Procès du 28 septembre: Oumar Dioubaté raconte les derniers instants de sa mère morte au stade

L’audience se poursuit au TPI de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry dans le dossier portant sur les événements du 28 septembre 2009. Trente minutes après l’ouverture des débats, dame Djenabou Bah a cédé la barre à Oumar Dioubaté, une autre partie civile.

Dans ses déclarations, ce médecin de profession relate les derniers instants de sa mère, ancien membre du bureau politique du RPG arc-en-ciel, sortie de la maison le lundi fatidique du 28 septembre 2009 pour se rendre au stade éponyme afin de participer à la manifestation des forces vives contre l’éventuelle candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, alors chef de la junte au pouvoir.

« Le 27 septembre 2009, j’étais assis au salon avec ma maman. Elle m’a dit qu’elle allait partir au stade le lendemain. Je l’ai dissuadé. Elle n’a pas accepté. 

Le lundi, 28 septembre, ma maman a tapé à ma porte à 4 heures du matin. J’ai ouvert, on a prié, ma maman m’a dit qu’elle va au stade. J’ai tout fait pour la décourager. J’ai dis: « Mon frère veut vous envoyer à la Mecque cette année. Ne sortez pas parce que vous n’êtes pas en bonne santé. Entre temps, son amie est venue. Je les ai entendu parler. Son amie lui a demandé à quelle heure elles vont partir au stade. J’ai dit qu’elle ne part pas. Elle a crié, elle m’a même insulté…. Finalement elle est partie à 8 heures. C’est moi-même qui l’ai accompagné pour l’aider à traverser.

Aux environs de midi, j’ai appris que ça ne va pas en ville. On a cherché à avoir de ses nouvelles mais elle avait laissé son téléphone à la maison. Donc on avait pas un moyen de la joindre. 

À 14 heures, Kéita, un de nos parents qui étaient dans le comité d’organisation, qui était aussi militant du RPG arc-en-ciel, comme ma maman, m’a informé qu’il a dit à ma maman de ne pas rentrer au stade. Elle lui a donné une chaise, elle s’est assise à côté de certaines personnes sur l’esplanade. 

Aux environs de 16 heures, Kéita m’a dit que jusqu’à présent, on n’a pas ses nouvelles. Mes grands frères sont partis à sa recherche. 

Les lundi, mardi et mercredi, il n’y avait pas de circulation sur la route de Prince. Le mardi nuit, un petit frère m’a appelé pour me dire qu’il a vu les images sur TV5, apparemment il y a eu des morts. Le mardi nuit, la circulation a repris sur l’autoroute. Le mercredi on est allé à Donka.

À la petite porte, on a trouvé les gendarmes. Dans la cour aussi, il n’y avait que les gendarmes. Arrivé à la morgue, j’ai vu les corps qui étaient en état de décomposition. J’ai commencé à fouiller parmi les corps.  Mais il y a un béret rouge qui gardait les corps, il n’a pas accepté que je vois tous les corps. Il m’a dit de rentrer et d’écouter les radios. Et qu’un communiqué sera fait pour informer sur la restitution des corps. Ils ont envoyé les corps dans des camions militaires. C’est là que mon grand frère a vu le corps de ma maman. Quand les Koutoubou sont venus, les jets de pierre ont commencé, nous on a profité pour prendre le corps de notre maman, on a mis dans le pic up, on est parti avec. Son bras a été fracturé à trois niveaux. Elle a été enterrée à Simbaya », a longuement expliqué Oumar Diabaté, une autre partie civile ai procès des événements du 28 septembre 2009.

L’audience se poursuit avec les questions des différentes parties.

Diop Ramatoulaye

666-75-16-10

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