Selon plusieurs observateurs, l’arrivée du CNRD au pouvoir a été un grand soulagement pour une bonne partie du peuple de Guinée qui avait vu ses droits et libertés confisqués par le régime déchu. Sauf que pour ces derniers, au fil du temps cet espoir s’est vite estompé. C’est le cas par exemple de maître Alpha Amadou DS Bah, avocat à la cour membre de l’OGDG (organisation guinéenne des droits de l’homme). Pour lui, cette méfiance s’explique par le fait que le CNRD s’est engagé dans une gestion solitaire.
« En terme de droits de l’Homme, si sur le plan institutionnel beaucoup d’efforts ont été faits, mais dans le cadre de la promotion et la protection des droits de l’homme le bilan est à mon avis mitigé puisque nous avons assisté à beaucoup de violation des droits de l’homme notamment le cas de l’interdiction systématique des manifestations ensuite la répression des différentes manifestations organisées dans le pays. Les arrestations en dehors de tout cadre légal et l’emploi excessif de la force dans le cadre du maintien d’ordre. Globalement nous pouvons dire qu’il y a eu beaucoup de violations des droits de l’homme dans notre pays ces douze derniers mois », a fait remarquer maître Alpha Amadou DS Bah.
Dans cet entretien, l’activiste note néanmoins quelques acquis constatées durant ces douze derniers mois.
« Comme je l’ai dit, il y a eu des choses positives qui ont été faites sur le plan institutionnel nous avons vu la création de la CRIEF même si dans son fonctionnement et dans sa démarche dans le cadre de la moralisation de la vie publique on peut questionner la méthode, ça c’est un acquis, mais globalement je pense qu’on ne peut pas passer sous silence l’usage disproportionné dans le cadre du maintien de l’ordre. Mais aussi on peut saluer le fait que les procédures ont été engagées, même si elles peinent à donner des résultats. Nous avons assisté ou comptabilisé huit morts de trop dans le cadre du maintien de l’ordre donc cela ne peut être négligé dans le cadre de cette transition. Nous pensons qu’il y a de la volonté au niveau de certains membres du CNRD, mais les méthodes restent quand même à modifier et à changer positivement pour que plus personnes ne soit inquiété par rapport à ses opinions et à ses positionnement politiques. Donc il est important que des efforts soient fournis dans ce sens », a t-il dit
Toutefois, notre interlocuteur estime que le CNRD dispose encore des manœuvres pour désamorcer et faire évoluer la situation des droits de l’homme dans le pays.
« Nous pensons qu’il y a toujours la possibilité de corriger autour de la table les divergences de point de vue dans le cadre de la gestion de cette transition. Et le CNRD qui est à la manette c’est à lui et le gouvernement de rassurer tous les acteurs politiques et activistes de la société civile pour qu’ensemble ils dialoguent de façon franche et sincère. Pour nous c’est le seule façon qui puisse permettre à la Guinée de sortir de cette situation. Donc une main tendue du CNRD pourrait permettre une sortie de crise. Mais si la main n’est tendue de façon loyale je pense que malheureusement cette crise ne pourra que s’aggraver. Je pense que le CNRD et le gouvernement doivent tout mettre en œuvre pour éviter qu’il y ait de nouvelles manifestations qui pourraient encore endeuiller des familles dans notre pays. Et enfin poursuivre les enquêtes pour situer les responsabilités sur les différents cas de morts que le pays a connu », conseille maître Alpha Amadou DS Bah de l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme.
MLamine