Le lundi, 24 avril 2023, les débats dans le dossier de feu El hadj Abdourahamane Diallo dit El hadj Doura se sont poursuivis devant le tribunal criminel de Dixinn avec la comparution de deux (2) accusés, en l’occurrence Oumar Barry, commando de formation et ancien élément de la garde présidentielle et Tony Akpo, conducteur de mototaxi d’origine nigériane.
Le premier accusé reconnaît avoir participé à l’enlèvement du vieux sans se rendre compte que c’était un enlèvement et a reconnu aussi avoir participé à son enterrement.
Quant au second, il dit avoir observé une partie de la chaîne à distance. C’est lui qui a transporté sur sa moto l’un des présumés cerveaux de l’enlèvement et la séquestration du vieil homme, le nommé Ibro toujours introuvable.
Après le renvoi de l’affaire par le tribunal au 22 mai 2023, les avocats de la défense et de la partie civile ont donné leurs avis sur le déroulement du procès.
Maître Mohamed Abou Camara, l’un des avocats de la défense estime que leurs clients ne bénéficient pas des faveurs des droits qui leur sont reconnus.
«Ils ne sont pas en train de bénéficier les faveurs des droits qui leur sont reconnus par le code de procédure pénale, principalement le jugement dans un délai raisonnable. L’État guinéen est en train de violer les principes cardinaux de la procédure pénale. Nos clients sont censés être considérés comme étant innocents. L’article préliminaire est pertinent en la matière. La présomption d’innocence commande tous les actes de procédure. Mais de la sorte, voilà plus de cinq (5) ans qu’ils sont en train d’attendre d’être jugés. Nous attendons vraiment qu’ils soient vraiment jugés très rapidement pour que nous soyons situés sur leur sort. Voilà pourquoi nos clients ne sont pas contents de leur état. Ils sont victimes de la part de l’institution judiciaire de l’état guinéen.
Nous nous inquiétons des petites contradictions surtout de Tony qui commence un peu à charger certains accusés. Donc, cela est inquiétant mais peut-être qu’on pourra régler ça après. Je ne sais pas cela est dû à quoi mais on pourra le corriger. Il peut-être manipuler par n’importe qui. Voilà les conséquences. Il est évident que la loi voudrait que les accusés soient séparés et que l’une des raisons de la détention c’est aussi ça. Pour que certaines personnes n’approchent pas des accusés, pour qu’on ne soudoie pas certains témoins. Mais vu le temps tout est possible.
C’est qu’El hadj Mamadou est cette personne qui est de plus vue en l’absence d’Ibro, le principal acteur dans ce dossier, l’instigateur. Celui qui a mis toute la scène en marche, toute la machine en marche c’est en fait lui. El hadj Mamadou se voit lui-même utiliser. C’est vrai que ceux-là qui parlent d’El hadj ne connaissent que lui mais le véritable meneur c’est Ibro. Donc ils ont été tous manipulés», a expliqué maître Mohamed Abou Camara, avocat de la défense.
Maître Faya Gabriel Kamano, conseil des héritiers du défunt, s’est réjoui de son côté. Il se félicite déjà de certaines étapes que les accusés ont reconnues dans cette affaire.
«Ces accusés, je dirai qu’ils ont dit partiellement la vérité parce qu’au moins Monsieur Oumar Barry a reconnu qu’il est militaire de carrière, un commando de formation, un béret rouge qui relevait de la garde présidentielle. Il a tout de même reconnu qu’il a participé à l’enlèvement d’El hadj Doura et que c’est devant lui qu’El hadj Doura a été enterré. C’est lui-même qui a indiqué l’endroit où il fallait enterrer El hadj Doura parce qu’il était confiant qu’ils ne pouvaient pas enterrer El hadj Doura la nuit dans un cimetière en cachette. Donc, ils l’ont fait à 23 heures au bord d’un marigot. Il a tout de même reconnu ça même s’il nie certains aspects de l’affaire.
Le second accusé, nommé Tony qui est Nigérian de nationalité a reconnu aussi qu’il a assisté à l’enlèvement d’El hadj Doura. C’est lui qui a transporté le nommé Ibro sur la moto de Yattaya à Hamdallaye le lieu de l’enlèvement. Il a suivi lorsque ce dernier marchait derrière El hadj avant son enlèvement et il est venu jusqu’à Sonfonia là où El hadj était gardé dans une chambre qui était occupée par un féticheur qui en réalité était leur féticheur. Donc, ils ont partiellement reconnu les faits. Mais il y a quand même beaucoup d’événements, beaucoup de péripéties qu’ils refusent de reconnaître mais cela nous réjouit déjà parce que même sur l’ensemble du trajet ils n’ont reconnu quelques étapes auxquelles ils ont participé. Ça engage déjà leur responsabilité, ça dénote déjà leur participation en toute connaissance de cause à la commission de l’infraction.
Moi je ne trouve aucune lenteur dans la procédure, ils ne sont pas les seuls accusés. Il y a trois (3) dossiers criminels qui sont programmés. Les nôtres ont été débattus et il y a deux (2) autres dossiers qui attendent. La première fois, les dossiers avaient été débattus entièrement nous étions à la phase des réquisitions et plaidoiries quand il y a eu changement de composition. Et en la matière lorsqu’il y a changement de composition, les débats reprennent à zéro. Donc, nous sommes actuellement à la reprise des débats», a martelé maître Faya Gabriel Kamano.
Pour rappel, l’opérateur économique a été kidnappé le 5 décembre 2017 derrière son domicile à Hamdallaye dans la commune de Ratoma, séquestré pendant des jours avant de trouver la mort plus tard dans les mains de ses ravisseurs malgré le paiement de la rançon demandée.
Mamadou Macka Diallo
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