Les débats dans l’affaire M’Mah Sylla se poursuivent devant le tribunal criminel de Mafanco. A l’audience du 22 février 2023, c’est la mère biologique de feue M’Mah Sylla qui a été longuement entendue à la barre.
Au cours de son interrogatoire, Fatoumata Korka Coulibaly a fait des témoignages, en grande partie, différents des propos tenus à la barre par le père et la grand-mère de M’Mah Sylla qui ont accusé l’un des présumés violeurs, Patrice Lamah.
Après plusieurs heures de débats, le tribunal a renvoyé l’affaire au 28 février pour se prononcer sur la requalification des faits sollicitée par le parquet.
Au sortir de l’audience, Maître Pépé Kolié de la défense s’est réjoui du témoignage de la mère de M’Mah Sylla à la barre.
«Le procureur demande une requalification des faits, ce qui démontre qu’il a poursuivi sans être sûr. Et tout à l’heure je vous reprochais, vous les médias, d’avoir trop enflammé cette affaire. Nous nous demandons sur quel fait le procureur se fixe pour demander la requalification. D’autant que nous estimons qu’il n’y a pas des faits nouveaux parce qu’il n’y a pas un fait qui n’a pas été révélé ici à la barre, il n’y a pas un fait qui n’a pas fait l’objet de débat. Il veut évoquer les coups et blessures, or nous sommes en matière médicale. La chirurgie est ordonnée et même prescrite par la loi. Ça fait partie des actes qu’un médecin pose. La chirurgie ne peut pas être considérée quelque soit l’issue, quelque soit le résultat que ça donnerait comme des coups en matière pénale. (…) Le contexte dans lequel l’avortement s’est passé et les débats se sont tenus, ce serait simplement hasardeux et curieux. De l’autre côté, je disais qu’il n’y a pas des faits nouveaux parce qu’il n’a pas été indiqué un autre acte dont M’Mah Sylla aurait été victime que le procureur sans faute de sa part n’a pas poursuivi. Ce qui, nous de la défense, nous réjouit, c’est que la maman de M’Mah Sylla a déclaré ici que sa fille avait une relation personnelle, je vais dire, elle était concubine à l’un des médecins, Patrice Lamah en l’occurrence. Donc, cette déclaration-là vient presque chambouler toutes les informations qui avaient été relayées sur tous les médias. Ce qui met déjà en doute l’idée de viol», a affirmé Maître Pépé Kolié, avocat de la défense.
Par contre, Maître Houleymatou Bah de la partie civile a expliqué les raisons pour lesquelles elle a soutenu la demande du ministère public par rapport au remplacement de l’infraction « risque causé à autrui » par « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».
«Nous soutenons cela parce qu’au cours des différents débats, il a été démontré qu’il y a eu plusieurs fois des blessures sur la personne de M’Mah Sylla. Donc, nous nous en réjouissons que ça soit le ministère public qui est dans son droit de demander la requalification des faits et sur la base des éléments nouveaux. Parce que ça n’a pas été discuté pendant toutes les audiences passées. Donc si le ministère public estime qu’il y a des faits nouveaux et qu’il faille les discuter à l’audience avant qu’on ne clôture les débats et que les réquisitions et plaidoiries soient faites, il est dans son droit. Et nous de la partie civile nous le soutenons et nous prions le tribunal d’aller dans ce sens pour qu’on examine amplement cette nouvelle infraction (coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de de la donner) qui a été débattue sommairement», a mentionné maître Houleymatou Bah, avocate de la partie civile avant de donner son avis sur la déposition de la mère biologique de la défunte qui est différente des dépositions faites par le père et la grand-mère de M’Mah Sylla et aussi la relation qui existait entre la mère et sa fille.
«Nous avons découvert qu’il n’y avait pas de relation entre cette Maman aujourd’hui et feue M’Mah Sylla parce qu’elle a quitté depuis qu’elle n’avait même pas un (1) an. C’est sa grand-mère qui l’a élevée. Donc elle n’a pas su garder ce lien entre sa fille et elle. Aujourd’hui, nous découvrons une femme très frustrée qui ne sait pas à quel saint se vouer. Il est vrai que nous compatissons à sa douleur, elle a perdu une fille mais il n’y avait pas cette relation de complicité entre une mère et sa fille. Aujourd’hui, elle se décharge complètement sur la grand-mère qui devait être félicitée pour son courage d’avoir éduqué une fille jusqu’à son âge-là. Au lieu d’être félicitée, on la blâme. C’est ce que nous de la partie civile nous ne comprenons pas», a-t-elle indiqué.
Patrice Lamah, Daniel Lamah, Sébory Cissé et Célestin Millimouno qui est en fuite sont poursuivis dans cette affaire pour des faits présumés de »viol, avortement, risque causé à autrui et administration de substance nuisible ».
Mamadou Macka Diallo
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