Contrairement à d’autres intellectuels guinéens, le Professeur Alpha Amadou Bano Barry salue le débat d’orientation constitutionnelle qui se déroule depuis quelques jours devant le conseil national de la transition (CNT). L’Enseignant Chercheur estime que cette démarche du CNT va permettre, sans doute, à chaque Guinéen de se reconnaître dans la future loi fondamentale. Il l’a fait savoir dans un entretien accordé à Fim FM le 01 juin 2023.
«Il y a eu une première rencontre qui réunissait essentiellement des experts de très haut niveau. Il y a cette rencontre aujourd’hui, depuis quelques jours où les gens viennent faire des propositions. Les gens n’ont pas besoin de justifier leurs propositions. Chacun fait sa proposition. Peut-être qu’il doit y avoir une troisième phase qui sera plus structurée et probablement qui permettre d’entrer dans le détail de la rédaction de la constitution elle-même.
Je sais que les Guinéens sont très dubitatifs. Parfois ils veulent des bonnes choses et rapidement. Pour ma part quand je regarde ce qui se passe actuellement au débat constitutionnelle, je dis c’est la parole qu’on libère et on donne à des entités qui n’ont pas l’habitude de prendre la parole sur un sujet important.
Dans l’histoire des constitutions, la Guinée depuis 1958, les constitutions ont toujours été rédigées entre les quatre murs par des spécialistes ; jamais la population n’a été associée ou les corps constitués associés de cette façon (la démarche en cours au CNT: ndlr). Il faut donc se féliciter de la possibilité offerte et de la liberté accordée aux uns et aux autres de dire ce qu’ils veulent et en même temps proposer qu’il y ait une troisième phase qui soit plus structurée, plus constructive et qui permette d’aller de l’avant dans l’écriture de la nouvelle constitution», s’est réjoui le Sociologue avant d’indiquer ce qu’il faut, selon lui, pour que ça marche bien.
«D’abord, il faut faire une synthèse de toutes les communications pour déterminer les axes sur lesquels les gens sont d’accord, les axes de contradiction majeure et les axes spécifiques.
Quand vous écoutez naturellement, les personnes âgées quand elles sont venues, elles ont parlé des personnes âgées. C’est normal, si les femmes viennent, elles vont parler de la problématique des femmes. Les magistrats sont venus, ils ont parlé des problèmes propres à leur corporation. Mais il faut ce travail-là qui est un travail d’écriture, de synthèse de l’ensemble de communications qui ont été faites. Ce travail va permettre à une autre équipe de pouvoir maintenant se réunir avec des gens qui connaissent la chose et qui sont capables de transformer les idées qui ont exprimées là où se dégage une tendance majoritaire. C’est une orientation qu’il ne faut pas écarter ou mettre de côté. Voilà grosso modo ce qui est possible de faire», a indiqué l’ancien ministre d’Alpha Condé.
A rappeler qu’a sa prise du pouvoir en septembre 2021, le chef de la junte, le colonel Mamadi Doumbouya a promis aux Guinéens qu’ils vont écrire ensemble, une nouvelle constitution qui va résister au temps et à la tentation des hommes.
GS
