Salimatou Barry est l’une des parties civiles qui ont comparu ce lundi, 22 mai 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Cette victime des événements du 28 septembre 2009 a relaté ce qu’elle a vécu au stade du 28 septembre de Conakry avec son amie Aïssatou Camara, qui avait fini par succomber aux violences subies sur les lieux.
C’est avec une vive émotion que Salimatou Barry a témoigné devant le tribunal qui juge les auteurs présumés des tragiques événements du 28 septembre 2009. La jeune femme a raconté notamment comment elle et son amie, Aïssatou Camara, sont entrées dans le stade du 28 septembre de Conakry, où le massacre a eu lieu.
« Je suis allée au stade avec ma copine Aissatou Camara, on a trouvé que les portes du stade étaient encore fermées. Tiegboro est venu nous sensibiliser là où on dansait avec des jeunes de Bambéto. Il nous a demandé de rentrer à la maison, on a dit qu’on ne rentre pas. Il est allé vers la porte, je ne sais pas ce qu’il a dit là-bas, mais c’est à ce moment-là que la porte a été ouverte. Tiegboro est entré dedans (dans la cour du stade) avec une voiture Mercedes. Après, nous aussi, on est entrées. J’étais avec ma copine Aissatou », a-t-elle expliqué.
A l’image de nombreuses autres personnes qui étaient mobilisées dans ce stade, Salimatou et Aïssatou n’ont pas été épargnées par la répression sanglante de cette manifestation appelée par les acteurs politiques et de la société civile, qui étaient opposés à une éventuelle candidature du capitaine Moussa Dadis Camara ou d’un autre membre du CNDD (la junte militaire qui dirigeait la Guinée) à l’élection présidentielle qui se préparait.
« Nous avons été frappées par des bérets rouges qui avaient des cauris sur la tête. Ma copine Aissatou a été bastonnée comme une chienne », a-t-elle narré, tout en versant des larmes. Elle ajoute qu’après ces violences, elle et son amie ont d’abord été hospitalisées à l’hôpital national Donka (Conakry), avant d’être évacuées dans un hôpital de Thiès et un autre de Dakar, au Sénégal. Salimatou Barry parvient à s’en sortir, mais son amie, Aïssatou Camara, elle, finit par succomber.
« Finalement, on est revenues à Conakry parce que Aissatou était le soutien de sa famille. C’est elle qui faisait tout pour sa famille. Donc, par manque de moyens, elle est décédée suite à ces coups et blessures qu’elle a subis au stade du 28 septembre. C’est à cause d’elle que je suis venue témoigner devant cette barre. Ce que nous avons vécu au stade, on dirait pas que ce ne sont des Guinéens qui ont fait ça, on dirait que ce sont des étrangers qui étaient au stade », a déclaré Salimatou Barry.
Pendant tout le temps qu’elle a passé à la barre, Salimatou Barry n’a cessé de pleurer. Selon elle, elle se sent aujourd’hui coupable de la mort de sa copine qu’elle a fait sortir de chez elle pour aller au stade ensemble. Elle n’a aussi cessé de rendre hommage à sa copine.
Après la déposition de Salimatou Barry, le président du tribunal, Ibrahima Sory 2 Tounkara, a renvoyé le procès à demain, mardi 23 mai 2023.
Diop Ramatoulaye
666-75-16-10