(Par Abdoul Sacko) Vers la fin des 365 jours du CNRD aux affaires, j’apporte ma contribution pour plus d’objectivité dans les efforts ou ambitions d’élaboration de bilans à l’actif des nouveaux maitres issus du coup de force du 05 septembre 2021.
Tout d’abord, il faut noter qu’un tel exercice aurait été beaucoup plus basé sur la raison et l’intérêt général, si d’orge et déjà, l’objectif principal de la transition et des actions induites étaient clairement définis dans le temps, en lien avec le profil des Hommes au pouvoir, leurs parcours et le motif vendu au peuple pour son adhésion au coup de force du 05 septembre 2021. Mais les difficultés du CNRD à s’inscrire dans le temps avec des objectifs claires, les produits et les ressources nécessaires dans une logique de cohérence avec leurs profils et leur discours du 05 septembre 2021, en dit long.
En effet, parlant de profil des maitres du moment, de leurs parcours (expérience et exemplarité) en rapport avec les objectifs qu’ils assignent à la transition, est juste une question d’objectivité, de cohérence et de réalisme socioéconomique et politique. Peut-on demander à un boulanger le travail d’un mécanicien, puis s’attendre à un dépannage de son engin ?
A titre d’exemple, au Mali et au Burkina, la principale revendication des populations et la raison des coups d’Etat évoquée par ces juntes étaient la question de sécurité et d’intégrité du territoire qui échappaient au contrôle des civiles à la tête de leurs Etats respectifs. Ainsi, il est tout à fait compréhensif et même soutenable, que ces élites militaires formées et servies par le contribuable citoyen à cet effet, se fixent dans une logique de cohérence, comme objectif principal, la récupération des parties du territoire qui échappent au contrôle du pouvoir central afin de favoriser le retour des civils au pouvoir qui auront la charge de faire face aux besoins économiques, sociopolitiques et culturels.
Il faut rappeler que la refondation de l’Etat par la lutte contre la corruption et la promotion des valeurs démocratiques ont été très rarement un pari gagné avec nos vaillants soldats au pouvoir en Afrique. Cela, même si on peut citer les exceptions de Rawlins du Ghana et de Sankara du Burkina, ce dernier qui a d’ailleurs été trahit et tué par ses frères et compagnons d’arme, manipulés par ce que n’étant pas préparés moralement et scientifiquement à cet exercice.
Mais ce qui reste claire, généralement, la lutte contre la corruption et la relance économique avec les régimes issus de coup d’Etats militaires en Afrique noire, se sont très vite transformées en népotisme aigus, les violations des droits humains et la tentation mondaine pour le luxe, cultivés et entretenus par des civils affairistes déguisés dans des costumes de classe, gros boubous et bonnets de haute gamme, qui vivent le prince en chantant le ‘’messie don de Dieu’’ dans les oreilles du chef et ses compagnons d’arme.
Cependant, en supposant que le Rawlins guinéen est possible à travers le CNRD, interrogeons et comparons ainsi dans notre exercice d’établissement du bilan pour le rêve recherché, (i) les parcours (expérience et moralité) des maitres civiles et militaires du moment, (ii) leur train de vie en lien avec le contexte d’austérité et le revenu moyen et (iii) même leur newlook vestimentaire avec bonne mine ou pas, pour comprendre si c’est le partage du butin ou le travail dans l’intérêt supérieur de la Nation qui prévaut. Toutefois, bien que le CNRD et des organes de la Transition n’ont pas fait preuve d’exemplarité (la présentation de leurs biens, l’état financier & matériel de l’Etat à la prise du pouvoir, le point sur la vente aux enchères des véhicules de l’Etat, la réduction du train de vie de l’Etat) dans le cadre de la moralisation de la gestion publique, la CRIEF par contre, en dépit des velléités d’instrumentalisation et les ratés procédurales, mérite d’être considéré comme acquis à capitaliser au regard de l’espoir suscité à son annonce.
De toute évidence, un an déjà, sans que le CNRD ne soit capable de rassembler les guinéens dans leur diversité au tour d’une table de dialogue afin que la lisibilité sur la transition soit rendue possible pour plus de sérénité et de conjugaison des efforts, est en soi un signal fort sur la complexité, voir même le déficit de réalisme de ses ambitions sous-jacentes.
Abdoul Sacko, Leader de la Société civile