L’audience a repris ce mercredi matin au TPI de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry dans l’affaire portant sur les événements du 28 septembre 2009. Ce matin, c’est dame Fadima Barry, médecin qui est à la barre.
Originaire de Dinguiraye, dame Fadima Barry, la soixantaine, femme leader membre des forces vives de 2009, a expliqué sa mésaventure.
« Arrivée au stade, nous nous sommes assis en deuxième ligne après les leaders politiques. Pendant que les discours commençaient, j’ai aperçu une fumée. J’ai vu des gens armés de mitraillettes qui tiraient. Ils ont commencé à tirer. Je ne sais par quelle magie j’ai été propulsée par derrière. Au moment où je me relevais, la foule était prise de panique. On a tenté de sortir vers la tribune à droite, on s’est rendu compte que toutes les issues étaient bloquées. J’ai entendu une voix dire « tuez-les tous, ne les laissez pas sortir ».
J’ai vu des jeunes qui tentaient de sauter la cour. J’ai rencontré un jeune qui était cagoulé qui rechargeait son arme. J’ai dis mon garçon tu vas me tuer? Il m’a dit « fou le camp je ne suis pas ton enfant ». J’arrive en bas je vois des hommes armés qui rechargeaient leurs fusils.
J’ai senti une main qui me tenait la main gauche. Nous sommes partis vers l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. À chaque fois qu’on voulait se cacher quelque part, il y avait des gens armés. Il y a un homme qui m’a terrassé, je suis tombée. Les agents habillés en tenue militaire m’ont rouillé de coups sur le dos. Ils ont utilisé leurs gourdins, leurs armes pour me taper.
Je me réveille, j’entends un coup de feu. Et là, il s’est passé quelque chose. Il y avait des pick-ups à côté. Il y avait une fille armée qui était là dans le pick-up. Elle m’a dit: « tu as eu la chance. Si tu partais vers l’autre côté, tu allais être violée, c’est leurs objets qu’ils allaient introduire en toi ». En plus des blessures, j’ai reçu une balle blanche qui n’a pas été extraite encore » a expliqué dame Fadima Barry.
Et de poursuivre: « Pour faire monter les gens, deux personnes prennent les mains, deux autres prennent les pieds, on vous draine, on vous balance à hauteur et vous tombez dans les pick-ups. Je suis restée la tête coincée à la carrosserie. Il ya un mec qui a attéri sur moi. Je ne respirais plus. Le véhicule a bougé, on nous a conduit à la CMIS de camayenne. J’étais complètement raide, je ne pouvais pas me mouvoir. Et les gens qui nous ont envoyé là-bas étaient pressés qu’on débarque. On m’a poussé violemment, je suis tombée dans les bras de quelqu’un. On nous a dit de marcher en rang en mettant les mains sur la tête. Je ne pensais jamais que cela pourrait m’arriver. On m’aide à m’asseoir dans une grande salle. Il y avait sept filles (violées) dedans. On est restée là un moment et on nous a demandé de sortir dans la cour.
Entre temps, le commandant est venu demander des explications et il a instruit qu’on libère les femmes et qu’on mette les hommes en prison. Après un monsieur de teint clair est venu, c’était le commandant adjoint de la CMIS. Il s’est opposé à notre libération.
Mais comme le commandant avait déjà donné l’ordre, c’est ainsi qu’on m’a mise dans une concession voisine. Je voulais me rendre à Donka mais on m’a dit que ce n’était pas la peine parce qu’on est entrain de rechercher les blessés. Donc je n’ai pu avoir accès aux soins avant le lendemain. Et c’est le lendemain qu’on m’a envoyé à la clinique Pasteur.
Après les évènements, je ne pouvais plus rester chez moi. Je passais la nuit chez une copine », a longuement expliqué dame Fadima Barry, une des partie civile au procès du 28 septembre.
Selon elle, jusqu’à présent elle poursuit ses traitements entre Conakry et Dakar. Elle demande donc une assistance juridique et financière pour les victimes afin de leur permettre de poursuivre leurs traitements.
Diop Ramatoulaye
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