Maître Abdoulaye Keita s’offusque : « le nom du Colonel Tiegboro est devenu un slogan dans ce procès »

Le déroulement du procès des événements du 28 septembre 2009 n’est pas à l’avantage du colonel Moussa Tiegboro Camara, l’un des accusés dans cette affaire. En effet, toutes les victimes qui se succèdent à la barre font des témoignages accablants pour l’ancien responsable du service anti-drogue.

Et cette situation agace maître Abdoulaye Keïta, un des avocats de l’officier de la gendarmerie. Lors de l’audience de ce lundi, 22 mai 2023, l’avocat a dénoncé une cabale orchestrée contre son client dans le but de lui faire porter le chapeau de quelque chose dont il n’est pas responsable.

« Je vous ai toujours dit qu’il y a des parties civiles bien préparées qui viennent à l’audience pour dire du n’importe quoi. A l’introduction, il (Oumar Diallo, qui était à la barre) parle du nom du colonel Tiegboro, alors que nulle part dans les PV, on parle du nom du colonel Tiégboro. S’il n’a pas été préparé, comment il peut parler le nom du colonel Tiegboro ici ? C’est Oumar seul qui a dit à barre que le colonel Tiégboro est monté dans le Mamba (véhicule de la police) pour se promener. Personne n’a donné cette déclaration si ce n’est pas Oumar.

Donc, on a compris qu’il y a du montage. On a compris qu’il a été bien préparé avant de venir à la barre. C’est un montage planifié. Celui qui vient, on lui dit de dire le nom du colonel Tiégboro. C’est pourquoi, j’ai dit que le slogan, c’est de dire le nom du colonel Tiegboro. Celui qui ne dit pas le nom du colonel Tiegboro ici, peut-être que lui n’a pas été au stade. C’est l’instruction là qu’ils ont reçu. Dès que tu viens, il faut dire le nom du colonel Tiégboro, même si ça n’existe pas dans les PV. Ce sont des montages mais ça ne marchera pas », a t-il déclaré.

Mais cette version ne passe pas chez les avocats de la partie civile. Pour maître Alpha Amadou DS Bah, l’un des conseils des victimes, toutes les déclarations faites à la barre sont bien fondées.

« Les déclarations des parties civiles constituent des preuves, l’appréciation revient au tribunal. Donc, ce n’est pas parce qu’on n’a pas fourni de photos ou de vidéos que cela peut détruire les témoignages des victimes. Dès lors que les témoignages sont concordants, et c’est le cas, la plupart des victimes qui ont défilé à la barre confirment effectivement l’implication du colonel Tiegboro et compagnie, Je crois que cela est largement suffisant aujourd’hui pour amener le tribunal à une condamnation certaine. 

En ce qui nous concerne, les récits des victimes sont cohérents, et cela démontre à suffisance que le colonel Tiegboro est impliqué (…). Ça nous renforce dans notre démarche de poursuivre à démontrer à travers ces témoignages que les massacres du 28 septembre ont été planifiés et exécutés par des personnes comme le colonel Tiegboro. Les faits se sont produits en pleine journée et tout le monde sait le rôle qu’a joué le colonel Tiegboro.

 Si des témoignages l’accablent, ce n’est pas la faute aux parties civiles. Je pense qu’à un moment donné, il a effectivement donné des instructions et ses instructions-là ont abouti à l’assassinat, à l’enlèvement des corps. Tous ces faits incombent en grande partie au colonel Tiegboro. Il ne peut pas nier l’évidence. On parlera du colonel Tiegboro aussi longtemps que les victimes défileront à cette barre », a rétorqué maître Alpha Amadou DS Bah, un des avocat de la partie civile.

Pour sa défense, Oumar Diallo, la partie civile qui était à la barre a expliqué qu’au moment de sa déposition sur PV, personne n’osait parler du nom du colonel Tiegboro Camara (qui était encore aux affaires) au risque d’être recherché et se retrouver dans des ennuis ennuis sécuritaires. C’est la raison pour laquelle, dit-il, que certaines choses n’ont été dites que devant ce tribunal.

Diop Ramatoulaye 

666-75-16-10 

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