Joie, tristesse et détermination. Ce sont les sentiments exprimés par Oumar Sylla dit Foniké Menguè à l’issue de leur procès, lui et ses compagnons, Ibrahima Diallo et Saïkou Yaya Barry. Joie d’avoir remporté cette bataille judiciaire, tristesse d’avoir passé injustement dix mois en prison, et détermination de poursuivre le combat pour lequel ils ont été arrêtés, détenus et jugés.
« C’est une grande victoire. La victoire de la démocratie sur la dictature, la victoire de la vérité sur le mensonge. Nous saluons le courage que ce jeune juge a eu dans ce verdict en nous libérant. C’est un sacré courage qu’il faut saluer. Encore une fois, vous avez compris que les 10 mois que nous avons fait en prison c’était sur du faux. Nous étions simplement des otages du CNRD puisque nous avons demandé un dialogue sérieux autour de notre transition.
Comme ils ne veulent pas donner ce dialogue, alors ils ont décidé de nous kidnapper et de nous foutre en prison dix mois durant. Mais ce n’est pas la prison qui va nous faire reculer dans le combat que nous menons. La prison ne peut pas être un obstacle à notre combat. Ce qui est sûr et ce qui est très important, nous continuons le combat. Et ce combat, ce n’est pas contre un individu, ce n’est pas également pour un individu, c’est pour tout le peuple de Guinée.
Le combat pour la démocratie, pour la liberté, pour la justice. Ce combat nous le continuons, nous le continuons avec l’ensemble des militants pro démocratie de Guinée. Ensemble nous allons triompher puisque que c’est un combat de principe démocratique, un combat de responsabilité que nous sommes en train de mener », a déclaré le coordinateur national du FNDC, ajoutant qu’ils n’ont pas peur d’affronter les militaires au pouvoir.
« On n’a jamais eu peur des militaires. Si on n’a pas eu peur au moment où des forces spéciales étaient là pour favoriser le troisième mandat de M. Alpha Condé, ce n’est pas aujourd’hui qu’on va avoir peur. Le fait qu’il (le Colonel Mamadi Doumbouya) soit au pouvoir ne nous fait pas peur. Ce qu’on veut qu’il sache est que nous sommes dans une transition, ce n’est pas un mandat, il n’a pas reçu un mandat venant du peuple de Guinée.
La transition demande le consensus, ça demande le dialogue, c’est ce que nous lui demandons : de faire en sorte qu’il y ait un seul dialogue, ce véritable dialogue autour de la transition afin que les Forces vives d’une part et le CNRD d’autre part s’asseyent, discutent autour de la conduite de la transition », a laissé entendre Oumar Sylla alias Foniké Menguè.
Interpellés fin juillet 2022, Oumar Sylla dit Foniké Menguè, Ibrahima Diallo et Saïkou Yaya Barry étaient poursuivis pour des faits de « participation délictueuse à un attroupement, complicité de destruction d’édifices privés et publics et coups et blessures volontaires ». Le ministère public et la partie civile estimaient qu’ils étaient responsables des dégâts enregistrés lors de la manifestation du 28 juillet 2022 appelée par le FNDC et le lendemain, à Conakry.
Saïkou Yaya Barry a bénéficié d’une ordonnance de mise en liberté et a été évacué à l’étranger pour des soins, tandis que le coordinateur national et le coordinateur des opérations du FNDC ont passé neuf mois en détention préventive à la Maison centrale de Conakry, avant d’être libérés le 10 mai 2023 après des négociations menées par les leaders religieux. Ce sont les trois qui ont été jugés, mais seulement les deux activistes de la société civile ont comparu à ce procès, qui s’est tenu au palais de justice de Conakry.
Le ministère public avait requis deux ans d’emprisonnement assorti de sursis et deux millions (2 000 000) de francs guinéens d’amende contre les trois prévenus. De son côté, la partie civile avait demandé la condamnation des prévenus au paiement de vingt milliards (20 000 000 000) de francs guinéens pour la réparation des dommages causés à l’Etat guinéens lors des violences des 28 et 29 juillet 2022. Mais le juge les a finalement déclarés non coupables et les a renvoyés des fins de la poursuite pour délits non constitués.
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