ça change toutes les manières de comment on envisage le monde. Des fois on a des difficultés à comprendre qu’en fait, les gens avec un handicap sont exactement comme tout le monde. On veut du travail, on veut d’une éducation, on veut des moyens pour avoir une vie riche. Je vous encourage de vraiment penser à la mise en application. Si on a la vision de ce qu’on veut pour notre pays, on peut mettre tous les mécanismes en place et on peut relever le potentiel de chaque être humain. Les droits de l’homme c’est un travail très difficile et l’effort de tout le monde est nécessaire, inclues les personnes avec handicap, on peut le faire. Et je vous encourage à continuer jusqu’au moment où on aura un monde où il n’y aura aucune limite ni pour les personnes avec handicap, ni pour les personnes sans handicap », a t-elle déclaré. 
 
Dans son discours d’ouverture, Dr Dansa Kourouma président du Conseil National de la Transition, a affirmé la détermination de son institution à prendre à bras le corps, les questions sur les droits des personnes en situation de handicaps. 
 
« À notre prise de fonction, on s’est engagé sur notre honneur, à faire un travail pour les générations actuelles et futures. Et le travail le plus important c’est de doter le pays d’une nouvelle constitution qui résistera au temps mais aussi à la tentation des hommes. Nous avons pris l’engagement de le faire et cette constitution (la future) doit régler l’épineuse question de l’inclusion. L’inclusion des personnes handicapées, l’inclusion des femmes, l’inclusion des jeunes tout simplement sensibles au genre mais une constitution résiliente qu’on ne modifiera pas selon l’humeur d’un homme politique ou d’un système. Mais une constitution dont les règles seront intangibles parce qu’en réalité elles doivent être faites pour le présent et pour l’avenir »a laissé entendre le président du CNT. 
 
 « On s’est doté d’une ligne de conduite c’est l’impartialité, la participation et d’ailleurs on l’a démontré en innovant pour la première fois nous allons organiser dès après nos vacances le débat d’orientation constitutionnelle. Mais elle a commencé parce que nous avons fait les plus grandes universités, nous avons discuté avec les étudiants de notre vision et nous avons pris en compte leur vision par rapport à la prochaine réforme constitutionnelle. Le débat constitutionnel commencé à l’université, c’est une première dans notre pays. La constitution fut toujours l’affaire des politiciens. Les universitaires, les intellectuels, le bas peuple n’étaient que suiveurs. ( …)a-t-il ajouté.
 
Pour finir, Dr Dansa Kourouma a souligné sa volonté de faire bénéficier à la Guinée, une constitution légitime« Nous avons voulu que cette constitution soit légitime, c’est pourquoi la charte de la transition a prévu qu’elle doit être adoptée par référendum et enfin la vulgariser au maximum. Si ces étapes sont franchies avec sérénité, nous estimons que la constitution sera verrouillée par l’engagement de nos concitoyens et de nos dirigeants à la respecter et la faire respecter… », a rassuré le président du CNT.
 
Cet atelier de renforcement des capacités prendra fin le jeudi 28 juillet 2022.
 
Diallo Ramatoulaye 
 
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